"Tenez, continua Hercule Poirot en s'emparant d'un volume: Le Mystère de la Chambre Jaune. Un véritable classique qui me satisfait entièrement. Avec quelle logique c'est mené... Tout au long de l'intrigue la vérité est là, sous-jacente, enrobée de mots pertinents. Tenez, quand les trois hommes se rencontrent à la jonction des trois couloirs, on devrait avoir tout compris. Un véritable chef d'oeuvre..."
Agatha Christie, Les Pendules.
Ayant revu il y a peu l'adaptation du Mystère de la Chambre Jaune de Bruno Podalydès, et étant depuis retombée dans l'idolâtrie quasi-obsessionnelle de Leroux (que j'ai découvert au lycée, encore une fois juste après avoir vu cette même adaptation) j'ai décidé arbitrairement et malgré ma PAL monstrueuse, de relire les aventures de mon deuxième reporter préféré, après Tintin (mettons premier ex-aequo, je les aime trop tous les deux pour placer l'un devant l'autre XD) j'ai nommé, Joseph Rouletabille!
25 octobre 1892. Un crime vient d'être commis au château du Glandier. Durant la nuit, on a tenté d'assassiner mademoiselle Mathilde Stangerson, fille du célèbre professeur Stangerson, alors qu'elle dormait dans la chambre voisine du laboratoire où se trouvait son père. Des cris, des coups de feu, la porte est enfoncée, mademoiselle Stangerson, blessée, gît à terre... seule. Porte verrouillée, volets clos, la Chambre Jaune était fermée comme un coffre fort, et personne ne parvient à s'expliquer la fuite de l'assassin qui a pourtant laissé des marques très nettes de son passage.
Le mystère intrigue fort le jeune Joseph Rouletabille, dix-huit ans, reporter au journal l'Epoque, qui se rend immédiatement avec son ami Sainclair au Glandier. De son côté, la Sûreté a dépêché sur place son plus fin limier, l'inspecteur Frédéric Larsan, bien décidé lui aussi à résoudre le mystère de la Chambre Jaune.
Le mystère intrigue fort le jeune Joseph Rouletabille, dix-huit ans, reporter au journal l'Epoque, qui se rend immédiatement avec son ami Sainclair au Glandier. De son côté, la Sûreté a dépêché sur place son plus fin limier, l'inspecteur Frédéric Larsan, bien décidé lui aussi à résoudre le mystère de la Chambre Jaune.
J'avoue que je lis assez peu de romans policiers généralement, mais je suis quasiment sûre de ne pouvoir en trouver aucun qui soit écrit avec une telle maestria. Du début à la fin, le mystère semble insoluble, et il vient s'y ajouter des évènements incompréhensibles qui épaississent encore les ténèbres qui entourent l'affaire du Glandier. Et pourtant, on est tenu en haleine, jusqu'à la dernière page, on se réjouit presque, comme le juge d'instruction dramaturge, de voir encore le mystère s'épaissir, traquant l'indice, les preuves, le coupable, tâchant sans y parvenir de suivre la logique redoutable du jeune reporter. Tout cela tandis que Leroux nous fait tourner en bourrique, nous donne sans en avoir l'air, tous les indices nous permettant de résoudre le mystère, semant çà et là des phrases en italiques qui, on le devine, doivent révéler des informations cruciales... que l'on est bien en peine de comprendre.
Sainclair, en chroniqueur fidèle, nous rapporte ici a posteriori, avec toute l'objectivité qu'il peut déployer, les évènements relatifs au mystère, passant parfois la parole à d'autres pour la narration des épisodes qu'il ne peut nous raconter de première main. Il cède ainsi parfois la plume à monsieur Maleine, greffier du juge d'instruction, ou encore à Rouletabille lui-même, prétextant un rassemblement de documents édifiants et se refusant, selon ses propres dires, à faire œuvre de romancier. Leroux fait ainsi se côtoyer plusieurs voix différentes, celle de Sainclair tendant à la neutralité sans toujours l'atteindre. La narration du greffier monsieur Maleine, qui ne voit dans Rouletabille qu'une jeune tête à claques est particulièrement savoureuse, de mon point de vue. Quant à Rouletabille, on pourrait presque voir tourner les rouages sous les bosses de son front tandis qu'il relate d'une plume enfiévrée l'épisode incroyable et encore chaud auquel il vient d'assister. J'aime particulièrement ces passages de relais qui nous donnent réellement l'impression d'une compilation de documents, et nous plongent encore plus profondément dans l'énigme du Glandier.
Une énigme tellement bien menée qu'en ayant tout ce qu'il nous faut sous le nez, on s'exclame encore devant les explications que nous donne Rouletabille, tellement simples qu'on se donnerait des gifles de ne pas y avoir pensé plus tôt. Même en ayant lu ce livre plus d'une fois, je découvre encore des détails qui m'avaient échappé, et qui montrent à quel point Leroux sait égrener ses miettes de pain sur les pistes qui pourraient nous mener à la vérité. Et pourtant il y a toujours dans le livre une pointe d'humour qui se mêle au drame, des mystères plus ou moins importants qui s'ajoutent, à commencer par le comportement et les paroles parfois énigmatique de Rouletabille, et qui font que l'on est tellement occupé à tourner les pages que l'on néglige malgré soi les clins d'oeil discrets que peut nous faire l'auteur. Clairement, on ne lit vraiment le Mystère de la Chambre Jaune que dès le moment où on le relit, la solution en tête, en cherchant à repérer toutes les subtilités qui y ont été glissées.
Bref, je suis une véritable accro de ce livre, et ce n'est certainement pas la dernière fois que je le relis. Les personnages sont en outre très attachants, Rouletabille est un jeune homme enjoué, qui pourrait passer pour une tête à claques si son orgueil naïf n'était pas rafraîchi par toute sa candeur juvénile, et son apparition au tribunal ne peut que nous faire rire. Frédéric Larsan passe également pour un génie, et l'on ne peut s'empêcher quand même de s'attacher de loin au limier que Rouletabille concurrence avec tant d'assurance. Enfin, Robert Darzac est un personnage que je trouve très touchant. Sans compter bien sûr le narrateur, Sainclair qui tout en ne voyant pas plus loin que le bout de son nez nous parle de Rouletabille avec beaucoup de tendresse et d'humour. Humour qui est très bien rendu dans l'adaptation de Podalydès qui, si elle a pris quelques libertés par rapport à l'oeuvre originale, ne trahit cependant pas l'esprit de l'oeuvre de Leroux
Un petit extrait pour conclure cette (longue ^^'') chronique:
Sainclair, en chroniqueur fidèle, nous rapporte ici a posteriori, avec toute l'objectivité qu'il peut déployer, les évènements relatifs au mystère, passant parfois la parole à d'autres pour la narration des épisodes qu'il ne peut nous raconter de première main. Il cède ainsi parfois la plume à monsieur Maleine, greffier du juge d'instruction, ou encore à Rouletabille lui-même, prétextant un rassemblement de documents édifiants et se refusant, selon ses propres dires, à faire œuvre de romancier. Leroux fait ainsi se côtoyer plusieurs voix différentes, celle de Sainclair tendant à la neutralité sans toujours l'atteindre. La narration du greffier monsieur Maleine, qui ne voit dans Rouletabille qu'une jeune tête à claques est particulièrement savoureuse, de mon point de vue. Quant à Rouletabille, on pourrait presque voir tourner les rouages sous les bosses de son front tandis qu'il relate d'une plume enfiévrée l'épisode incroyable et encore chaud auquel il vient d'assister. J'aime particulièrement ces passages de relais qui nous donnent réellement l'impression d'une compilation de documents, et nous plongent encore plus profondément dans l'énigme du Glandier.
Une énigme tellement bien menée qu'en ayant tout ce qu'il nous faut sous le nez, on s'exclame encore devant les explications que nous donne Rouletabille, tellement simples qu'on se donnerait des gifles de ne pas y avoir pensé plus tôt. Même en ayant lu ce livre plus d'une fois, je découvre encore des détails qui m'avaient échappé, et qui montrent à quel point Leroux sait égrener ses miettes de pain sur les pistes qui pourraient nous mener à la vérité. Et pourtant il y a toujours dans le livre une pointe d'humour qui se mêle au drame, des mystères plus ou moins importants qui s'ajoutent, à commencer par le comportement et les paroles parfois énigmatique de Rouletabille, et qui font que l'on est tellement occupé à tourner les pages que l'on néglige malgré soi les clins d'oeil discrets que peut nous faire l'auteur. Clairement, on ne lit vraiment le Mystère de la Chambre Jaune que dès le moment où on le relit, la solution en tête, en cherchant à repérer toutes les subtilités qui y ont été glissées.
Bref, je suis une véritable accro de ce livre, et ce n'est certainement pas la dernière fois que je le relis. Les personnages sont en outre très attachants, Rouletabille est un jeune homme enjoué, qui pourrait passer pour une tête à claques si son orgueil naïf n'était pas rafraîchi par toute sa candeur juvénile, et son apparition au tribunal ne peut que nous faire rire. Frédéric Larsan passe également pour un génie, et l'on ne peut s'empêcher quand même de s'attacher de loin au limier que Rouletabille concurrence avec tant d'assurance. Enfin, Robert Darzac est un personnage que je trouve très touchant. Sans compter bien sûr le narrateur, Sainclair qui tout en ne voyant pas plus loin que le bout de son nez nous parle de Rouletabille avec beaucoup de tendresse et d'humour. Humour qui est très bien rendu dans l'adaptation de Podalydès qui, si elle a pris quelques libertés par rapport à l'oeuvre originale, ne trahit cependant pas l'esprit de l'oeuvre de Leroux
Un petit extrait pour conclure cette (longue ^^'') chronique:
"La pensée de cet enfant était une des choses les plus curieuses que j'avais jamais eu à observer. Rouletabille se promenait dans la vie avec cette pensée sans se douter de l'étonnement -disons le mot- de l'ahurissement qu'il rencontrait sur son chemin. […] De même un individu qui ne se doute point de sa mise excentrique est-il tout à fait à son aise, quel que soit le milieu qu'il traverse. C'est donc avec une simplicité naturelle que cet enfant, irresponsable de son cerveau super-naturel, exprimait des choses formidables par leur logique raccourcie, tellement raccourcie que nous n'en pouvions, nous autres, comprendre la forme qu'autant qu'à nos yeux émerveillés, il voulait bien la détendre et la présenter de face, dans sa position normale."
RépondreSupprimerBonsoir Tsukineko, meilleurs voeux !
J'ai bien aimé ce classique (peut-être pas autant que toi mais quand même !!!). A ce titre, je me permets d'ajouter un lien vers ton article dans celui que j'avais rédigé au moment de ma lecture.
J'espère que tu viendras voir cela sur mon blog pour me dire, le cas échéant, ce que tu en penses.
Bonne soirée et à bientôt, peut-être.
Amicalement,
RépondreSupprimerJ'oubliais : j'adore ta bannière !!!
RépondreSupprimerMe voilà flattée =^^=. Wi je suis très enthousiaste sur ce livre, mais j'ai beaucoup de mal à être objective, cela avait été un véritable coup de coeur dès la première lecture (et c'en est
toujours un ^^)
RépondreSupprimerMerciii! Je précise que c'est l'oeuvre d'Aiwë (je ne me permettrais pas de m'attribuer son mérite =p)
Aiwê : J'espère bien :p
RépondreSupprimerHabituellement j'ai un peu de mal avec les policiers de cette "époque" mais celui-ci est vraiment bien passé :)
RépondreSupprimerContente qu'il t'ait plu ^^! Gaston Leroux est vraiment un de mes auteurs préférés, et je suis tombée immédiatement sous le charme du personnage de Rouletabille! Ses autres enquêtes sont
également passionnantes !