Dans une Chine légendaire, en voulant aider son père potier à réaliser sa plus belle création, Xiao Chen s'est attiré les foudres du dieu-tigre de la forêt sortilège. Désormais affublé d'une tête de tigre, le voilà forcé de quitter son village. Il va alors rejoindre une troupe de comédiens et entamer à travers la Chine un voyage qui durera plus de mille ans.
Ce livre que j'ai acquis au salon des Halliennales en octobre dernier m'a immédiatement attiré, d'abord grâce à sa couverture sublime réalisée par Amandine Labarre (dont j'avais déjà pu admirer le travail sur les Arcanes Féériques, avec Mathieu Gaborit) et ensuite par la présentation alléchante qu'en faisait l'auteur. Autant dire que je n'ai pas été déçue, et que cet ouvrage a tenu toutes ses promesses.
Le style tout d'abord est très agréable à lire, simple mais tout en poésie et en finesse. La narration au présent donne vraiment l'impression de voir le récit se dérouler devant nos yeux, comme une pièce de théâtre, ou comme si l'on écoutait parler un conteur. Les émotions, dans ce livre, sont retranscrites avec beaucoup de douceur, sans pathos inutile, même si les personnages font parfois face à des situations déchirantes. Mais Estelle Faye parvient à transcrire des émotions et des moments très forts de façon finalement assez dépouillée, en quelques mots simples mais percutants, parfois même en jouant sur la suggestion et le non-dit. L'impression générale qui se dégage de cette écriture est vraiment un sentiment de douceur et de délicatesse, qui fait beaucoup pour le plaisir de la lecture.
Le roman lui même se divise en trois parties, qui font un peu penser aux trois actes d'une pièce de théâtre. Ce qui fait sens, car même si ces trois parties ont des tons très différents les uns de autres, on suit tout de même constamment Xiao Chen et sa troupe de saltimbanques, une troupe qui évolue au fil des pages mais qui semble toujours avoir des secrets à cacher. Certains éléments d'ailleurs, sont simplement évoqués mais jamais totalement élucidés.
La première partie traite donc du récit de la malédiction de Xiao Chen, et du début de son voyage à travers cette Chine légendaire. On y fait la connaissance assez rapidement de deux personnages qui auront un rôle important à jouer dans tout le récit : Pieds-de-Cendres, l'ami de Xiao Chen qui va l'accompagner durant son voyage de mille ans, et Brume de Rivière, la fille fée qui au début est l'un des personnages les plus énigmatiques du roman. La première partie d'ailleurs, tourne largement autour d'elle, car il se tisse entre elle et Xiao Chen une relation touchante et étrange, la relation entre deux personnages que leur différence rapproche, et qui se dessine en filigrane tout au long de cette partie sans jamais vraiment prendre forme. Pieds de Cendre quant à lui, est un personnage attachant, plein de vie, un peu tête brûlée, ce qui finalement rend un peu triste lorsque l'on sait de quelle manière il évolue.
Le style tout d'abord est très agréable à lire, simple mais tout en poésie et en finesse. La narration au présent donne vraiment l'impression de voir le récit se dérouler devant nos yeux, comme une pièce de théâtre, ou comme si l'on écoutait parler un conteur. Les émotions, dans ce livre, sont retranscrites avec beaucoup de douceur, sans pathos inutile, même si les personnages font parfois face à des situations déchirantes. Mais Estelle Faye parvient à transcrire des émotions et des moments très forts de façon finalement assez dépouillée, en quelques mots simples mais percutants, parfois même en jouant sur la suggestion et le non-dit. L'impression générale qui se dégage de cette écriture est vraiment un sentiment de douceur et de délicatesse, qui fait beaucoup pour le plaisir de la lecture.
Le roman lui même se divise en trois parties, qui font un peu penser aux trois actes d'une pièce de théâtre. Ce qui fait sens, car même si ces trois parties ont des tons très différents les uns de autres, on suit tout de même constamment Xiao Chen et sa troupe de saltimbanques, une troupe qui évolue au fil des pages mais qui semble toujours avoir des secrets à cacher. Certains éléments d'ailleurs, sont simplement évoqués mais jamais totalement élucidés.
La première partie traite donc du récit de la malédiction de Xiao Chen, et du début de son voyage à travers cette Chine légendaire. On y fait la connaissance assez rapidement de deux personnages qui auront un rôle important à jouer dans tout le récit : Pieds-de-Cendres, l'ami de Xiao Chen qui va l'accompagner durant son voyage de mille ans, et Brume de Rivière, la fille fée qui au début est l'un des personnages les plus énigmatiques du roman. La première partie d'ailleurs, tourne largement autour d'elle, car il se tisse entre elle et Xiao Chen une relation touchante et étrange, la relation entre deux personnages que leur différence rapproche, et qui se dessine en filigrane tout au long de cette partie sans jamais vraiment prendre forme. Pieds de Cendre quant à lui, est un personnage attachant, plein de vie, un peu tête brûlée, ce qui finalement rend un peu triste lorsque l'on sait de quelle manière il évolue.
Cette première partie est un peu balbutiante, elle plante le décor, présente les personnages et nous plonge dans l'ambiance d'un récit qui mêle habilement le quotidien d'une troupe de saltimbanques, où tout le monde joue la comédie, se dissimule sous des masques, à de véritables éléments merveilleux, et une touche de féérie. L'atmosphère est véritablement celle d'un conte, dans lequel la magie a toute sa place.
C'est à partir de la deuxième partie et l'apparition de Li Mei, la fameuse tisseuse, que j'ai véritablement dévoré le livre, et alors qu'il m'avait fallu plusieurs semaines pour lire la première partie par petites touches, j'ai dévoré le reste du livre en deux jours. J'ai vraiment beaucoup aimé le personnage de Li Mei qui, au départ mariée de force à Xiao Chen et complètement arrachée à ce qui était sa vie jusqu'alors, trouve sa place dans la troupe, et même dans le coeur de porcelaine de Xiao Chen, grâce à ses talents de tisseuse. La relation qui se noue petit à petit entre elle et Xiao Chen est très touchante, tout comme la manière dont elle va surmonter les épreuves que lui inflige Brume de Rivière pour sauver son époux. Elle fait preuve d'astuce, de volonté, de ténacité, et offre un contraste saisissant avec l'amertume et la jalousie de la fée. Pourtant, malgré soi, on ne peut s'empêcher d'éprouver de la compassion pour Brume de Rivière, oubliée de Xiao Chen, et qui veut tenter par tous les moyens de le reconquérir.
La troisième partie, enfin, est plus sombre, et met à rude épreuve l'amour de Xiao Chen et de Li Mei. Tout au long du récit, on assiste à une remise en question subtile des éléments féériques, et des personnages comme Xiao Chen, Pieds-de-Cendres ou Brume de Rivière semblent de plus en plus appartenir à un passé révolu. C'est dans cette partie que se ressent le mieux l'amertume de ces personnages, et que la volonté de Li Mei va être la plus malmenée. Malgré tout, la barrière entre réalisme et fantastique n'est jamais vraiment franchie, même si elle est parfois sciemment frôlée (l'exemple qui m'a le plus frappée est celui du personnage de Bastien d'Anvers : chaque allusion à son pays d'origine, que le lecteur peut deviner sans difficulté dès le début, est soigneusement gommée par l'auteur, comme un brouillage constant entre le réel et l'imaginaire.)
Bref, j'ai été touchée par ce très beau livre, écrit avec beaucoup de poésie. Même si la manière d'écrire crée une distance avec le lecteur, brouillant les repères chronologiques, géographiques, décontextualisant le récit tout à fait la manière d'un conte (malgré les repères précis donnés au niveau des dates et des lieux), on ressent tout de même beaucoup d'empathie pour les personnages, qui oscillent constamment entre réalité et merveilleux. Les émotions qu'ils ressentent et suscitent sont très fortes, et l'on s'attache irrémédiablement à eux, même si parfois ils se conduisent de manière peu louable. J'ai beaucoup aimé passer du temps avec tous ces personnages et découvrir cette Chine légendaire, et je lirai volontiers d'autres oeuvres d'Estelle Faye.
La troisième partie, enfin, est plus sombre, et met à rude épreuve l'amour de Xiao Chen et de Li Mei. Tout au long du récit, on assiste à une remise en question subtile des éléments féériques, et des personnages comme Xiao Chen, Pieds-de-Cendres ou Brume de Rivière semblent de plus en plus appartenir à un passé révolu. C'est dans cette partie que se ressent le mieux l'amertume de ces personnages, et que la volonté de Li Mei va être la plus malmenée. Malgré tout, la barrière entre réalisme et fantastique n'est jamais vraiment franchie, même si elle est parfois sciemment frôlée (l'exemple qui m'a le plus frappée est celui du personnage de Bastien d'Anvers : chaque allusion à son pays d'origine, que le lecteur peut deviner sans difficulté dès le début, est soigneusement gommée par l'auteur, comme un brouillage constant entre le réel et l'imaginaire.)
Bref, j'ai été touchée par ce très beau livre, écrit avec beaucoup de poésie. Même si la manière d'écrire crée une distance avec le lecteur, brouillant les repères chronologiques, géographiques, décontextualisant le récit tout à fait la manière d'un conte (malgré les repères précis donnés au niveau des dates et des lieux), on ressent tout de même beaucoup d'empathie pour les personnages, qui oscillent constamment entre réalité et merveilleux. Les émotions qu'ils ressentent et suscitent sont très fortes, et l'on s'attache irrémédiablement à eux, même si parfois ils se conduisent de manière peu louable. J'ai beaucoup aimé passer du temps avec tous ces personnages et découvrir cette Chine légendaire, et je lirai volontiers d'autres oeuvres d'Estelle Faye.
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