Les Lames du Cardinal, tome 1: Les Lames du Cardinal - Pierre Pevel

Paris, 1633. Louis XIII règne sur la France, gouvernée par le Cardinal de Richelieu et sur laquelle pèse une menace: celle des dragons de la Griffe Noire, créatures magiques qui se mêlent sans crainte aux humains, et ourdissent des complots depuis la cour d'Espagne. Pour le servir et protéger la France, cependant, le Cardinal dispose de combattants exceptionnels, une élite d'épéistes oeuvrant dans l'ombre, sous les ordres du capitaine La Fargue. Le groupe des Lames du Cardinal, dissous cinq ans plus tôt dans des conditions obscures, est sur le point de reprendre du service...

La première chose qui m'a attirée dans ce livre a été sa couverture que je trouve tout simplement magnifique, puis la discussion avec l'auteur qui avait eu lieu sur le forum de Livraddict et que j'avais suivi de loin avec beaucoup d'intérêt. L'idée de mêler deux genres aussi disparates que la fantasy et le roman de cape et d'épées avait piqué ma curiosité, et je dois dire que je n'ai absolument pas été déçue (ce qui explique qu'avant même d'avoir terminé le livre, Minidou se soit montrée toute guillerette à l'idée de le faire dédicacer par l'auteur himself à Trolls et Légendes samedi *o*).

Certes, on trouve dans ce livre peu d'action proprement dite, notamment dans la première partie qui est essentiellement une galerie de portraits. Il y a une abondance de personnages qui crée au départ une confusion, mais tous ces portraits sont mis en action dans des situations particulières, ce qui permet de prendre rapidement des marques d'un personnage à l'autre. On distingue ensuite plusieurs fils directeurs, le rassemblement des Lames et leur mission, les agissements des membres de la Griffe Noire, et un peu à part, le cheminement du personnage de Saint-Lucq (on ignore, en tout cas pendant un certain temps, pour le compte de qui il agit exactement) ce qui permet de suivre plus facilement le fil du récit.

Cette impression de manque d'action est essentiellement due au fait que l'intérêt principal de l'histoire est l'entrecroisement des intrigues secrètes, des demi révélations distillées tout au long du livre qui piquent la curiosité en ouvrant des pistes sans donner trop d'éléments de réponse (par exemple, l'énigme qui plane tout au long du livre est un événement ayant eu lieu au cours du siège de la Rochelle et qui a provoqué la dissolution des Lames cinq ans plus tôt. Des éléments sur cet événement sont distillés dans tout le roman, mais sans jamais donner l'intégralité des détails de l'affaire). La tension du roman est maintenue par le fait que l'on ignore longtemps quelle est la véritable mission des Lames. Beaucoup d'énigmes restent en suspens tout au long de l'intrigue, et c'est essentiellement cette attente de réponse qui tient en haleine du début à la fin. De plus, tout se précipite dans les derniers chapitres, littéralement palpitants, où beaucoup de choses sont explicités en très peu de pages.

Les personnages sont nombreux, mais assez rapidement identifiables, avec chacun une personnalité particulière. J'avoue avoir eu une certaine affection tout au long du livre pour le personnage de Marciac [spoiler] même en ayant soupçonné quasi immédiatement que c'était lui qui avait fourni des renseignements secrets à Rochefort =p [/spoiler] qui apporte une touche de légèreté bienvenue au sein du groupe des Lames. Outre Saint-Lucq, personnage assez ambivalent et de ce fait fascinant, le personnage de Laincourt est également très intéressant et réserve aussi pas mal de surprises tout au long du roman.

Au niveau de l'écriture, la plume de Pierre Pevel est élégante, bien tournée, avec un vocabulaire précis sans être lourde ni pompeuse. Les dialogues eux-mêmes se parent de quelque tournures un brin vieillottes qui n'alourdissent pas l'expression des personnages mais lui donnent une couleur particulière et ajoutent au charme du roman de cape et d'épées en l'ancrant dans son époque à travers ces détails de langage.

D'autre part, l'aspect historique est suffisamment travaillé pour être crédible, on ne rencontre pas de digressions interminables, les évènements évoqués le sont avec clarté et concision, et ils sont généralement assez connus (les grandes lignes des conflits qui déchirent l'Europe à cette époque, l'évocation du siège de la Rochelle...) Cela suffit à ancrer l'intrigue dans une réalité historique sans donner au livre le tour ennuyeux d'un livre d'histoire. Pour cette raison, la présence de la fantasy reste discrète, et se fond parfaitement dans le décor. La pari de Pierre Pevel de mêler la fantasy et le roman de cape et d'épées est ainsi une réussite, car les ingrédients des deux genres se mêlent de façon très efficace et sans accroc.

Le plus gros reproche que je pourrais faire à ce livre finalement, c'est d'être assez dense, avec une intrigue relativement touffue et parfois un peu compliquée à suivre dans son ensemble, notamment à cause du récit très découpé, des énigmes qui s'entrecroisent et se multiplient, et des fréquents changements de points de vue (un procédé qui permet souvent, malgré tout, de faire durer le suspense de certaines scènes.) Heureusement, des rappels de certains points clés de l'intrigue sont parfois faits par les personnages, notamment vers la fin, ce qui permet de ne pas se perdre totalement.

Finalement, ce défaut s'efface assez bien devant le nombre de qualités que j'ai trouvé à ce livre, pas encore tout à fait un coup de coeur, pour la raison citée plus haut, mais qui mérite tout de même une relecture, allégée de l'aspect « découverte » qui permettrait alors de saisir pleinement et avec plus de clarté l'enchaînement des évènements et tous les tenants et aboutissants de l'affaire. Mais avant tout, se jeter sur le tome 2 parce qu'avec une fin comme celle là, je ne vais pas pouvoir patienter bien longtemps avant de lire la suite ^^.

Une lecture faite dans le cadre de la lecture commune organisée par LefsÖ

avec

LefsÖ

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nuitetoilee