Et si les êtres maléfiques des contes de notre enfance existaient réellement?
Sans doute ces créatures vampiriseraient-elles notre planètes. Elles seraient de tous les génocides, manipuleraient les plus grands dictateurs. Bref, tapies dans l'ombre d'Hitler ou sous le feu des projecteurs des plateaux télé, elles auraient dans leurs mains expertes le devenir de l'humanité.
Sinistre tableau!
Si de tels êtres vivaient, il serait à souhaiter que leur alter ego bienfaisant existe également. Qu'en ce début du XXIe siècle, ces personnages merveilleux s'éveillent et décident de se battre.
Et alors, qui sait de quel côté la balance pencherait...
Sans doute ces créatures vampiriseraient-elles notre planètes. Elles seraient de tous les génocides, manipuleraient les plus grands dictateurs. Bref, tapies dans l'ombre d'Hitler ou sous le feu des projecteurs des plateaux télé, elles auraient dans leurs mains expertes le devenir de l'humanité.
Sinistre tableau!
Si de tels êtres vivaient, il serait à souhaiter que leur alter ego bienfaisant existe également. Qu'en ce début du XXIe siècle, ces personnages merveilleux s'éveillent et décident de se battre.
Et alors, qui sait de quel côté la balance pencherait...
J'avais déjà lu, avant d'acheter le livre, les premières pages du roman sur le site de l'éditeur, et ma curiosité avait été immédiatement piquée par le concept original de réécriture de contes dans un univers moderne. Autre bon point, la couverture qui est quand même un petit bijou, il faut bien le dire, et je crois que même si je n'avais pas été séduite par les premières pages, j'aurais craqué simplement à cause de cela ^^. Il ne m'en fallait pas plus pour faire un tout-droit au Salon du Livre vers le stand de Mille Saisons, pour me faire dédicacer le roman par l'auteur avant de le lire (et tester en même temps ma non-capacité à aligner deux phrases cohérentes face à un autre représentant de l'espèce humaine, mais ça c'est une autre histoire, quand on vit naturellement à Disneyland, tout contact avec la réalité est forcément un peu brutal XD)
Bref, ayant lu ce livre alors que j'étais précisément en train d'étudier les contes de Perrault en cours de sémiotique, j'avais donc les contes originaux relativement bien en tête, et c'est avec plaisir que j'ai pisté les clins d'oeils que l'auteur ne manque pas de faire dans le roman aux versions traditionnelles des contes (un exemple parmi d'autres, le Petit Chaperon Rouge transformée en créatrice de mode, cela m'a fait irrésistiblement penser au choix du chemin des Aiguilles et du chemin des Epingles que donne le Loup à la petite fille dans le conte original.). On sent que chaque mot est pesé, qu'aucun n'est choisi au hasard, que l'auteur glisse parfois des termes en apparence anodins au coin d'une phrase, dont le choix n'est en réalité pas si innocent (parsemer le chapitre sur Cendrillon d'expressions françaises contenant le mot « pied », tel que « les pieds sur terre » ou « de pied en cap » ne me semble pas totalement fortuit ^^). J'avais déjà dit à quel point j'aimais cet art du clin d'oeil dans un récit, et j'ai été enchantée de retrouver cette inventivité chez Henri Courtade.
Je n'ai eu aucun mal à plonger dans le récit, si ce n'est au début, avant la rencontre d'Albe et Virginia, car il y a un bon nombre d'ellipses narratives qui font que les évènements s'enchaînent avec une rapidité un peu déconcertante. Mais on entre tout de même bien dans le rythme, on s'attache relativement vite aux personnages (surtout les nains. Mon petit coup de cœur personnel va à Franz Schüchtern, et Innocent Einfältig, qui n'apparaît pas directement, mais suffisamment pour rester en mémoire) et la tension est bien présente tout au long du récit, car la menace que fait planer Marylin von Sydow sur les deux jeunes filles est suffisamment grande pour faire froid dans le dos. D'autant que l'on a déjà eu au début du roman un aperçu de sa « créativité », avec sa manière d'éliminer Cendrillon et la Belle au Bois Dormant. De plus, le récit est rythmé par de nombreux flash-back, mais également par des changements de point de vue qui brisent la continuité de la narration, permettant de suivre l'action du roman de manière linéaire, tout en dévoilant par touches des éléments du passé des personnages ayant une répercussion dans leur présent. L'auteur joue moins sur le coup de théâtre que sur le maintien d'une tension constante servie par une action entrecoupée de révélations progressives du début à la fin du livre.
On retrouve également dans Loup, y es-tu? un bon nombre de codes propres au conte: les princesses très belles, les sorcières très méchantes, même le Loup véhicule une image similaire à celle du conte traditionnel, puisqu'il est un personnage très ambivalent, à la fois le prédateur et le séducteur, celui que l'on écoute jusqu'à ce qu'il soit trop tard. Mais malgré tout, en partant de cette image traditionnelle, Henri Courtade parvient à créer quelque chose d'original, car ancré dans le présent, dans un monde qui est tout sauf merveilleux et où les personnages d'ordinaire figés acquièrent un caractère plus ambigu. On a un jeu, un constant balancement entre ces retours aux codes du conte traditionnel et leur intégration dans une mécanique beaucoup plus complexe, parce que plus réaliste.
Bref, je ne vais pas faire un roman, ce livre a été une excellente découverte. Une réécriture inventive des contes traditionnels, une écriture élégante et travaillée, un art du détail et une distillation de références artistiques et littéraires, autant de choses qui donnent envie de le savourer. J'envisage déjà une relecture, car ayant lu ce livre dans une période de travail un peu intense, j'ai l'impression de ne pas m'y être plongée avec l'attention voulue. Mais le bilan n'en est pas moins extrêmement positif ^^.
Parmi ce qui a eu une influence non négligeable sur mon opinion: le titre du chapitre 19: Le Parfum de l'homme en noir... En tant que fan inconditionnelle de Gaston Leroux, je ne pouvais pas passer à côté =p.
Bref, ayant lu ce livre alors que j'étais précisément en train d'étudier les contes de Perrault en cours de sémiotique, j'avais donc les contes originaux relativement bien en tête, et c'est avec plaisir que j'ai pisté les clins d'oeils que l'auteur ne manque pas de faire dans le roman aux versions traditionnelles des contes (un exemple parmi d'autres, le Petit Chaperon Rouge transformée en créatrice de mode, cela m'a fait irrésistiblement penser au choix du chemin des Aiguilles et du chemin des Epingles que donne le Loup à la petite fille dans le conte original.). On sent que chaque mot est pesé, qu'aucun n'est choisi au hasard, que l'auteur glisse parfois des termes en apparence anodins au coin d'une phrase, dont le choix n'est en réalité pas si innocent (parsemer le chapitre sur Cendrillon d'expressions françaises contenant le mot « pied », tel que « les pieds sur terre » ou « de pied en cap » ne me semble pas totalement fortuit ^^). J'avais déjà dit à quel point j'aimais cet art du clin d'oeil dans un récit, et j'ai été enchantée de retrouver cette inventivité chez Henri Courtade.
Je n'ai eu aucun mal à plonger dans le récit, si ce n'est au début, avant la rencontre d'Albe et Virginia, car il y a un bon nombre d'ellipses narratives qui font que les évènements s'enchaînent avec une rapidité un peu déconcertante. Mais on entre tout de même bien dans le rythme, on s'attache relativement vite aux personnages (surtout les nains. Mon petit coup de cœur personnel va à Franz Schüchtern, et Innocent Einfältig, qui n'apparaît pas directement, mais suffisamment pour rester en mémoire) et la tension est bien présente tout au long du récit, car la menace que fait planer Marylin von Sydow sur les deux jeunes filles est suffisamment grande pour faire froid dans le dos. D'autant que l'on a déjà eu au début du roman un aperçu de sa « créativité », avec sa manière d'éliminer Cendrillon et la Belle au Bois Dormant. De plus, le récit est rythmé par de nombreux flash-back, mais également par des changements de point de vue qui brisent la continuité de la narration, permettant de suivre l'action du roman de manière linéaire, tout en dévoilant par touches des éléments du passé des personnages ayant une répercussion dans leur présent. L'auteur joue moins sur le coup de théâtre que sur le maintien d'une tension constante servie par une action entrecoupée de révélations progressives du début à la fin du livre.
On retrouve également dans Loup, y es-tu? un bon nombre de codes propres au conte: les princesses très belles, les sorcières très méchantes, même le Loup véhicule une image similaire à celle du conte traditionnel, puisqu'il est un personnage très ambivalent, à la fois le prédateur et le séducteur, celui que l'on écoute jusqu'à ce qu'il soit trop tard. Mais malgré tout, en partant de cette image traditionnelle, Henri Courtade parvient à créer quelque chose d'original, car ancré dans le présent, dans un monde qui est tout sauf merveilleux et où les personnages d'ordinaire figés acquièrent un caractère plus ambigu. On a un jeu, un constant balancement entre ces retours aux codes du conte traditionnel et leur intégration dans une mécanique beaucoup plus complexe, parce que plus réaliste.
Bref, je ne vais pas faire un roman, ce livre a été une excellente découverte. Une réécriture inventive des contes traditionnels, une écriture élégante et travaillée, un art du détail et une distillation de références artistiques et littéraires, autant de choses qui donnent envie de le savourer. J'envisage déjà une relecture, car ayant lu ce livre dans une période de travail un peu intense, j'ai l'impression de ne pas m'y être plongée avec l'attention voulue. Mais le bilan n'en est pas moins extrêmement positif ^^.
Parmi ce qui a eu une influence non négligeable sur mon opinion: le titre du chapitre 19: Le Parfum de l'homme en noir... En tant que fan inconditionnelle de Gaston Leroux, je ne pouvais pas passer à côté =p.
RépondreSupprimerTrès très belle analyse, bravo et merci. Je ne me souviens pas, en revanche, d'une personne qui bafouillait devant moi au Salon du livre... Bref. Je suis vraiment heureux, car vous êtes la première
à avoir relevé ces allusions de Cendrillon, celle d'Albe relatives à la pomme étaient plus évidentes, c'est vrai. Pierre d'Armancourt, peut-être aussi pour vous qui étudiez Perrault... Encore
bravo, il reste des tas de choses à découvrir encore, soyez-en sûre. :) Henri Courtade ps : Innocent me fait de plus en plus de peine à l'avoir ainsi bâclé. Croyez-moi, je travaille dans ma tête
d'arrache-pied à un nouveau roman où il serait plus... Vivant...
RépondreSupprimerOh, je serais enchantée de voir un roman qui développerait le personnage d'Innocent, il m'a beaucoup touchée, et c'est vrai que j'ai regretté qu'il ne soit pas plus présent. J'envisage de relire
Loup y es-tu prochainement, j'ai vraiment l'impression d'être passée à côté de pas mal de subtilités (j'avais laissé passer celle sur Pierre d'Armancourt, honte sur moi ^^'')
Merci beaucoup d'être passé (et tant mieux, pour le Salon du Livre, je suis tellement timide que j'ai tendance à penser que ça se voit systématiquement ^^'') et bonne continuation!
RépondreSupprimerTa chronique me donne bien envie, je suis pressée de le recevoir et de le lire !! Par contre je ne suis pas aussi experte que toi pour ce qui est des contes traditionnels donc je ne suis pas sûre
que je saisirais toutes les références cachées...
RépondreSupprimerIl y en a pas mal qui sont quand même assez évidentes, donc ça va encore (et puis experte, c'est un grand mot, j'ai juste relu les contes de Perrault et quelques versions traditionnelles du Petit
Chaperon Rouge, donc ça reste assez classique =p). Mais même sans guetter les clins d'oeil aux contes, c'est une lecture qui reste très prenante, donc je ne pense pas que ce sera un souci
^^!