(A pas de couverture VO, donc on va se contenter de la VF ^^)
Titre VF: Retour au Pays
Suivant son mari tombé en disgrâce, Carillon, jeune femme de la noblesse de Jamaillia, est forcée, avec ses enfants, de le suivre en exil vers les Rivages Maudits, une terre inhospitalière qui reste à découvrir et à coloniser.
Ce prélude aux deux sagas monumentales que sont L'Assassin Royal et Les Aventuriers de la Mer est assez déroutant, d'abord par sa brièveté. J'étais curieuse avant la lecture, de voir comment l'auteur avait fait pour développer une intrigue et des personnages sur moins de 150 pages. Et finalement, j'ai été enchantée de retrouver la plume de Robin Hobb qui tient encore une fois ses promesses, et dépeint toujours ses personnages avec la même finesse, même sur un volume aussi bref.
Ce livre prend la forme d'un journal, écrit par Carillon, une aristocrate jamaillienne, exilée avec son époux et ses enfants vers les Rivages Maudits, ceux là-même dont il est question dans les deux grandes sagas. La colonisation dont il est question à plusieurs reprises dans Les Aventuriers de la Mer en est ici à son tout début, et ne s'avère pas des plus aisées. Le lieu où sont censés s'installer les colons est particulièrement inhospitalier et marécageux, et avant d'y vivre, ceux qui y ont été envoyés doivent tout d'abord, et tant bien que mal, y survivre.
Le personnage de Carillon est assez particulier, car elle ne nous apparaît pas immédiatement comme sympathique. Entraînée malgré elle, et presque à son insu, dans la disgrâce et l'exil de son mari, elle commence par s'abandonner à une colère (qui ne manque pas de légitimité, il faut bien le dire) qui lui fait parfois prendre des airs de grande dame outragée, hautaine et un peu agaçante. Artiste, issue d'une grande famille jamaillienne, sa position sociale la pousse d'abord à garder une distance entre elle-même et les gens du commun. Il est donc intéressant de voir comment tout au long du livre, elle mettra peu à peu sa fierté de côté, ou plutôt la reconstruira différemment au fil du récit, en comprenant petit à petit la vanité des différenciations sociales, mais également en affirmant son indépendance vis à vis de son mari, et en prenant en main sa survie, celle de ses enfants et celle des colons qui l'accompagnent.
J'ai bien aimé voir comment s'organisait peu à peu la vie précaire de la petite communauté, la naissance des fameuses villes suspendues du Désert des Pluies, ainsi que les origines de ce peuple particulier que l'on rencontre dans Les Aventuriers de la Mer et de façon plus anecdotique dans l'Assassin Royal. Lorsque l'on a lu les deux sagas, il est amusant de repérer les premières manifestations d'éléments, qui sont ici étranges et inconnus et qui, dans les sagas, étaient considérés comme acquis dès le départ. Cette communauté, plus particulièrement ici à travers le point de vue de Carillon, prend peu à peu conscience de l'indépendance qu'elle est forcée d'acquérir par rapport à Jamaillia, de son identité naissante, qui m'a surtout frappée au moment où Carillon, dans la datation de son journal, se perd dans les dates du règne du Gouverneur Esclépius, et commence à compter à partir de l'an 1 du Désert des Pluies.
D'autre part, la cité engloutie dont il est également question dans Les Aventuriers de la Mer, et que j'avais adoré découvrir dans cette saga, a ici un rôle assez important, puisqu'elle a une influence considérable sur la psychologie des personnages. Elle est à la fois inquiétante, mystérieuse, magnifique, dangereuse, envoûtante... le point de vue du personnage principal nous fait basculer dans cette atmosphère angoissante et profondément troublante, montrant le glissement progressif des personnages dans une sorte de folie, la manière dont les voix et les fantômes de la cité s'emparent d'eux de manière insidieuse et imperceptible. J'ai aimé voir les différentes facettes de la conception de l'art que l'on rencontre tout au long du livre, celle de Carillon, qui à elle seule évolue déjà d'une conception qui semble au début fortement inscrite dans un cadre social pour finalement se révéler plus épurée, plus spontanée avec la précarité de sa condition, mais également celle que l'on rencontre dans la cité, comme une mémoire vivante, une espèce de force flottante et envoûtante qui finit par engloutir la raison des hommes et en même temps revivre à travers eux. La manière dont ces deux facettes se rejoignent et s'harmonisent est un moment que j'ai trouvé très fort et très beau dans ce livre.
Bref, je ne pensais pas en avoir autant à dire sur un livre aussi court, mais il se révèle tout de même très riche et passionnant, et apporte un éclairage nouveau et particulier sur le peuple du Désert des Pluies et ses origines. Ce petit livre m'a donné envie de terminer enfin la saga des Aventuriers de la Mer, qui est toujours en suspens depuis quelques mois, et de me plonger ensuite dans The Rain Wild Chronicles !
Cette lecture a été faite dans le cadre de la lecture commune organisée par Ptitetrolle, avec
Ce livre prend la forme d'un journal, écrit par Carillon, une aristocrate jamaillienne, exilée avec son époux et ses enfants vers les Rivages Maudits, ceux là-même dont il est question dans les deux grandes sagas. La colonisation dont il est question à plusieurs reprises dans Les Aventuriers de la Mer en est ici à son tout début, et ne s'avère pas des plus aisées. Le lieu où sont censés s'installer les colons est particulièrement inhospitalier et marécageux, et avant d'y vivre, ceux qui y ont été envoyés doivent tout d'abord, et tant bien que mal, y survivre.
Le personnage de Carillon est assez particulier, car elle ne nous apparaît pas immédiatement comme sympathique. Entraînée malgré elle, et presque à son insu, dans la disgrâce et l'exil de son mari, elle commence par s'abandonner à une colère (qui ne manque pas de légitimité, il faut bien le dire) qui lui fait parfois prendre des airs de grande dame outragée, hautaine et un peu agaçante. Artiste, issue d'une grande famille jamaillienne, sa position sociale la pousse d'abord à garder une distance entre elle-même et les gens du commun. Il est donc intéressant de voir comment tout au long du livre, elle mettra peu à peu sa fierté de côté, ou plutôt la reconstruira différemment au fil du récit, en comprenant petit à petit la vanité des différenciations sociales, mais également en affirmant son indépendance vis à vis de son mari, et en prenant en main sa survie, celle de ses enfants et celle des colons qui l'accompagnent.
J'ai bien aimé voir comment s'organisait peu à peu la vie précaire de la petite communauté, la naissance des fameuses villes suspendues du Désert des Pluies, ainsi que les origines de ce peuple particulier que l'on rencontre dans Les Aventuriers de la Mer et de façon plus anecdotique dans l'Assassin Royal. Lorsque l'on a lu les deux sagas, il est amusant de repérer les premières manifestations d'éléments, qui sont ici étranges et inconnus et qui, dans les sagas, étaient considérés comme acquis dès le départ. Cette communauté, plus particulièrement ici à travers le point de vue de Carillon, prend peu à peu conscience de l'indépendance qu'elle est forcée d'acquérir par rapport à Jamaillia, de son identité naissante, qui m'a surtout frappée au moment où Carillon, dans la datation de son journal, se perd dans les dates du règne du Gouverneur Esclépius, et commence à compter à partir de l'an 1 du Désert des Pluies.
D'autre part, la cité engloutie dont il est également question dans Les Aventuriers de la Mer, et que j'avais adoré découvrir dans cette saga, a ici un rôle assez important, puisqu'elle a une influence considérable sur la psychologie des personnages. Elle est à la fois inquiétante, mystérieuse, magnifique, dangereuse, envoûtante... le point de vue du personnage principal nous fait basculer dans cette atmosphère angoissante et profondément troublante, montrant le glissement progressif des personnages dans une sorte de folie, la manière dont les voix et les fantômes de la cité s'emparent d'eux de manière insidieuse et imperceptible. J'ai aimé voir les différentes facettes de la conception de l'art que l'on rencontre tout au long du livre, celle de Carillon, qui à elle seule évolue déjà d'une conception qui semble au début fortement inscrite dans un cadre social pour finalement se révéler plus épurée, plus spontanée avec la précarité de sa condition, mais également celle que l'on rencontre dans la cité, comme une mémoire vivante, une espèce de force flottante et envoûtante qui finit par engloutir la raison des hommes et en même temps revivre à travers eux. La manière dont ces deux facettes se rejoignent et s'harmonisent est un moment que j'ai trouvé très fort et très beau dans ce livre.
Bref, je ne pensais pas en avoir autant à dire sur un livre aussi court, mais il se révèle tout de même très riche et passionnant, et apporte un éclairage nouveau et particulier sur le peuple du Désert des Pluies et ses origines. Ce petit livre m'a donné envie de terminer enfin la saga des Aventuriers de la Mer, qui est toujours en suspens depuis quelques mois, et de me plonger ensuite dans The Rain Wild Chronicles !
Cette lecture a été faite dans le cadre de la lecture commune organisée par Ptitetrolle, avec
J'avais beaucoup aimé ce petit livre, Robin Hobb y fait encore une fois preuve de son immense talent! Et j'aime beaucoup ton analyse, aussi, tu as mis en lumière des choses que je n'avais pas forcément vues,je trouve ça super intéressant :D A bientôt Minidou!
RépondreSupprimerMoi j'ai adoré mais il est décidément trop court, j'aurais voulu continué à suivre leur installation...
RépondreSupprimerBonsoir Minidou,
RépondreSupprimerJ'aime beaucoup la chronique que tu as faite de cette fabuleuse histoire. Tu me confortes fortement dans mon désir de me lancer dès que possible sur la saga des Aventuriers de la Mer dont je n'avais encore jamais entendu parler avant de lire la couverture de ce livre! :D
J'ai moi aussi adoré l'évolution du personnage principal de l'emmerdeuse pédante en cheftaine rebelle et passionnée.
La place de l'art dans ce petit roman est très vite présente et de façon très intéressante en effet.
J'ai aussi beaucoup apprécié de voir se développer la communauté des marais pour créer ensuite la cité des arbres. Quand tu annonces que cette cité est toujours présente dans Les Aventuriers de la Mer, ça me fait rêver! :D Qui n'a jamais eu envie de vivre dans une cité faite de passerelles, de plateformes et d'échelles de corde?
Ouais je sais toutes les personnes qui ont le vertige! Mais pour les autres hein? Qui? ^_^
Tu as fait une superbe chronique sur ce livre ! Bravo ! J'ai aimé retrouver le style de Robin Hobb, j'ai bien aimé la nouvelle mais elle ne m'a pas plus marquée que ça. Faudrait peut-être que je continue à lire les ADM pour pleinement l'apprécier, j’avais abandonné après le tome 1.
RépondreSupprimerC'est vrai qu'il est très agréable de voir Carillon ravaler sa fierté pour se lier et aider les autres :)
RépondreSupprimerTu présentes très bien ce petit livre court mais intéressant.
RépondreSupprimerMe reste plus qu'à me lancer dans les ADLM :p
Whaou ! Quel article !!
RépondreSupprimerMais comme tu le dis si bien est roman court mais très riche et passionnant !
Et je crois que j'en suis à peu près comme toi dans la lecture, il me reste à lire les derniers tomes des Aventuriers de la mer et j'ai hâte de découvrir La Cité des Anciens ! ^_^