vendredi 23 octobre 2015

Filles de Lune, tome 1 : Naïla de Brume - Elisabeth Tremblay


À vingt-cinq ans, avec la mort de sa fille et de son mari, la vie de Naïla bascule. Sous le choc de son double deuil, elle accepte d'aider sa tante à rénover la maison familiale. Voilà donc la jeune femme de retour dans ce petit village en bordure du fleuve St-Laurent, où les innombrables souvenirs de vacances devraient lui apporter du réconfort.
Mais une trouvaille faite dans le grenier de la maison ancestrale empêchera Naïla d'y trouver la quiétude tant espérée. Les découvertes troublantes se succèdent, remettant en questions non seulement ses origines, mais aussi ses croyances et ses convictions...

Je n'ai pas encore eu l'occasion de lire énormément de fantasy québécoise, mais mes quelques expériences en la matière (Les Chevaliers d'Emeraude et Arielle Queen) ne m'ont pour l'instant pas vraiment encouragée à me pencher un peu plus sur la question . Et d'un côté heureusement que je n'ai pas fait attention à ce détail avant d'acheter le livre, car je l'aurais sans doute reposé sans préavis. Enfin, heureusement... c'est vite dit, car ce livre ne m'a pas non plus emballée plus que cela.

Comme souvent, j'ai eu des problèmes avec le style, mais je commence à me demander s'il ne s'agit pas simplement d'une manière d'écrire propre à la littérature québécoise, à laquelle j'ai du mal à m'habituer. J'ignorais la nationalité de l'auteur en commençant ce livre, mais j'ai commencé à me poser la question au bout de quelques pages seulement, donc je suppose que le style a un petit quelque chose qui m'a fait réagir, et je n'arrive pas à mettre le doigt dessus. C'est plus une remarque qu'une véritable critique, car je n'ai pas trouvé l'écriture désagréable. Elle m'a simplement paru assez quelconque, et je n'ai pas grand chose à dire dessus en dehors de cela.

Là où le bât blesse, c'est au niveau des péripéties et des événements qui touchent le personnage principal. Dès le début, Naïla n'a pas été gâtée par la vie. En quelques pages, elle nous raconte son histoire, comment elle a perdu sa fille puis son mari coup sur coup quelques mois plus tôt, et ce qui l'a poussée à entreprendre la rénovation de la vieille maison de son grand-père avec sa tante. Cette façon d'entrer directement dans le vif du sujet (façon de parler) crée une distance avec le passé de Naïla, qui finalement en réduit l'impact. Dès le début, l'histoire de Naïla semble plutôt être une excuse pour l'amener là où l'on a besoin d'elle, sans vraiment avoir une influence sur son comportement (à part peut-être la pousser à l'inertie). La narration à la première personne m'a semblé plus d'une fois inappropriée au récit, car Naïla décrit ses pensées et ses actions avec une distance qui aurait mieux convenu à un observateur extérieur et omniscient. D'ailleurs, le livre est entrecoupé de passages à la troisième personne qui m'ont beaucoup moins posé problème.

Le résultat est que le personnage de Naïla semble avoir des réactions assez incohérentes, compte tenu de la rationalité avec laquelle elle analyse sa situation et ses sentiments. Outre le fait qu'elle s'exprime de manière peu naturelle, les événements plus ou moins graves qui la frappent du début à la fin semblent très peu l'affecter psychologiquement. C'est d'autant plus flagrant à la fin, après un événement particulièrement traumatisant. Je n'ai pas pu m'empêcher de penser à l'Assassin Royal et à la manière dont Robin Hobb parvenait à gérer les conséquences de ce genre d'épreuves sur ses personnages pendant toute une saga. Ici, par contraste, rien ne semble affecter Naïla. Bien sûr, elle pleure, elle crie, elle proteste, mais peu importe les malheurs qui lui tombent dessus, elle retombe toujours sur ses pieds, et semble toujours rester elle-même, quoi qu'il arrive. Sans tomber non plus dans le mélodrame, j'aurais aimé que les événements aient vraiment un impact sur elle, et pouvoir observer une véritable évolution du personnage du début à la fin.

C'est d'autant plus dommageable qu'il ne se passe finalement pas grand chose dans ce premier tome, en termes d'action pure. Le nœud de l'intrigue repose surtout sur les révélations progressives, la découverte de la véritable identité de Naïla, des autres mondes, de l'histoire de sa famille. Sur les 400 pages du roman, les choses commencent à vraiment s'accélérer à peu près dans les 100 dernières pages. J'aurais aimé que les 300 pages précédentes s'attardent un peu moins sur le petit déjeuner et les choix vestimentaires de Naïla, et un peu plus sur l'impact psychologique de tous ces bouleversements. Tel quel, le tout est délivré de manière très factuelle, ce qui rend très difficile de s'impliquer émotionnellement dans l'histoire de Naïla et rend l'ensemble, rétrospectivement, assez ennuyeux.

Rétrospectivement, car je suis restée optimiste pendant une bonne partie de ma lecture, malgré un début que je trouvais un peu trop long. J'avais très envie de savoir comment Naïla allait gérer toutes ces révélations, comment elle allait prendre en main sa destinée et quelles aventures elle allait vivre. Et j'ai eu plusieurs fois l'impression d'atteindre ce tournant dans la narration ce moment où l'on est irrémédiablement happé par le récit. Mais à chaque fois, la tension est finalement retombée assez vite, et je ne me suis finalement jamais vraiment attachée au personnage qui m'a paru très creux et même parfois assez agaçant. Aucun autre personnage ne m'a vraiment plu, d'autant qu'ils sont assez nombreux, et certains n'apparaissent que pendant quelques pages. Cela rend le roman assez fouillis, et on perd très vite de vue les enjeux du récit.

Bref, malgré mon envie d'aimer ce roman, et un début qui me semblait prometteur, je n'ai pas vraiment été convaincue par ce premier tome, et particulièrement par le personnage de Naïla, qui n'est psychologiquement pas très crédible. La première partie du roman semble annoncer des rebondissements qui tardent à arriver réellement, et lorsqu'ils arrivent enfin, ils rendent le personnage de Naïla assez insupportable (alors même que l'on devrait éprouver pour elle de la sympathie.) Mais ce qui m'a le plus gênée est vraiment ce manque d'implication émotionnelle du personnage, et par conséquent du lecteur. Je lirai peut-être la suite, pour voir si ces défauts s'atténuent, mais ce ne sera pas dans mes priorités.

Un livre lu dans le cadre du challenge ABC - Littératures de l'Imaginaire.

2 commentaires:

  1. Tu as tout dit … et je ne me risquerai personnellement pas à lire la suite car ce tome 1 pour toutes les raisons que tu énonces m'a passablement ennuyée.

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    1. Oui, avec un peu plus recul, je ne pense pas la lire non plus, car 2 semaines après l'avoir terminé, j'ai déjà quasiment tout oublié de ce premier tome... et pas vraiment de motivation pour le tome 2 du coup xD. J'ai réalisé que j'avais été encouragée à continuer le livre par ce qui pourrait se passer plus que par ce qu'il se passait réellement, et au final le résultat est assez décevant. Tant pis pour Naïla, donc :D. Merci de ta visite ^^.

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