Et voilà, deux épisodes des aventures de Rouletabille en un, puisque Rouletabille à la guerre est en fait divisé en deux romans: Le Château Noir et Les étranges Noces de Rouletabille, donc j'ai préféré faire une chronique groupée pour les deux.
Le Château Noir
1912, à quelques jours de la première guerre balkanique. Rouletabille est en Bulgarie, comme correspondant de guerre de l'Epoque, avec ses deux secrétaires, Vladimir et La Candeur, et son domestique, Modeste. Seulement ce qui l'attire en Bulgarie est moins l'amour du reportage que celui qu'il éprouve pour la nièce du général Vilitchkov, Ivana, dont la famille a été assassinée alors qu'elle était enfant par l'abominable pomak Gaulow. Or, horreur, alors que Rouletabille se trouve chez le général Vilitchkov, le drame se répète. Cette fois, Gaulow emporte un coffret byzantin contenant les plans de la mobilisation bulgare...et Ivana. Il n'en faut pas plus à Rouletabille pour se lancer à l'assaut du Château Noir de Gaulow, afin récupérer les plans et sa belle.
Incontestablement, je crois que c'est mon épisode préféré des aventures de Rouletabille. Il a moins un parfum de mystère que d'aventure et on y rencontre des personnages qui vont devenir récurrents et qui constituent autour de Rouletabille un véritable petit noyau d'amis sûrs. C'est dans le Château Noir que l'on rencontre Vladimir, l'élégante fripouille et La Candeur, le bon géant, véritable duo comique qui apporte une bonne dose d'humour à l'ensemble du roman (d'ailleurs je suis complètement toquée de Vladimir XD). Ivana également est une forte personnalité qui se détache nettement tout au long du roman. Elle représente un mélange intéressant de patriotisme forcené, d'amour passionné, de civilisation et de sauvagerie. Quand à notre petit Zo amoureux, c'est évidemment un spectacle qui vaut le détour ^^.
Les adversaire de nos héros nous font également réagir à leur manière: Gaulow, le beau Gaulow nous semble répugnant par sa barbarie et sa cruauté et pourtant en même temps dangereusement séduisant à sa manière. Parmi les occupants de la Karakoulé, je tiens surtout à signaler ce cher monsieur Priski qui, malgré une bassesse d'esprit impardonnable est malgré tout incroyablement drôle (ajouté à Vladimir et La Candeur, c'est assez savoureux, je trouve XD).
Encore une fois, les traits du décor son très forcés, mais parfaitement assumés. Sur fond de réalité historique, que l'on peut cette fois ci situer très précisément (j'ai étudié l'année dernière l'empire ottoman au XIXe et XX et siècle, et j'ai été contente de reconnaître des éléments comme les Jeunes Turcs ou le Comité Union et Progrès, la chute d'Abdul Hamid ou les opérations de la première guerre balkanique.) Leroux, dans le microcosme constitué par la Karakoulé nous dépeint un Orient digne des Mille et Unes Nuits, à la fois barbare, cruel mais aussi riche et sensuel, ou les sentiments pour être vrais ne peuvent être que passionnés.
Et une fois de plus, il y a tellement d'extraits que j'aime dans ce livre que j'ai eu du mal à choisir... mais en voilà un tout de même ^^.
Les adversaire de nos héros nous font également réagir à leur manière: Gaulow, le beau Gaulow nous semble répugnant par sa barbarie et sa cruauté et pourtant en même temps dangereusement séduisant à sa manière. Parmi les occupants de la Karakoulé, je tiens surtout à signaler ce cher monsieur Priski qui, malgré une bassesse d'esprit impardonnable est malgré tout incroyablement drôle (ajouté à Vladimir et La Candeur, c'est assez savoureux, je trouve XD).
Encore une fois, les traits du décor son très forcés, mais parfaitement assumés. Sur fond de réalité historique, que l'on peut cette fois ci situer très précisément (j'ai étudié l'année dernière l'empire ottoman au XIXe et XX et siècle, et j'ai été contente de reconnaître des éléments comme les Jeunes Turcs ou le Comité Union et Progrès, la chute d'Abdul Hamid ou les opérations de la première guerre balkanique.) Leroux, dans le microcosme constitué par la Karakoulé nous dépeint un Orient digne des Mille et Unes Nuits, à la fois barbare, cruel mais aussi riche et sensuel, ou les sentiments pour être vrais ne peuvent être que passionnés.
Et une fois de plus, il y a tellement d'extraits que j'aime dans ce livre que j'ai eu du mal à choisir... mais en voilà un tout de même ^^.
« Et les audacieux sentirent aussitôt aussitôt sur leurs nuque les coups de poings de l'ouragan qui plongeait dans la neige, la fouillait, et la dispersait!Les chevaux baissaient la tête et s'ébrouaient. D'immenses tourbillons entouraient la caravane. La Candeur se lamenta lugubrement. Vladimir éclata d'un rire insensé et insultant pour Dieu ou le Diable qui avait pris soin de cette infernale tourmente. Le temps et l'espace semblaient avoir cessé d'exister .Nos voyageurs avancent-ils? Restent-ils en place? Fait-il nuit? Fait-il jour?...Et cette ombre formidable, là-bas, apparue tout à coup avec ses créneaux, ses mâchicoulis, ses échauguettes, son donjon et ses tours... cette ombre terrible accourt-elle vers eux ou glissent-ils vers elle? Non! Non! ceci n'est pas un rêve, un cauchemar, ceci n'a rien d'une hallucination...ceci existe...Le "Château Noir" est bien accroupi sur ce roc d'enfer, suspendu comme une menace au-dessus de cet abîme...Le Château Noir existe. Il a une place sur la terre et sur la carte et cependant il est plus terrible à voir que les horribles châteaux dessinés par la folie ou par le génie de l'homme ou par l'imagination extravagante et maladive des poètes! »
les étranges Noces de Rouletabille
« On n'a jamais vu chez Joseph Rouletabille une fureur pareille! Eh! en vérité, elle est bien excusable chez un jeune homme qui est connu dans le monde entier pour avoir pénétré les plus obscurs mystères, pour avoir démêlé les intrigues criminelles les plus compliquées, et qui se retrouve tout à coup et pour la première fois de sa vie, devant le mystère du coeur féminin auquel il ne comprend rien du tout! Le "bon bout de sa raison" qui, jusqu'à ce jour, l'avait soutenu dans les pires épreuves en le conduisant irrésistiblement sur le chemin de la vérité, ne lui est plus bon à rien. C'est en vain qu'il l'a appelé à son secours...quelle défaite!"Le bon bout" de la raison l'a laissé en route; ni plus ni moins que s'il avait été le plus mauvais...Et la cause d'une pareille catastrophe?...Une femme! une simple jeune fille que Joseph Rouletabille aimait naguère de tout son coeur et qu'il prétend détester maintenant de toute son âme: Ivana Vilitchkov. »
/!\ Spoilers sur Le Château Noir!
Les étranges Noces de Rouletabille fait suite immédiate au Château Noir. Ayant survécu au siège de la Karakoulé, sauvés par l'arrivée des armées bulgares, Rouletabille et ses compagnons poursuivent Gaulow au milieu des massacres perpétrés par les turcs aussi bien que par les Bulgares. Rouletabille, devant le comportement énigmatique d'Ivana qui le dédaigne et semble vouloir repousser la mort de son pire ennemi, se trouve complètement désemparé. Inutile de compter, pour comprendre, sur l'aide de Vladimir ou de La Candeur, tous deux convaincus que Rouletabille a tort de s'attacher à Ivana. Tout en faisant du reportage, et en tâchant de survivre entre Bulgares et Turcs, Rouletabille tente de percer le secret qui lie Ivana et le terrible Gaulow et qui le sépare de celle qu'il l'aime.
Encore une fois on a plutôt affaire à de l'aventure ici qu'à du mystère, mais l'énigme, cette fois ci, est le comportement d'Ivana elle-même qui, après avoir manifesté à l'égard de Gaulow une haine sauvage semble à présent trembler pour sa vie, d'autant que Rouletabille sait bien que c'est elle qui l'a aidé à s'échapper de la Karakoulé. Le personnage d'Ivana reste naturellement très hermétique tout au long du roman, et Rouletabille est plus d'une fois sujet à des sautes d'humeur dont font le plus souvent les frais La Candeur et Vladimir (qui ne font rien non plus pour arranger les choses, il faut bien le dire XD)
L'ambiance générale est assez différente de celle du Château Noir dans la mesure où l'on est plongé cette fois-ci dans toute l'horreur de la guerre, sans aucune indulgence pour l'un ou l'autre camps. Tous commettent des atrocités qui indignent les reporters, et l'on a affaire à une barbarie bien plus crue que celle rencontrée dans le château Noir, parce que d'apparence moins romancée. D'autre part, le gouffre qui se creuse entre Ivana et Rouletabille imprègne tout le roman d'un sentiment d'injustice et de frustration. Heureusement l'ambiance est allégée encore une fois par les interventions de La Candeur et de Vladimir, toujours aussi drôles.
Une suite très honorable au Château Noir, même si je préfère tout de même cette première partie. La résolution du problème est encore une fois digne d'un Rouletabille et le mariage final d'Ivana et Rouletabille n'est pas sans faire écho au terrible mariage des Darzac dans le Parfum de la Dame en Noir. Un mariage compromis par un serment fait des années auparavant à un amant délaissé. Mariage qui est empêché par Larsan d'un côté, Athanase de l'autre, Larsan et Athanase que l'on croit mort, mais qui en fait font leur réapparition après le mariage, cherchant à arracher la mariée au bras de son époux... par des moyens différents bien sûr, et pas du tout dans les mêmes circonstances. Mais tout de même. Il y a une sorte de malédiction qui plane sur les mariages de la famille de Rouletabille quand on y regarde XD.
Et voilà, deux chroniques pour le prix d'une! Normal, c'est une chronique de Noël XD!
Merry Christmas!!
Encore une fois on a plutôt affaire à de l'aventure ici qu'à du mystère, mais l'énigme, cette fois ci, est le comportement d'Ivana elle-même qui, après avoir manifesté à l'égard de Gaulow une haine sauvage semble à présent trembler pour sa vie, d'autant que Rouletabille sait bien que c'est elle qui l'a aidé à s'échapper de la Karakoulé. Le personnage d'Ivana reste naturellement très hermétique tout au long du roman, et Rouletabille est plus d'une fois sujet à des sautes d'humeur dont font le plus souvent les frais La Candeur et Vladimir (qui ne font rien non plus pour arranger les choses, il faut bien le dire XD)
L'ambiance générale est assez différente de celle du Château Noir dans la mesure où l'on est plongé cette fois-ci dans toute l'horreur de la guerre, sans aucune indulgence pour l'un ou l'autre camps. Tous commettent des atrocités qui indignent les reporters, et l'on a affaire à une barbarie bien plus crue que celle rencontrée dans le château Noir, parce que d'apparence moins romancée. D'autre part, le gouffre qui se creuse entre Ivana et Rouletabille imprègne tout le roman d'un sentiment d'injustice et de frustration. Heureusement l'ambiance est allégée encore une fois par les interventions de La Candeur et de Vladimir, toujours aussi drôles.
Une suite très honorable au Château Noir, même si je préfère tout de même cette première partie. La résolution du problème est encore une fois digne d'un Rouletabille
Et voilà, deux chroniques pour le prix d'une! Normal, c'est une chronique de Noël XD!
Merry Christmas!!
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