Fraîchement rapatrié d'Afghanistan à la suite d'une blessure, le docteur John Watson ne tarde pas à rencontrer par l'entremise d'un de ses amis l'énigmatique Sherlock Holmes, quir recherche quelqu'un pour partager un logement au 221B Baker Street. Rapidement, Watson découvre en quoi consiste l'activité de son colocataire, et qui sont les personnages mystérieux qu'il reçoit régulièrement en privé: Holmes est un génie de la déduction, et la police requiert volontiers son aide dans les affaires épineuses. Précisément, celle dont il est ici question donne du fil à retordre même au brillant détective: un homme est retrouvé mort au n°3 Lauriston Garden, sans blessure apparente, malgré des taches de sang retrouvées tout autour du cadavre. Sur l'un des murs de la pièce, le mot Rache (Vengeance en allemand) est écrit en lettres de sang. Il n'en faut pas plus pour que Sherlock Holmes, tel un limier, se lance sur la piste du meurtrier.
Il s'agit du premier roman de Conan Doyle à faire apparaître le personnage de Sherlock Holmes, et nous avons ici droit à sa toute première rencontre avec le Docteur Watson, narrateur de l'histoire. Nous avons donc droit pendant une bonne partie du roman au point de vue du docteur qui nous rend par conséquent le personnage de Sherlock Holmes énigmatique et un peu hermétique, de la même façon que le fera plus tard le personnage de Sainclair dans certaines des Aventures de Rouletabille de Gaston Leroux.
Parce que malgré moi, je n'ai pas pu m'empêcher de faire au cours de ma lecture le rapprochement entre ce roman et les références qu'y fait Leroux dans le Mystère de la Chambre Jaune. En effet, tout en faisant mine de critiquer les méthodes des « agents littéraires » à la Sherlock, Leroux emprunte beaucoup malgré tout aux romans de Conan Doyle pour construire son Rouletabille. Bien qu'ils aient des méthodes d'investigation très différentes, et même radicalement opposées, on retrouve chez les deux personnages la même impression de suffisance géniale, le même mépris affiché pour les détectives romanesques, la même logique « raccourcie » et inintelligible au commun des mortels, tant que le génie n'a pas décidé de leur livrer le cours normal de sa pensée. (ensuite, est-ce bien un hasard si l'on retrouve chez Leroux des Rance et des Stangerson, deux noms qui apparaissent avec plus ou moins d'importance dans A Study in Scarlet?)
Rouletabille criant avec mépris à l'agent littéraire semble finalement critiquer moins le personnage de Conan Doyle lui même que les policiers désireux de singer la méthode déductive de Sherlock Holmes, sans être appuyés par le même génie d'observation (Holmes n'étant après tout qu'un personnage de fiction.) Il me semble avoir repéré chez Leroux un clin d'oeil délibéré à ce roman *spoiler*: l'idée de l'assassin saignant du nez sur la scène du crime me rappelle furieusement la « brillante » déduction de Frédéric Larsan, qui ayant découvert du sang autour des pas de l'assassin et sur son mouchoir en conclut aussitôt qu'il a saigné du nez. Déduction qui fait naturellement beaucoup rire Rouletabille, et lui fait conclure avec ironie que Larsan a décidément trop lu Conan Doyle.*spoiler*
Bref, j'arrête là mes rapprochements avec Leroux, et je vais commencer à parler du livre proprement dit, car sa construction est assez originale et m'a semblé malmener un peu les codes du roman policier. Evidemment, les déductions de Sherlock Holmes et la manière dont il parvient à mettre la main sur le coupable restent assez obscures, même au moment où ce dernier se retrouve menottes aux mains. Ce qui se produit relativement rapidement en réalité, et dès le milieu du livre, pour Holmes, l'affaire est résolue. Le véritable suspense se crée donc véritablement dans la seconde partie du livre, puisque ni le nom, ni les motifs du meurtrier ne sont immédiatement donnés. Au lieu de cela, on passe assez brutalement d'une narration à une autre, créant une rupture très nette: changement de décor, changement de personnages, de narrateur, de thématique, presque d'univers (pour être franche, j'ai d'abord cru que j'avais téléchargé un eBook erroné et qu'on m'avait mélangé deux oeuvres XD). Finalement, cela crée une attente chez le lecteur qui cherche constamment à recréer le lien avec la première partie et cherche à saisir les évènements de cette première partie à la lumière de tout ce que l'on apprend dans la seconde partie. Et cela fonctionne car si la première partie introduit efficacement le personnage de Holmes et sa méthode d'investigation, c'est véritablement la deuxième qui m'a le plus tenue en haleine.
Un dernier mot pour conclure cette chronique, sur l'adaptation télévisée des aventures de Sherlock Holmes, à savoir l'admirable série Sherlock, créée par Steven Moffat et Mark Gatiss (tous deux scénaristes de certains des meilleurs épisodes de Doctor Who, si je peux me permettre de le rappeler ^^). Après avoir regardé deux fois « A Study in Pink » le premier épisode de la série (dont une fois avec Marmotte =p) difficile de lire le livre avec un point de vue totalement neutre. Et pourtant j'ai réussi à être encore surprise en lisant le livre, et rétrospectivement à admirer le talent des scénaristes pour transposer le roman et ses personnages à notre époque, tout en reprenant les mêmes éléments, en gardant un esprit similaire et pourtant en parvenant à en faire une histoire totalement différente. Je confirme donc mon coup de coeur pour cette série superbe, mais trop courte (si si, trois épisodes de 1h30 qui se terminent sur un cliffhanger, c'est court XD)
Bref, une très bonne découverte (redécouverte puisque j'avais déjà lu le Chien des Baskerville il y a quelques années, mais cela fait longtemps et le souvenir n'est plus très vivace.) qui me donne envie de poursuivre avec les autres romans de Conan Doyle mettant en scène (ou non) Holmes et son fidèle Watson.
Parce que malgré moi, je n'ai pas pu m'empêcher de faire au cours de ma lecture le rapprochement entre ce roman et les références qu'y fait Leroux dans le Mystère de la Chambre Jaune. En effet, tout en faisant mine de critiquer les méthodes des « agents littéraires » à la Sherlock, Leroux emprunte beaucoup malgré tout aux romans de Conan Doyle pour construire son Rouletabille. Bien qu'ils aient des méthodes d'investigation très différentes, et même radicalement opposées, on retrouve chez les deux personnages la même impression de suffisance géniale, le même mépris affiché pour les détectives romanesques, la même logique « raccourcie » et inintelligible au commun des mortels, tant que le génie n'a pas décidé de leur livrer le cours normal de sa pensée. (ensuite, est-ce bien un hasard si l'on retrouve chez Leroux des Rance et des Stangerson, deux noms qui apparaissent avec plus ou moins d'importance dans A Study in Scarlet?)
Rouletabille criant avec mépris à l'agent littéraire semble finalement critiquer moins le personnage de Conan Doyle lui même que les policiers désireux de singer la méthode déductive de Sherlock Holmes, sans être appuyés par le même génie d'observation (Holmes n'étant après tout qu'un personnage de fiction.) Il me semble avoir repéré chez Leroux un clin d'oeil délibéré à ce roman *spoiler*: l'idée de l'assassin saignant du nez sur la scène du crime me rappelle furieusement la « brillante » déduction de Frédéric Larsan, qui ayant découvert du sang autour des pas de l'assassin et sur son mouchoir en conclut aussitôt qu'il a saigné du nez. Déduction qui fait naturellement beaucoup rire Rouletabille, et lui fait conclure avec ironie que Larsan a décidément trop lu Conan Doyle.*spoiler*
Bref, j'arrête là mes rapprochements avec Leroux, et je vais commencer à parler du livre proprement dit, car sa construction est assez originale et m'a semblé malmener un peu les codes du roman policier. Evidemment, les déductions de Sherlock Holmes et la manière dont il parvient à mettre la main sur le coupable restent assez obscures, même au moment où ce dernier se retrouve menottes aux mains. Ce qui se produit relativement rapidement en réalité, et dès le milieu du livre, pour Holmes, l'affaire est résolue. Le véritable suspense se crée donc véritablement dans la seconde partie du livre, puisque ni le nom, ni les motifs du meurtrier ne sont immédiatement donnés. Au lieu de cela, on passe assez brutalement d'une narration à une autre, créant une rupture très nette: changement de décor, changement de personnages, de narrateur, de thématique, presque d'univers (pour être franche, j'ai d'abord cru que j'avais téléchargé un eBook erroné et qu'on m'avait mélangé deux oeuvres XD). Finalement, cela crée une attente chez le lecteur qui cherche constamment à recréer le lien avec la première partie et cherche à saisir les évènements de cette première partie à la lumière de tout ce que l'on apprend dans la seconde partie. Et cela fonctionne car si la première partie introduit efficacement le personnage de Holmes et sa méthode d'investigation, c'est véritablement la deuxième qui m'a le plus tenue en haleine.
Un dernier mot pour conclure cette chronique, sur l'adaptation télévisée des aventures de Sherlock Holmes, à savoir l'admirable série Sherlock, créée par Steven Moffat et Mark Gatiss (tous deux scénaristes de certains des meilleurs épisodes de Doctor Who, si je peux me permettre de le rappeler ^^). Après avoir regardé deux fois « A Study in Pink » le premier épisode de la série (dont une fois avec Marmotte =p) difficile de lire le livre avec un point de vue totalement neutre. Et pourtant j'ai réussi à être encore surprise en lisant le livre, et rétrospectivement à admirer le talent des scénaristes pour transposer le roman et ses personnages à notre époque, tout en reprenant les mêmes éléments, en gardant un esprit similaire et pourtant en parvenant à en faire une histoire totalement différente. Je confirme donc mon coup de coeur pour cette série superbe, mais trop courte (si si, trois épisodes de 1h30 qui se terminent sur un cliffhanger, c'est court XD)
Bref, une très bonne découverte (redécouverte puisque j'avais déjà lu le Chien des Baskerville il y a quelques années, mais cela fait longtemps et le souvenir n'est plus très vivace.) qui me donne envie de poursuivre avec les autres romans de Conan Doyle mettant en scène (ou non) Holmes et son fidèle Watson.
Quatrième livre lu dans le cadre du challenge God Save the Livre!
RépondreSupprimerTa critique me donne vraiment super envie de me remettre à Conan Doyle... je finis Uglies, je lis mes lC, et je m'y mets :p
RépondreSupprimerHéhé, j'aime bien sentir que je fais des convertis =p!