samedi 28 décembre 2013

L'Instinct de l'équarrisseur - Thomas Day


Sherlock Holmes existe bel et bien ! Simplement il se trouve avec le professeur Watson sur une Terre parallèle ayant jadis reçu la visite des Worsh, des extraterrestres désormais parfaitement intégrés à la communauté humaine, qui bénéficie de leur technologie avancée ; et notre Conan Doyle, capable de se rendre sur cette autre Terre grâce à une invention de Watson, se contente dans notre monde de raconter les vraies aventures du célèbre détective - très édulcorées, cela va sans dire. Car Holmes, l' Assassin de la Reine , n'a pas grand-chose à envier aux monstres qu'il pourchasse... Le fabuleux trio, au fil de ses aventures, va devoir affronter pas moins de deux Jack l'Éventreur, et combattre l'infâme professeur Moriarty, ennemi juré de Sherlock Holmes, qui va tout faire pour découvrir la clé de l'immortalité - un secret qui se dissimulerait dans un bien mystérieux Instinct de l'équarrisseur...

J'avais eu une première expérience pas très heureuse avec Thomas Day, avec la Voie du Sabre, que je n'avais pas détesté mais qui ne m'avait pas particulièrement touchée. Je suis heureuse d'avoir dépassé cette première impression mitigée et tenté L'Instinct de l'équarrisseur car j'ai vraiment adoré cette lecture.

Le principal intérêt, et ce qui m'a tout de suite accrochée est évidemment la présence de Sherlock Holmes et de Watson, ainsi que de leur « créateur », Arhur Conan Doyle. Un créateur qui n'est ici qu'un simple chroniqueur, puisque Sherlock Holmes et John Watson sont des personnes bien réelles, vivant dans un univers alternatif, et bien différents des personnages des romans!

Si Sherlock est bien le génie excentrique que l'on connaît, il ne joue par exemple pas du violon, mais d'un instrument beaucoup plus bizarre (tellement bizarre que j'en ai oublié le nom d'ailleurs), il a une épouse aussi extravagante que lui, et il n'est pas un simple détective, mais un véritable justicier au nom de la reine. On se réfère souvent à lui en sous le terme d'assassin royal, et le voir à l'oeuvre fait froid dans le dos. Il fait preuve de violence, parfois de raffinements de cruauté, et il est amusant, d'une certaine façon, de voir Arthur Conan Doyle désespérer de réussir à écrire une histoire acceptable avec un héros aussi antipathique.

Le récit croise également la route d'autres personnages plus ou moins connus : Oscar Wilde qui n'apparaît que pendant quelques brefs chapitres, mais qui a mon petit coup de cœur tant ses apparitions sont hilarantes et mémorables, et le personnage attachant ; Jack London, que l'on découvre sous un jour nouveau comme un aventurier un chouïa téméraire, le professeur Moriarty, plus machiavélique que jamais (et même parfaitement répugnant, pour être honnête...)

L'intrigue dans laquelle évoluent tous ces personnages, réels ou inventés, n'est pas en reste. Aussi bien dans le monde de Conan Doyle que dans celui de Sherlock, Londres (ou Londen, pour l'autre côté) se trouve bouleversé par une série de meurtres attribués au fameux Jack l'éventreur, et c'est là dessus que va porter toute la première partie du roman, qui est celle que j'ai préféré. On assiste à l'enquête de Sherlock Holmes, puis à celle menée de son côté par Arthur (aidé d'Oscar Wilde), sur les traces du tueur en série qui sévit dans les deux mondes, mais pour des raisons différentes.

La suite, qui se concentre un peu plus sur le professeur Moriarty et ce fameux instinct de l'équarrisseur (un nom repoussant pour une pratique carrément révoltante, il faut le dire) m'a parue un peu plus confuse et m'a moins marquée, car pendant un long moment, on suit le personnage d'Elisabeth Shiva Worrington qui m'a profondément agacée, et dont je n'ai pas bien saisi toutes les motivations. Mais l'intérêt revient vite dès lors que l'on retrouve Sherlock et ses acolytes, car on s'attache tellement à tous ces personnages que leur absence se fait très vite ressentir.

La fin également se termine un peu en queue de poisson mais les dernières lignes sont tellement drôle que cela rattrape un peu ce défaut. Mais on attendrait tout de même quelques pages de plus qui apporteraient une véritable conclusion au récit, ce qui manque un peu, surtout étant donné la quantité d'informations à ingurgiter dans la deuxième partie du roman et la résolution un peu rapide de l'intrigue.

Bref, j'ai eu quelques petits coups de mous dans cette deuxième partie un peu plus dispersée que la première, qui évolue plus en terrain inconnu, et dans laquelle on rencontre moins de personnages attachants (à l'exception de Jack London que j'aime beaucoup) mais dans l'ensemble, j'ai vraiment passé un chouette moment avec ce livre, et cela rattrape très bien le mauvais départ que j'avais pris avec La voie du Sabre. Cela me donne envie de donner une seconde chance à ce roman, et bien sûr de poursuivre dans ma découverte de cet auteur.

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