mercredi 12 avril 2017

Le Puits des âmes - Christian Léourier


Le jour où Henwen meurt, Gald et son frère aîné Finn apprennent, stupéfaits, que le corps chétif de la vieille femme abritait l’Âme du monde.
Pour restaurer l’Harmonie menacée par cette disparition, il faut aller jeter l’urne contenant les cendres d’Henwen dans le Puits des origines, d’où l’Âme du monde resurgira pour se réincarner. Et c’est à Finn que revient cet honneur. Mais à peine s’est-il mis en route que surgissent de mystérieux cavaliers sans visages…

C'est la première fois que je lis un roman de Christian Léourier (même si j'ai plusieurs de ses romans dans ma PAL et dans ma wish-list - c'est un auteur que j'ai envie de découvrir depuis un certain temps) et ma première incursion dans son univers avec Le Puits des âmes me semble plutôt prometteuse, malgré quelques petits points qui m'ont un peu chagrinée.


La première moitié du roman m'a parue assez classique, avec une quête pour aller jeter les cendres d'Henwen dans le Puits des âmes, le voyage de Gald, qui se montre tour à tour d'une naïveté désarmante, ou d'une assurance presque orgueilleuse, et ses rencontres avec divers personnages parfois hostiles, parfois bienveillants, et même souvent les deux. Mais elle trouve sa résolution assez rapidement, et ce n'est finalement qu'après l'accomplissement de cette quête que la véritable aventure semble commencer (du coup, ça va être difficile d'en parler sans spoiler.)

D'une certaine manière, si j'ai trouvé très sympathiques toutes ces rencontres et que je me suis attachée rapidement à certains des compagnons que Gald rencontre sur son chemin (les compagnons d'aventure, notamment) j'ai parfois trouvé que Gald avait la partie un peu facile et trouvait parfois de l'aide par pure chance plutôt que par son mérite (finalement, aucune des créatures qu'il rencontre sur sa route n'est réellement une menace pour lui.) Mais cette facilité a aussi quelque chose de rafraîchissant, car c'est la charmante franchise et la curiosité naïve de Gald qui lui permettent de se sortir de bien des mauvais pas, et l'on est curieux à chaque fois de voir comment la situation va se retourner en sa faveur. Les monstres qui croisent sa route, et pourraient lui donner du fil à retordre s'avèrent en réalité des créatures sinon pacifiques, du moins raisonnables, et parfois même plutôt sympathiques, malgré leur aspect terrifiant. Ce qui pourrait passer pour de la facilité, peut en fait être perçu comme des retournements de situation parfois assez inattendus, et dans l'ensemble cela m'a beaucoup plu.

L'écriture de Christian Léourier est efficace, et se lit avec plaisir. Son univers est suffisamment développé pour nous donner à voir la diversité des peuples qui constituent le monde qu'il nous décrit et ses croyances (notamment celles autour des différentes âmes, qui sont partagées par Gald et les Compagnons d'aventure, mais pas par les Fils du Vent, par exemple, mais aussi d'autres forces plus obscures ou énigmatiques, comme le Peuple, et bien évidemment les mystérieux envahisseurs du Trévad) Mais il en reste à l'essentiel, sans se perdre dans des explications sans fin, ce qui est d'autant plus appréciable qu'il s'agit d'un one-shot (même si c'est parfois frustrant, il faut bien l'admettre.)

J'avoue avoir ressenti un petit coup de mou dans la deuxième partie car elle prend une tournure plus globale, en opposition avec la quête personnelle de Gald dans la première partie. Gald est toujours au coeur du récit, mais il est entouré de forces bien plus imposantes, qui rendent l'attachement et l'implication un chouïa plus difficile, à mon avis. On est beaucoup plus dans la stratégie militaire et politique, ce qui a son intérêt mais distancie énormément le regard que l'on porte sur les événements. Résultat, si j'ai dévoré la première partie relativement rapidement, j'ai traîné comme un escargot sur la deuxième, car je ne me sentais pas du tout concernée par ce qui arrivait.

Un des points intéressants de cette deuxième partie est le changement que l'on voit s'opérer chez Gald, du gamin un peu naïf du début, en un vrai chef de guerre, fin stratège, mais un poil arrogant. C'est finalement cet aspect qui donne tout son intérêt à cette partie du récit, j'ai donc trouvé dommage qu'il soit noyé sous des considérations stratégiques un peu froides. J'aurais aimé rester un peu plus proche des personnages et de leur point de vue, car cette vision globale et distanciée rend vraiment difficile de s'impliquer émotionnellement, même si personnellement, j'ai aimé les tous derniers chapitres qui retrouvent un peu cet aspect plus "humain" du récit.

Bref, globalement, j'ai bien aimé cette découverte, même si la deuxième partie m'a moins enthousiasmée que la première, principalement car elle est souvent assez impersonnelle. Il y a de grandes batailles qui pourraient passer pour des climax mais n'en sont pas, ce qui est parfois déroutant, et ce sont finalement les escarmouches et les petites opérations à taille humaine qui parviennent tout de même à conserver de l'intérêt pour le récit. L'évolution de Gald, qui est un aspect important de la deuxième partie du livre, se fait un peu avec de gros sabots, et d'une manière générale, il a parfois la partie un peu facile. Malgré tout, c'est un roman que j'ai pris plaisir à lire, dont j'ai apprécié découvrir les personnages et suivre les aventures du héros. Comme pour tout one-shot, j'imagine qu'il y aurait encore beaucoup à dire sur l'univers de ces Cinq Royaumes, et bien des questions sont toujours sans réponses, mais l'aperçu que l'on en a ici est déjà très fourni et fascinant. Et puis, j'ai bien aimé la toute fin, qui rattrape un peu l'ennui que j'ai pu ressentir parfois pendant la deuxième partie du roman. Même si ce n'est pas un coup de coeur, je compte bien poursuive ma découverte des oeuvres de cet auteur.

11e livre lu dans le cadre du challenge ABC Littératures de L'Imaginaire

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