lundi 23 janvier 2012

Smoke and Mirrors - Neil Gaiman

Titre français: Miroirs et Fumées

Une vieille dame achète dans une boutique, sans le savoir, le Saint-Graal. Lorsque le chevalier Galaad vient le quémander croyant sa quête achevée, il ne se doute pas que la négociation sera âpre... Un écrivain anglais débarque à Hollywood pour adapter l'un de ses livres au cinéma. Il va faire une curieuse rencontre dans son hôtel jadis palace des starlettes... Miroirs d'un quotidien - le nôtre - en apparence banal mais glissant imperceptiblement vers le surnaturel ou l'absurde, voici trente textes surprenants, décalés, noirs, érotiques, souvent déroutants, toujours fascinants, qui proposent une réinterprétation brillante et moderne de tous les grands mythes de la littérature fantastique

Neil Gaiman nous livre ici un recueil d'une trentaine de nouvelles plus ou moins longues, aux thèmes et aux formes disparates, mais avec toujours un point commun: celui de nous faire évoluer dans un univers fantastique, étrange, voire à certains moments carrément malsain, parfois teinté d'érotisme. Certaines nouvelles racontent de véritables histoires, d'autres semblent simplement être des exercices de style, mais toutes, qu'on les apprécie ou non, s'amusent avec notre perception du monde et notre esprit rationnel, pour nous faire pénétrer dans un monde où les lois que nous connaissons n'ont plus cours, où l'on ne sait plus tellement où s'arrête la réalité et où commence l'illusion. Les nouvelles ont ainsi à peu près toutes le point commun de nous laisser sur une incertitude, une impression d'inachevé comme des points de suspension, et de laisser toute une partie de la conclusion à l'imaginaire du lecteur. Ce qui s'avère parfois assez déstabilisant.

Car Gaiman exploite le format de la nouvelle pour nous plonger sans filet dans un univers dont les lois nous échappent. Pas de grandes descriptions, ni de longues présentations des personnages. Les nouvelles commencent en général de façon normale, jusqu'à ce qu'un élément lancé de façon anodine nous fasse basculer dans le fantastique. Parfois cette impression est diffuse, et on ne sait pas bien si l'histoire est fantastique ou si le personnage est simplement fou (ou juste si on n'a pas loupé quelque chose en passant). Gaiman passe avec avec une telle simplicité du naturel au franchement bizarre que la transition en devient floue. L'écriture est parfois volontairement confuse, brumeuse, comme si l'on se trouvait directement dans la tête d'un personnage et que l'on suivait le cours de ses pensées sans ordre et sans logique. C'est particulièrement visible, il me semble dans les nouvelles en vers, et c'est peut-être pour cela que ce sont celles qui m'ont laissé de moins de souvenir.

L'impression qui domine toutes ces nouvelles est souvent une impression de malaise. A cause des thèmes abordés, de l'ambivalence et du caractère énigmatique de tous les personnages, de la confusion entre un univers qui nous semble réel et des éléments parfaitement étranges. Mes nouvelles préférées ont souvent été celles qui incluaient clairement des éléments de merveilleux, au cœur d'un environnement a priori rationnel, avec toujours le côté « burtonien » qui me plaît tellement chez Gaiman, et cette impression de féerie macabre. La nouvelle présente en introduction "The Wedding Present", "Chivalry", "Troll's Bridge", "The Goldfish Pool and Others Stories", "The White Road", "The Sweeper of Dreams" et "Snow, Glass, Apples", sont les nouvelles que j'ai le plus appréciées sur l'ensemble du livre, mais j'ai également bien aimé les autres, même si certaines me sont un peu passées au dessus, vers la fin, que j'ai lue assez rapidement.

Finalement j'ai passé un bon moment avec ce livre, qui mériterait une relecture de chaque nouvelle à tête reposée. J'y ai retrouvé tout ce que j'aime chez Neil Gaiman, cette espèce de confusion entre merveilleux et réalité, avec l'introduction d'éléments franchement étranges, voire dérangeants, qui font que d'une manière ou d'une autre, que l'on adhère ou non, ces nouvelles ne peuvent pas laisser indifférent.

Un livre lu dans le cadre du challenge God Save The Livre (le 29e je crois)



1 commentaire:

  1. Un recueil de nouvelles qu'il faut absolument que je lise! J'avais été traumatisée par "Snow, Glass, Apples" que j'avais trouvé très bien écrite!

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