jeudi 15 août 2013

Fondation Deus, tome 1 : Le Veilleur - Pierre-Arnaud Francioso


Alors qu'il est en visite à Aqualand avec ses parents et sa petite soeur, Eloi se retrouve mystérieusement, et bien malgré lui, transporté au sein de la Fondation, une école bien étrange où des professeurs rien moins que rassurants lui apprennent qu'il est un mutant, lui, et les dizaines d'autres enfants enlevés en même temps que lui. La situation se fait de plus en plus délicate pour Eloi tandis qu'il apprend à maîtriser ses étranges capacités, et tente en même temps de percer les terribles secrets de la Fondation. 

Cela fait maintenant un long moment que j'ai lu ce livre, et que la chronique attend, à moitié écrite dans mon petit cahier. Enfin, je me décide à la rédiger, avant d'oublier totalement ce que je voulais en dire, car c'est vraiment un livre qui m'a happée dès le début et ne m'a plus lâchée. Au point qu'il m'a fait faire quelque chose qui ne m'arrive que très rarement, voire même jamais: sitôt le tome 1 achevé, j'ai foncé acheter le tome 2 que j'ai dévoré sur l'heure. D'une traite.

En effet, les pages de ce roman se tournent littéralement toutes seules, principalement grâce à une écriture simple et efficace qui va à immédiatement à l'essentiel. On plonge immédiatement dans le vif du sujet, car Eloi, notre héros, se retrouve bien vite au sein de la Fondation. Les pages introductives sont bien vite passées, et sans crier gare, nous voilà propulsés dans un lieu totalement inconnu, ce qui peut s'avérer au début un peu déstabilisant, peut-être un peu trop rapide. Mais cette brusquerie du départ et la confusion qui en découle ne fait que renforcer le lien avec le héros qui se retrouve lui aussi complètement désorienté par le brusque changement de décor, et doit s'adapter rapidement à la vie au sein de la Fondation.

La Fondation elle-même est un lieu étrange, inquiétant, qui ressemble à un mélange effrayant entre le Poudlard de Harry Potter, l'école des mutants de X-men, et l'institut Bolvangar de la Croisée des Mondes. Et c'est d'autant plus déstabilisant que les professeurs de ce curieux établissement sont eux-mêmes très ambigus. S'ils paraissent au premier abord durs et sévères, ils ne sont pas pourtant aussi méchants que l'on pourrait s'y attendre de la part de gens qui viennent arracher des enfants à leurs familles pour les enfermer dans une école de mutants. Le professeur Serber (qui a un faux air de Severus Snape je trouve, ou alors c'est juste moi?) est immédiatement antipathique, tant pour Eloi que pour nous, mais il a de petits élans encourageants qui nuancent un peu son coté sévère. Erago est celui qui m'a vraiment donné froid dans le dos. Sans être particulièrement méchant, ni même particulièrement gentil, il est surtout glacial, et sa façon de rester impassible en annonçant les choses les plus horribles donne la chair de poule.

Les autres professeurs dans l'ensemble ne sont pas toujours de mauvais bougres. Cela ne les rend pas toujours sympathiques pour autant. Certains se montrent encourageants, parfois presque bienveillants, mais tous font mine de fermer les yeux sur les événements étranges de la Fondation, et ne cherchent même pas à cacher les atrocités qui peuvent être commises dans le bâtiment. Ainsi, entre disparitions, meurtres, agressions, discipline de fer et menaces de mort, on comprend bien vite que l'on a moins affaire à une école qu'à un camp d'entraînement, et que le moindre faux pas peut coûter la vie aux élèves. Savoir cela crée avec efficacité une atmosphère de malaise et d'angoisse qui persiste tout au long du roman.

Certaines choses sont parfois un peu téléphonées (je pense qu'un lecteur plus jeune y serait moins sensible, mais on devine tout de même certaines choses à l'avance avec un regard adulte plus attentif) mais cela ne gâche pas le plaisir de la lecture. Au contraire, cela crée une anticipation qui renforce l'impression de malaise qui se dégage du récit et du lieu. On s'attend à ce que quelque chose se passe, tout en espérant que le personnage va parvenir à y échapper, et c'est ce qui crée aussi en permanence une tension dans le récit.

J'ai aussi particulièrement apprécié le travail sur l'onomastique, et les petits clins d'oeil disséminés par l'auteur à ce niveau (je suis toujours une grande fan de ce genre de détails). Même si certains enfants ont des prénoms assez improbables, la plupart ont le mérite de renseigner très rapidement sur le genre de pouvoir qu'ils vont développer (Vulcain, Kaze, Sibylle... je vous laisse faire les déductions sur le type de pouvoir que ces gamins peuvent avoir^^)

Finalement, il y a de petits défauts, évidemment, mais c'est assez difficile de parler de ce qui manque dans ce premier tome, dans la mesure où certaines des questions qui sont laissées en suspens ici peuvent tout à fait être résolues dans la suite: d'où viennent les pouvoirs des mutants, quels buts poursuivent-ils, quel est le rôle de la Fondation, où se trouve t-elle, comment les enfants sont-ils choisis et même tout simplement, comment sont-ils enlevés... il y a encore beaucoup de choses qui restent mystérieuses à la fin de ce premier tome. Mon seul reproche serait peut-être simplement cette rapidité dans l'enchaînement des péripéties qui donne parfois un peu le tournis, surtout au début, et la facilité (relative) avec laquelle les enfants acceptent leur situation...

Finalement pour apprécier pleinement ce livre, j'ai surtout l'impression qu'il faut se laisser entraîner avec un regard d'enfant. L'atmosphère de la Fondation est si oppressante qu'elle réveille des angoisses primaires, une impression d'insécurité, comme la peur du loup sous le lit. Sauf qu'en l'occurrence, le loup est bien réel, et il tue. L'écriture efficace de Pierre-Arnaud Francioso nous entraîne immédiatement à la suite d'Eloi au cœur de la Fondation, et on lâche difficilement le livre avant de l'avoir terminé. Même si tout va très vite, et que, finalement cela pose beaucoup plus de questions que cela n'en résout, cela a le mérite de piquer très efficacement notre curiosité, et il est difficile de résister à l'envie, à la fin du roman, de sauter sur le deuxième tome.

1 commentaire:

  1. Merci pour ton avis sur cette lecture ! Il est vrai que Serber a un petit côté Rogue, mais il est également un peu plus empreint de folie que le professeur de Harry, non ? Sinon, je suis content que tu aies parlé de l'ambiguïté des professeurs qui ne sont ni noirs ni blancs, ainsi que de l'onomastique.

    J'espère que le livre II-1 t'a plu au moins autant que Le Veilleur.

    A bientôt dans la Fondation...

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