Le Cercle des poètes disparus - N.H. Kleinbaum

Pour les élèves du collège Welton, les maîtres mots sont le travail et la réussite. Ils sont là, avant tout, pour intégrer des écoles prestigieuses, devenir des personnes respectables, et faire honneur à leur établissement et à leur famille. Mais M. Keating, un professeur de littérature excentrique et passionné, va s'efforcer d'inculquer à ses élèves un précepte essentiel, au delà de la réussite académique: Carpe diem, profite du jour présent...

Même si cela paraît inconcevable, je fais partie des gens qui n'ont jamais eu le plaisir de voir le film Le Cercle des Poètes Disparus. J'ai donc plus ou moins découvert l'histoire avec ce livre, qui est donc apparemment une novélisation, ce que j'ignorais en le commençant (merci Niënor ^^). Je dois dire que le bilan est dans l'ensemble plutôt positif, puisque j'ai maintenant très envie de combler au plus vite cette lacune de ma culture cinématographique (déjà pas bien fournie, je l'avoue.)

Le livre est très court, et s'attache directement à l'essentiel, ce qui fait que l'on est d'emblée plongé dans l'univers froid, strict et oppressant du collège Welton, et les portraits des principaux personnages sont dressés en quelques lignes, tout en mettant en lumière la pression qui est mise sur leurs épaules, et le caractère mortifère de cet environnement. Il enferme en effet les élèves dans un carcan académique qui les entrave et les empêche de s'épanouir pleinement, une ambiance parasitée par la peur de l'échec, la peur des réprimandes ou encore tout simplement la peur de décevoir. C'est ce carcan que l'excentrique, et malgré tout énigmatique Mr. Keating va venir briser, avec son précepte simple mais qui va bouleverser les traditions de Welton, et avec la résurrection du Cercle des poètes disparus.

Si ce Cercle est bien reformé à l'initiative des élèves, c'est naturellement Mr. Keating qui en est l'instigateur, et il est intéressant de le voir éveiller la curiosité de ses élèves, de les aiguiller, de leur laisser le choix de suivre ses conseils ou non. Le personnage lui-même reste très intriguant, et l'on apprend finalement peu de choses sur lui, sinon qu'il fut lui même étudiant à Welton. Mais on apprécie ses méthodes peu orthodoxes, qui apportent une bouffée d'oxygène dans l'atmosphère oppressante de Welton, et qu'il associe à l'étude de la poésie pour faire comprendre à ses élèves que le bonheur ne dépend pas de la réussite académique et que c'est à eux de décider de ce qu'ils veulent être.

On voit donc tout au long du livre les transformations qui s'opèrent chez les élèves de Keating, tous d'une manière différente, mais toujours visant un même but: l'épanouissement personnel, l'affirmation de soi, l'audace de s'affranchir des contraintes académiques. On voit ainsi Todd, le garçon effacé, écrasé par l'ombre du frère qui l'a glorieusement précédé, prendre peu à peu confiance en lui, et prendre conscience de sa propre valeur, le jeune Neil, bridé par l'autorité de son père, braver l'interdit et trouver sa vocation sur les planches, ou encore Knox, l'amoureux éperdu, tenter de conquérir sa belle. On s'attache très rapidement à cette bande de garçons, et l'on voit avec plaisir et émotion l'enseignement de Mr. Keating porter ses fruits.

Le seul vrai défaut que je peux trouver à ce livre, et qui m'a empêché de l'apprécier pleinement, c'est qu'il est très court. Dans le sens où les différents personnages sont du coup relativement survolés, puisque l'on s'attache aux pas de tout un groupe de garçons, on suit leur évolution avec intérêt, mais assez rapidement et en pointillés. Privée de l'appui de l'image, la novélisation n'en profite pas pour approfondir l'introspection des personnages, ce qui donne une certaine froideur au style. C'est dommage car l'histoire elle-même est très émouvante, et l'on aimerait voir mieux explorée toute l'influence de l'enseignement de Keating sur le élèves, comment chacun s'approprie ses préceptes pour les faire siens, de quelle manière ils évoluent. D'autant plus que les personnages sont très attachants, et l'on aimerait pouvoir rester un peu plus longtemps en leur compagnie, mais le sentiment d'être laissé un peu à l'écart donne une certaine impression d'inachèvement. Ce défaut ne gâche pas, malgré tout, ma bonne impression sur l'histoire elle-même, j'y suis d'ailleurs allée de ma petite larme sur la fin. Mais je pense que la petite touche de couleur qui manque dans l'écriture doit se retrouver bien mieux avec l'image, et il me tarde maintenant de voir le film!

Un livre lu dans le cadre du challenge Marmotte