vendredi 10 mars 2017

All for the Game, book 1 : The Foxhole Court - Nora Sakavic


Neil Josten est un adolescent en fuite, cherchant à échapper à son père, un mafieux dangereux surnommé le Boucher. Il a trouvé refuge dans la petite ville de Millport, où il a intégré l'équipe d'Exy de son lycée, sa seule véritable passion. Il est repéré par l'Université de Palmetto State pour rejoindre l'équipe des Foxes, une équipe qui donne une seconde chance aux jeunes en difficulté. Mais rejoindre cette équipe pourrait aussi signifier pour Neil renouer avec un passé qu'il préférerait ne pas avoir à affronter.

Je n’avais pas prévu de faire une chronique sur ce livre, estimant que je lui avais déjà accordé plus de temps qu’il n’en méritait en me forçant à le lire jusqu’au bout. Mais trop de choses m’ont dérangée, frustrée, agacée dans ce roman, malgré sa brièveté (seulement 200 pages en eBook… heureusement parce que sinon je l’aurais abandonné sans regret!) et au bout d’un moment, il faut que ça sorte.

J’avais commencé ce roman par curiosité, sur les recommandations d’une amie, et aussi parce que le thème me permettait de valider un item du Challenge Coupe des Quatre Maisons qui me posait problème (un livre où le sport tient une place importante.) Même si l’aspect sportif de la chose ne m’intéressait pas plus que cela, on m’avait fait miroiter une palette de personnages intéressants et travaillés, ce qui, en règle générale suffit à me faire accrocher à un livre, quel qu’en soit le sujet, et même si l’intrigue pèche un peu.

Ici, rien, absolument rien, n’a réussi à me faire accrocher. Je pensais avoir atteint le summum de l’ennui avec Twilight, mais The Foxhole Court m’a vraiment fait remettre ce record en question. L’histoire est racontée du point de vue de Neil, un adolescent qui se cache pour échapper à son père mafieux (que l’on surnomme le Boucher - très original). Peu à peu, on apprend sous forme de flashbacks quelques éléments de son passé (pas beaucoup) et la manière dont il a échoué à Millport où il a rejoint l’équipe d’Exy de son lycée, ce qui lui a permis d’être repéré par l’équipe de Palmetto State University, les Foxes, une équipe de bras cassés auxquels on a accordé une deuxième chance. Déjà, j’ai envie de remarquer qu’on n’intègre pas une équipe sportive d’un tel niveau et sur laquelle sont braqués les yeux de toute la nation quand on veut à tout prix conserver son anonymat, mais passons sur cette incohérence (il y en a tellement d’autres, il y a de quoi faire, de toute façon.)

A partir de là, tout fout le camp. Neil n’est pas particulièrement malin, ni particulièrement attachant (il m’a rappelé Edward Cullen qui passe son temps à répéter à Bella qu’il est trop dangereux pour elle tout en restant scotché à elle en permanence… ici, Neil passe son temps à répéter que rester avec les Foxes finira par le faire repérer - oui, c’est l’évidence même - ce qui ne l’empêche pas de rester quand même…) et il passe trop de temps à s’apitoyer sur son propre sort pour prêter attention à ce qui l’entoure. Le résultat est que dans ce premier tome, non seulement il ne se passe rien d’intéressant pendant 90% du roman, puisque Neil se contente de ne rien faire, mais on n’apprend absolument rien sur les autres personnages, puisqu’ils traitent Neil avec autant de considération que s’il était une serpillière, et Neil ne cherche pas à en savoir plus sur eux.

Cela étant, on n’a pas vraiment envie d’en apprendre plus sur eux. Entre le coach qui prétend donner des secondes chances mais n’a visiblement aucune idée de la manière d’encadrer correctement des jeunes à problèmes, les gamins qui se collent des beignes à la moindre occasion et sont incapables de travailler en équipe, et à côté de ça des choses complètement aberrantes comme les ados rebelles qui boivent et se droguent au nez et à la barbe des éducateurs (alors qu’ils sont censés être des sportifs de niveau quasi pro quand même…), le type clairement homophobe qui insulte allègrement son coéquipier gay sans jamais se faire reprendre, Neil qui se fait droguer à son insu puis embrasser contre son gré sans que cela dérange personne (parce que le consentement, c’est surfait, n’est-ce pas…) ou le simple fait de croire qu’une équipe aussi dysfonctionnelle ait la moindre chance de collaborer suffisamment longtemps pour jouer un match de quoi que ce soit … la liste est longue.

Et je n’ai pas encore parlé du sport qui est censé être au coeur du roman : l’Exy. Il est décrit comme un mélange de lacrosse, de football et de hockey, mais en dehors de cela, rien n’est expliqué sur le fonctionnement du jeu, la constitution des équipes, les règles de bases, les points, les stratégies… d’après ce que j’ai compris, l’auteur ne s'y connaissait pas suffisamment pour utiliser un sport déjà existant (on peut se demander : mais pourquoi écrire un livre centré sur le sport dans ce cas là…). Le problème, c’est que l’on ne peut pas inventer un sport de toutes pièces sans comprendre comment fonctionnent les autres sports dont il est censé dériver. Avec l’Exy, on est juste dans le flou, on comprend vaguement qu’il y a des raquettes (je ne suis d’ailleurs pas certaine que l’auteur sache exactement de quoi elle parle en employant ce mot…) des murs en plexiglas (pourquoi???) des équipes au nombre aléatoire, et une balle avec laquelle visiblement il faut marquer des points (comment???) Il y a une description d’un match d’Exy en fin de roman qui, en l’absence de toutes ces informations, est juste longue, pénible et d’un ennui mortel.

Enfin, pour boucler sur l’aspect le plus irritant de ce roman : les personnages. Aucun n’est attachant, ni suffisamment développé pour susciter un quelconque intérêt. Nicky semble ne se définir que par son orientation sexuelle, qu'il prend bien soin de rappeler lourdement à tout le monde à chaque fois qu’il en a l’occasion, quitte à mettre les autres mal à l’aise devant son insistance (au risque d'enfoncer des portes ouvertes : non, être gay ne signifie pas vouloir se jeter indifféremment sur tout individu de sexe masculin). Aaron ne sert strictement à rien (remplacez le par une plante en pot, et l’histoire n’en sera pas le moins du monde affectée.) Quant à Andrew, qui est de toute évidence censé être le personnage intriguant et mystérieux du lot, il n’est un ramassis de clichés et d’incohérences. Entre son traitement médical qui a des effets complètement ridicules, le fait qu’on le laisse jouer sans aucune supervision ni suivi digne de ce nom (il voit un psy, paraît-il, mais pour tout le bien que ça lui fait…) alors qu’il est de toute évidence un danger pour ses coéquipiers et pour lui-même (à moins qu’il soit normal aux Etats-Unis de se promener avec une panoplie de couteaux dans les manches pendant l’entraînement, et d’en menacer ses coéquipiers, naturellement, mais j’en doute) la possessivité malsaine dont il fait preuve à plusieurs reprises et surtout, que tout le monde ait l’air de le considérer comme le seul capable de les sauver des méchants yakuzas, alors qu'il n'a absolument rien de spécial, ce personnage est incohérent et excessif à tous les niveaux. 

Les personnages n’ont aucun capital sympathie, et personnellement, je me moque bien de ce qui va leur arriver dans la suite, qu’ils deviennent champions d’Exy (ça me ferait bien rire) ou qu’ils se fassent décimer un à un par les yakuzas. Le seul personnage, qui ait éveillé un peu d’intérêt chez moi (et à qui, pour le coup, j'avais vraiment commencé à m'attacher) est Renee, car elle est la seule dont on se demande vraiment ce qu’elle fait dans cette équipe et quels événements de son passé l’ont conduite là. Sa douceur apparente, en plus de la rendre immédiatement plus sympathique que tous les autres, semble dissimuler une dureté qui lui apporte un semblant de complexité, mais comme ce personnage n’est absolument pas développé (et qu’il ne semble pas, de toute façon, être voué à devenir un personnage de premier plan) cela ne suffit pas à sauver le reste.

On touche là le plus gros problème de ce roman. Je ne doute pas qu’il y ait une explication (même ridicule) à toutes les incohérences et toutes les choses qui m’ont énervée dans ce premier tome, mais la manière dont l’action est gérée ne donne pas envie de lire la suite pour les découvrir. A la fin du premier tome, les personnages n’ont pas évolué d’un pouce et on en sait si peu sur eux qu’ils sont tous quasiment interchangeables. D’une manière générale, l’auteur a du mal à doser ses révélations, on reste dans le flou en permanence, et le résultat est que, quand il commence enfin à se passer quelque chose (soit dans les 20 dernières pages - je n’exagère pas, j’ai compté) cela fait longtemps que l’on a cessé de prêter attention aux personnages et à ce qui leur arrivait. Ajoutez à cela le fait que l’auteur semble ne maîtriser aucun des sujets qu’elle se proposait d’aborder dans ce roman (le sport, les troubles mentaux, la drogue, la mafia etc…) et l’ensemble donne l’impression d’un récit brouillon, creux, qui ne va nulle part et dont on voit arriver la fin avec soulagement.

Bref, je n’ai absolument pas été convaincue par ce premier tome. Cela dit, le livre a apparemment fait fureur sur tumblr, et il rassemble d’excellentes critiques sur Goodreads, donc c’est peut-être moi qui ne suis pas réceptive, d’autant que mes lectures, notamment en fantasy, m’ont habituée à des intrigues plus riches et des personnages psychologiquement mieux travaillés dès les premiers tomes (j’ai lu The Foxhole Court juste après deux tomes de Robin Hobb, et Nora Sakavic ne tient évidemment pas la comparaison ni au niveau du style ni au niveau de la construction des personnages). Je suis, d’une manière générale, devenue beaucoup plus exigeante sur mes lectures ces dernières années, et peut-être que j’aurais un peu mieux adhéré à cette saga si je l’avais lue il y a 5 ou 6 ans. Sans compter que, vu le déséquilibre du roman, un bon travail d'édition l'aurait, à mon avis, rendu bien meilleur, ou en tout cas plus lisible en tant que premier tome. En l'état actuel des choses, ce n'est qu'une très longue introduction qui ne nous apprend rien ou presque, et qui ne m'a personnellement pas du tout donné envie de lire la suite.

Le seul avantage de cette déception, c'est qu'elle me rapporte finalement 60 points au lieu de 30 pour le Challenge des Quatre Maisons.

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