lundi 12 septembre 2011

Harry Potter and the Order of the Phoenix - J.K. Rowling


Titre VF: Harry Potter et l'Ordre du Phénix

/!\ Risque de spoilers!!!

la cinquième année à Poudlard ne s'annonce pas de tout repos pour Harry Potter. Sans nouvelles de ses amis depuis le retour de Voldemort à la fin de l'année précédente, il doit faire face seul à une attaque de Détraqueurs, est menacé d'expulsion, et doit affronter dès la rentrée les rumeurs que le Ministère, peu désireux de croire au retour de Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom, fait courir sur lui, tâchant de faire passer le Survivant pour un déséquilibré, et Dumbledore pour un vieillard sénile. Pour ne rien arranger, la cinquième année doit également déboucher sur d'importants examens, les BUSE, qui détermineront les choix et l'avenir de Harry et de ses camarades de classe...

Un cinquième tome qui reste, après le tome 3, un de mes tomes préférés de Harry Potter, peut-être pour la raison toute simple que c'est le premier pour lequel il m'ait fallu trépigner d'impatience en attendant sa sortie française, et sur lequel je me sois jetée voracement pour le dévorer dès réception en une seule petite nuit. Mais même à la relecture, je reste toujours aussi fascinée, certainement d'abord parce que c'est un des tomes que je trouve les plus éprouvants, nerveusement parlant. Il s'en dégage pour plusieurs raisons une atmosphère crispante, un sentiment de contrariété permanent, qui ne vient pas seulement, comme il me semblait m'en rappeler avant relecture, de la crise d'adolescence des personnages.


Car même s'il est évident que certains des personnages, et particulièrement Harry, ont tendance à être des boules de nerfs et à éclater sans crier gare, on peut constater qu'il est malgré tout souvent difficile de les en blâmer (même si quelquefois, des clash surviennent sans raison apparente, mais encore une fois, je trouve que cela fait partie de la justesse des personnages. Honnêtement, que celui qui n'a jamais reporté sur son entourage sa mauvaise humeur en période de stress ou de frustration jette la première pierre à Harry. Il a beau se montrer parfois très exaspérant, je crois que je l'aurais giflé bien plus volontiers s'il avait joué les héros stoïques et impassibles, en étant confronté aux rumeurs et à l'incompréhension auxquelles il doit faire face.)

La tension essentielle du livre réside dans deux éléments directeurs de ce cinquième tome, à savoir le déni systématique du Ministère de la Magie quant au retour de Voldemort, et ce qui en découle, à savoir la volonté du Ministère de prendre de contrôle de Poudlard et d'évincer Dumbledore. Personnifiant tout cela, on en arrive à ce que je considère comme l'un des personnages de fiction les plus haïssables que je connaisse: Dolores Ombrage qui est l'élément perturbateur le plus irritant jamais rencontré dans cette saga, Voldemort et Mangemorts inclus. Elle est le personnage qui concentre tout ce qu'il y a de plus exécrable dans l'abus d'autorité, l'intolérance et l'aveuglement du Ministère, ajouté à des manières hypocrites et doucereuses au point d'en être franchement horripilantes.

Ce qui fait tout l'intérêt de ce cinquième tome, en tant que premier de la seconde partie, beaucoup plus sombre de la saga, est qu'il ne se limite plus au cadre du collège Poudlard, mais préfigure le conflit latent qui menace tout le monde la Magie depuis le retour de Voldemort. Tout ce tome traite finalement du moment de conflit entre ceux qui savent la guerre inévitable et tentent de se préparer au pire, et ceux qui font l'autruche en croyant que ceux qui les mettent en gardent ne cherchent qu'à semer le trouble dans leur existence tranquille. Cet élargissement des enjeux est également matérialisé par un élargissement spatial: Poudlard n'est plus le seul cadre des évènements importants, on explore ici plus en détails d'autres institutions sorcières comme le Ministère de la Magie, l'hôpital Ste Mangouste ou simplement des lieux inconnus, comme le 12 Square Grimmaurd, la place de sûreté glaciale et inquiétant de l'Ordre du Phénix, ou la Tête de Sanglier.

Malgré tout, une bonne partie de la lutte est concentrée tout de même à Poudlard, sur la personne de la sus-citée Dolores Ombrage. A la lutte clandestine contre Voldemort, que l'on ne suit finalement que de loin, car il n'est révélé que peu de choses à nos héros, s'ajoute donc la double lutte de Dumbledore contre le Ministère et de Poudlard contre sa Grande Inquisitrice (ha ha ha!). Il est souvent très intéressant, voire très drôle de voir toute l'école, élèves comme professeurs lutter de manière plus ou moins subtile contre les mesures prises par Ombrage pour prendre le contrôle de l'opinion et empêcher la propagation d'idées contraire à celles véhiculées par le Ministère au travers de la Gazette du Sorcier (où l'on voit l'influence profonde que peut avoir la presse sur l'opinion, comme c'était déjà suggéré dans le tome précédent.) Ce cinquième tome confirme mon admiration entière et éternelle pour le professeur McGonagall, dont chaque intervention en présence d'Ombrage est piquante et épique (avec ce qu'elle nous fait subir, ce que c'est bon de voir ce crapaud en cardigan se faire remettre à sa place!)

Puisque l'on en est là, autant dire que l'on voit certains personnages dans ce tome sous un angle nouveau. Particulièrement, le rôle de certains dans l'ordre du Phénix (ou hors de l'Ordre, d'ailleurs) leur donne une épaisseur que l'on ne leur soupçonnait peut-être pas, à commencer par la famille Weasley: Arthur et Molly en membre actifs de la lutte anti-Voldemort par exemple, mais on peut aussi noter le rôle des sorciers du ministère et particulièrement des espions au sein des Aurors, les professeurs qui sortent de leur cadre habituel d'enseignement pour prendre leur place dans les luttes qui secouent le monde magique... certains y gagnent en ambiguïté, je pense tout particulièrement au professeur Rogue, sur lequel on apprend certaines choses qui finalement ne font que semer encore plus le doute sur le personnage. Par ailleurs, on regrette l'aveuglement d'autres personnages dont on aurait espéré un peu plus (ceux qui ont lu comprendront si je parle de Percy Weasley, entre autres). D'autres en revanche, révèlent des talents dont on aurait pu les croire dépourvus, et c'est d'autant plus plaisant de les voir évoluer et prendre de l'assurance (je pense à Ron ou Neville, par exemple. Mais également à Ginny Weasley, qui commence à avoir une véritable présence dans la Grygry-team!).

Parmi les nouveaux personnages ou ceux qui prennent de l'importance, la part belle est pour une fois faite aux Serdaigle dans ce tome (ça y est, j'ai trouvé pourquoi je l'aimais autant! Ravenclaw rules!) en la personne de Cho (même si sa romance avec Harry ne va pas très loin et finit en queue de poisson il faut bien le dire...) mais surtout de Luna Lovegood, un de mes personnages préférés de la saga! J'aime son côté décalé et un peu dingue, sa manie de dire les choses avec une simplicité tellement confondante qu'elle paraît déplacée, le fait qu'elle croie en des choses incroyables, et que malgré son côté tête-en-l'air et dans la lune, elle soit une sorcière compétente et pleine d'esprit. Malgré tout, aucun n'est à l'abri d'erreurs de jugement et après plusieurs relectures, il apparaît que J.K. Rowling parvient souvent subtilement à nous faire imprimer le ressenti de Harry sur le nôtre et que certains éléments ou comportements analysés d'un point de vue extérieurs se voient parfois jugés de façon beaucoup moins sévère (en tout cas c'est mon impression, mais je trouve toujours que c'est bon signe quand des personnages sont suffisamment complexes pour que l'on puisse commencer à leur chercher des excuses.)

Enfin, sortis de toutes les luttes contre le Ministère ou Voldemort, subsiste un sujet de tension cette fois directement lié à Poudlard et aux études de nos héros: les BUSE! La masse de travail à laquelle se trouvent confrontés les personnages est telle qu'elle leur laisse peu de temps pour autre chose, et l'on sent monter, tout comme en véritable période d'examens, le stress des révisions, avec une description plus qu'exacte des comportements divers rencontrés dans ce genre de situations: ceux qui stressent tout le monde en étalant fièrement leur programme de révisions inaccessible au commun des mortels (je connais de vrais gens comme ça =p) ceux qui plongent jusqu'à la dernière minute dans leurs notes pour revoir un dernier détail et mordent tous ceux qui osent les perturber dans leurs révisions (ça c'est moi XD) ceux qui appréhendent de ne pas être au niveau, ou ceux qui s'y sont pris trop tard et ont peur de ne pas réussir à tout retenir à temps... encore une fois, en faisant coller la réalité du monde des sorciers à notre propre réalité académique, J.K. Rowling nous rend cet univers encore plus tangible, plus proche, et ce malgré les évènements dramatiques qui touchent les personnages et le monde des sorciers en général. Dans cette atmosphère de conflit latent, et au milieu des bouleversements que subit l'école, les examens, malgré la tension qu'ils engendrent, apparaissent presque comme un éclair de normalité bienvenue.

Bref, une chronique très longue pour le plus long tome de cette saga, qui malgré tout ne manque certainement pas de rythme ni d'émotions! Mais le sentiment qui prédomine à la lecture reste quand même une certaine frustration, voire parfois l'irritation pure et simple, face au comportement de certains personnages. Mais c'est un sentiment clairement provoqué à dessein, qui est parfois relâché par des soupapes diverses: soit par un mouvement de résistance contre le facteur irritant (et je ne parle pas seulement de l'AD (Anti-Dolores =p) mais aussi par exemple des protestations contre la mauvaise humeur de Harry.) soit par des traits d'humour, loin d'être absents du livre, soit par des retours à des préoccupations normales, Quidditch, travail scolaire ou autres. Tout cela nous permet également d'explorer plus en détails de nouveaux aspects du monde magique. En dépit de son côté un peu éprouvant pour les nerfs, l'Ordre du Phénix reste donc le tome que je préfère, après le Prisonnier d'Azkaban ^^!

Un petit extrait là-dessus, parce que quand même, McGonagall mérite bien ça! (seulement en VF par contre parce qu'il est un peu long ^^'')

"- Hum hum, dit le professeur Ombrage.
- Oui? répondit le professeur McGonagall qui se tourna vers elle, les sourcils si rapprochés qu'ils semblaient former une seule ligne, longue et rigide.
- J'étais en train de me demander, professeur, si vous aviez reçu mon petit mot vous indiquant le jour et l'heure de mon inspec...
- Bien sûr que je l'ai reçu, sinon je vous aurais demandé ce que vous faisiez dans ma classe, répliqua le professeur McGonagall, en tournant résolument le dos au professeur Ombrage.
   De nombreux élèves échangèrent des regards réjouis.
- Comme je le disais, nous allons pratiquer aujourd'hui une Disparition plus difficile, celle d'une souris. Le sortilège de Disparition...
- Hum hum.
- Je ne vois pas très bien, dit le professeur McGonagall avec une colère froide, comment vous espérez vous faire une idée de mes méthodes d'enseignement si vous persistez à m'interrompre sans cesse. En règle générale, je ne permets à personne de parler en même temps que moi.
   On aurait dit que le professeur Ombrage venait de recevoir une gifle. Elle ne répondit pas un mot mais ajusta son parchemin sur son bloc-notes et se mit à écrire frénétiquement."




Un livre lu dans le cadre de la lecture commune organisée par Kayleigh


avec






Et vingtième lu dans le cadre du Challenge God Save the Livre



2 commentaires:

  1. Alors là je dis "Bravo ! ". Quelle chronique magnifique : tu as tout dit et en même temps parfaitement résumé les ressentis que l'on peut avoir dans ce tome, que j'aime aussi beaucoup.
    Ah et McGonagall : complètement fan aussi de ta dernière citation ! J'aimerais certains jours pouvoir remettre les gens à leur place d'une manière aussi correcte et radicale :D
    J'adopterais bien aussi ton logo Serdaigle ;) si cela est possible ;)
    Tu me donnes envie de le relire alors que cela fait moins d'un an que je l'ai fait :S

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  2. Merci =^^=! Ah wi, McGonagall est juste extraordinaire dans ce cinquième tome, c'est assez drôle de la voir se rebeller (j'adore aussi quand elle dit à Peeves de dévisser le lustre dans l'autre sens ou l'entretien d'orientation de Harry =D).
    Pour le logo Serdaigle, pas de souci, j'approuve toutes les initiatives qui pourront un jour permettre la reconnaissance de Serdaigle comme meilleure maison de Poudlard =p!

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