lundi 6 décembre 2010

L'Histoire sans Fin - Michael Ende


Bastien Balthasar Bux a douze ans. Petit, gros, pas très courageux, élève médiocre et enfant solitaire, il trouve refuge dans les livres et dans les histoires qu'il s'invente. Un jour, il se réfugie dans une librairie et dérobe là L'Histoire Sans Fin. Caché dans le grenier de son école, il se met à lire le livre, suivant les aventure du jeune Atréju, à la recherche d'un remède pour la Petite Impératrice du Pays Fantastique, qui dépérit avec sa souveraine. Captivé par l'Histoire, Bastien finit par passer peu à peu de l'autre côté des pages...

Etant une grande amoureuse du film de Wolfgang Petersen qui a bercé mon enfance, je ne pouvais pas passer à côté du classique de la fantasy qui l'a inspiré. Dans l'ensemble, le bilan est plutôt positif, voire très positif. Le livre s'articule en deux parties aux enjeux radicalement différents. Dans la première, l'auteur nous raconte l'histoire de la quête d'Atréju que lit Bastien caché dans le grenier de son école. Cette première partie nous propose plus ou moins une lecture à deux niveaux: celle de l'Histoire sans fin proprement dite, la quête d'Atréju comme une aventure à part entière et indépendante, mais aussi comme une mise en abyme de l'acte de lecture, si l'on considère l'aventure d'Atréju selon le point de vue de Bastien. Les reports fréquents à la situation de Bastien, identifiés typographiquement par les caractères gras, nous font constamment osciller entre ces deux niveaux de lecture qui finissent par se confondre au fur et à mesure que l'histoire progresse, et que Bastien franchit peu à peu la frontière entre lui et le Pays Fantastique.

J'ai trouvé plus difficile d'entrer dans la seconde partie de l'histoire, les aventures de Bastien dans le Pays Fantastique, dans la mesure où on ne sait pas trop par quel côté la prendre au début. Le héros ne semble pas rencontrer les obstacles qui caractérisent un voyage initiatique: tous ses voeux sont exaucés, il réussit tout ce qu'il entreprend et la contrepartie semble tout d'abord très légère. On a un peu l'impression que l'histoire commence par la fin, puis qu'il obtient dès le départ ce que l'on s'attendrait à le voir acquérir au prix d'une quête plus ou moins ardue. Le tout se complexifie heureusement par la suite, et l'intérêt est bien présent, mais j'ai tout de même été un peu freinée par le fait que le personnage de Bastien devienne de plus en plus antipathique. Peu à peu il devient hautain, orgueilleux et sa position le conforte dans une autosatisfaction aveugle qui ne sert pas les desseins les plus nobles.

Néanmoins, le livre dans son ensemble est passionnant, à peu près du début à la fin (je passe le bémol du début de la deuxième partie, puisqu'elle prend son sens avec la suite du texte.) Au final, l'Histoire sans Fin, est bien sans fin, non seulement sur le plan temporel (puisque Bastien n'est ni le premier ni le dernier Sauveur du Pays Fantastique) mais aussi de façon plus transversale. Il est impossible de ne pas remarquer la récurrence de la phrase « Ceci est une autre histoire qui sera contée une autre fois », comme si l'Histoire qui nous était racontée n'en était qu'une parmi d'autres, formant des ramifications multiples qui ouvriraient la porte à une pléthore d'autres récits merveilleux.

Détail amusant: tous les chapitres commencent par chacune des lettres de l'alphabet dans l'ordre (j'avoue que je n'y avais pas prêté attention au début, ça ne m'a frappé qu'à partir de la lettre W XD). Ensuite, j'ai tiqué à certains passages en croyant reconnaître des références à certains classiques littéraires (je pense avoir deviné à qui renvoyait Schexpir XD. Sinon, parmi ce dont je ne suis pas certaine, mais qui me semble assez troublant pour le noter... la montagne du Destin, et le pays de Morgul?... ça peut n'être qu'une coïncidence, bien sûr ^^). J'avais noté quelques autres petites choses mais je ne les ai plus en tête. ^^''

Enfin, petite partie bonus pour la comparaison avec le film (les films en fait, puisque contre toute attente, je n'ai pas trouvé le deuxième si mal fait que ça.). Dans l'ensemble on retrouve bien dans le film de Petersen les enjeux de la première partie, malgré quelques libertés prises sur quelques points (pas les plus décisifs heureusement.) Le deuxième film s'inspire assez librement de la seconde partie, finalement, on y retrouve Xayide et le château de la Main Voyante, les soldats noirs, la cité d'Argent, mais si je me souviens bien, on a atténué le côté autodestructeur de Bastien (dans la mesure où c'est plutôt Xayide qui le manipule. Ici, on voit bien que Bastien est le seul artisan de sa propre perte, même si Xayide y est pour quelque chose.). Bref, pas de déception d'un côté ou de l'autre. Le livre développe quand même une multitude d'autres aspects non négligeables, mais niveau adaptation, je trouve qu'on s'en sort plutôt bien ^^.

2 commentaires:





  1. Super critique qui décrit très bien le livre et ses enjeux. J'avoue que je n'avais pas fait attention pour la Montagne du Destin, honte sur moi :S





    La première partie reste ma préférée car même si l'attitude de Bastien est voulue par l'auteur dans la 2ème partie du livre, je préfère garder l'image du petit garçon innocent avec son livre dans

    le grenier :)






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  2. Woui, pareil pour moi. Surtout en ayant grandi avec le film, on a du mal à se détacher de la vision de l'histoire qu'on a déjà. Pis bon... dans la deuxième partie, Bastien est pénible, faut bien

    le dire XD.






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