lundi 24 août 2015

The Gentleman Bastard Sequence, book 2 : Red Seas under Red Skies - Scott Lynch


Deux ans après les événements qui ont précipité la chute du Capa Barsavi et leur fuite de Camorr, Locke Lamora et Jean Tannen sont de retour dans les affaires, bien décidés à voler aux riches pour devenir encore plus riches. Leur proie, cette fois-ci, L'Aiguille du Péché de Tal Verrar, une maison de jeux dirigée par l'impitoyable Requin, au coffre-fort réputé imprenable. Mais alors que leur plan se déroule sans accroc, le passé rattrape Locke et Jean, livrés par les Bondsmagi aux mains de l'Archon de Tal Verrar. Jonglant entre les identités multiples, les tentatives d'assassinat et les loyautés vacillantes, Locke et Jean, enrôlés malgré eux dans la piraterie, seront contraint de se montrer plus malins que tous les autres pour survivre.

Deux ans après ma lecture du premier tome, qui m'avait totalement conquise, j'ai enfin pu me plonger dans le second tome, que je craignais un peu, je l'avoue. Il faut dire que la fin du premier tome ne laissait pas Locke et Jean dans une position très reluisante, et le prologue du tome 2 que j'avais pu trouver à la fin du livre avait piqué ma curiosité de façon redoutablement efficace, mais m'avait également laissé entendre que mes nerfs ne ressortiraient pas indemnes de cette lecture. Avec raison, car ce livre nous fait passer par toute une palette d'émotions, le plus souvent d'un extrême à l'autre en quelques phrases, et l'on rit, on pleure, on tremble en compagnie de nos deux héros, aussi sûrement que si l'on risquait soi même sa tête au côté des Gentlemen Bastards.

Vu les événements du premier tome, et le bain de sang sur lequel il se terminait, j'avais un peu oublié les éléments qui m'avaient fait aimer ce premier tome à la base, et qui m'ont également fait adorer ce deuxième tome : le personnage de Locke Lamora et son duo avec Jean Tannen d'une part, et l'humour que l'on retrouve tout au long du roman d'autre part. Scott Lynch a cette touche de dérision un peu noire qui parvient à nous faire rire même dans les moments les plus critiques, et qui sait apporter une bonne dose d'ironie aux situations les plus désespérées. Evidemment, le personnage de Locke, qui passe son temps à flirter avec le risque et à se retrouver dans des situations parfaitement impossibles avec une attitude tantôt excitée tantôt désabusée se prête plutôt bien à ce genre d'humour.

Le roman est construit de manière générale, sur le même principe que le premier. Il s'ouvre sur Les Gentlemen Bastards au sommet de leur art, alors qu'ils sont en train de préparer un coup de maître  avec l'astuce et la dextérité qu'on leur connaît. Tout comme dans le premier tome, j'ai adoré voir ces sympathiques escrocs à l'oeuvre, et découvrir toute la complexité des stratagèmes qu'ils mettent en oeuvre pour tromper leur monde. C'est à qui, des Gentlemen ou de leur potentielle victime, aura un coup d'avance sur l'autre, et il faut bien avouer que étant donné les risques et les imprévus qui leur tombent dessus, nos deux héros s'en tirent comme des chefs.

Et puis vient le moment où, alors que tout semblait fonctionner comme sur des roulettes, survient un événement qui fait tout basculer et c'est à partir de ce moment là que le roman devient parfaitement palpitant. Toute la seconde partie du livre, durant laquelle Locke est Jean tâchent tant bien que mal de trouver leur place au sein d'un équipage de pirates est passionnante, d'autant plus qu'elle permet de dévoiler certaines facettes des personnages que nous n'avions pas vraiment eu l'occasion de voir jusqu'alors. Au delà de leurs talents de comédiens et d'escrocs, Locke et Jean sont humains, et il est agréable de les voir s'ouvrir à certaines personnes et parfois même tomber les masques dans certaines occasions.

Ce qui nous amène à la question des relations entre les personnages qui est un point central durant tout le récit. Le roman tourne en effet largement autour de l'amitié entre Locke et Jean avec un prologue qui pose d'emblée un doute sur la pérennité de cette relation, alors mise sous pression de tous côtés. Dans le premier tome, l'amitié de Locke et Jean semblait à toute épreuve, mais on voit dès le départ que les événements de ce deuxième tome pourraient bien changer la donne. La plus grande partie du livre semble servir d'explication à ces premières pages très déstabilisantes, et il faut bien admettre que ce qui nous semble au début parfaitement absurde finit, au fil des pages par devenir non seulement possible, mais presque inévitable. Entre les conséquences liées à la fuite de Camorr qui sont rappelées dans plusieurs chapitres de réminiscences et qui ne montrent pas Locke sous son meilleur jour, les doutes de Jean, les sujets de désaccord entre nos deux amis... cette scène d'introduction plante une petite graine dans l'esprit du lecteur qui craint dès lors que chaque faux-pas, chaque rancune puisse être le point de non-retour.

C'est donc la relation forte et en même temps mise à rude épreuve entre Locke et Jean qui porte en grande partie la tension du récit. C'est aussi ce qui m'a fait réaliser à quel point j'adorais la relation entre ces deux personnages. Il est rare qu'un personnage principal me touche autant (pour une raison obscure, j'ai généralement une préférence pour les personnages secondaires) mais Locke est vraiment un personnage comme je les aime, plein d'humour, un peu je-m'en-fichiste, mais qui dissimule malgré tout un petit coeur tout mou et surtout entièrement dévoué à son meilleur ami. Quant à Jean, sa loyauté, son bon coeur, les extrémités auxquelles il est prêt à recourir pour sauver Locke, même malgré lui, en font également un personnage extrêmement attachant. Leur amitié est le pilier de ce roman, et c'est aussi en grande partie ce qui en fait un véritable coup de foudre pour moi.

Bref, j'ai vraiment adoré ce deuxième tome, encore plus que le premier. Il est rempli d'humour, de rebondissement, de personnages hauts en couleur, il nous dévoile différentes facettes des Gentlemen, aussi bien leur virtuosité et leur absence totale de scrupules quand il s'agit de dépouiller les gens, que des aspects plus touchants de leur personnalité, à commencer par leurs relations l'un à l'autre, et avec les hors-la-loi comme eux. On rit, on pleure, on s'attache férocement à tous les personnages qui croisent leur chemin, et on referme le livre, comme le premier tome, sur une note douce amère, qui nous indique encore une fois que, si les Gentlemen ont tiré leur épingle du jeu, ils ne sont pas encore au bout de leurs peines.

Pour finir, une petite citation qui illustre très bien la façon dont Scott Lynch parient à injecter de l'humour dans le récit même aux moments les plus sensibles (je ne précise pas le contexte du dialogue pour ne pas spoiler. Et je m'excuse auprès des lecteurs les plus délicats pour le langage... hum... "coloré" de Locke :P)

" 'What? How dare I contemplate what you're now planning to do to me? You self-righteous strutting cock, I'll -'
'What?' shouted Jean.
'- I'll throw myself at you, and you'll beat the shit out of me,' said Locke. 'And then you'll feel awful! How about that, huh?' "

Un livre qui compte pour le challenge ABC - Littératures de l'Imaginaire 

et pour le challenge A l'Abordage

2 commentaires: