En embarquant à bord d'un navire transportant une cargaison de coton vers Liverpool, les passagers et l'équipage du Chancellor ne se doutaient pas des périls qu'ils allaient rencontrer sur leur route. Après un départ en apparence sans encombre, rapidement, sous l'oeil de J.R. Kazallon, qui consigne toutes leurs aventures dans son journal, le calme de la traversée est rompu par un incident qui va déclencher une suite d'événements dramatiques dont tous ne sortiront pas vivants.
C'était une relecture pour moi de ce livre que j'avais découvert il y a quelques années, mais dont j'avais complètement oublié tous les détails de l'intrigue. Sans être mon Jules Verne préféré, j'ai néanmoins redécouvert avec plaisir cet ouvrage qui, bien que bref, provoque néanmoins des réactions très fortes chez le lecteur.
En effet, dans ce livre, il ne s'agit pas tant pour les personnages de vivre des aventures que d'encaisser tant bien que mal les mauvais coups du sort qui semblent s'acharner sur eux. Dans l'atmosphère étroite du Chancellor sur lequel s'abattent malheur après malheur, un événement semblant systématiquement en entraîner un autre encore pire, les passagers et l'équipage se trouvent confrontés de manière violente à des situations dans lesquelles leur humanité va en prendre un sacré coup. Dès le début, même alors que tout ne semble pas encore perdu, on distingue parmi les occupants du Chancellor ceux qui seront prêts à tout pour sauver leur vie au mépris des autres, et cela fait frémir par anticipation. Car Jules Verne, tout comme son narrateur, ne se voile pas la face quant à l'instinct de survie de l'être humain, et nous dépeint avec une certaine crudité les pensées qui traversent l'esprit de tout le monde sur un bateau menacé de faire naufrage.
Il nous présente d'ailleurs différentes facettes de l'humanité à travers des personnages relativement univoques, finalement. Ceux dont le narrateur se méfie d'emblée sont toujours ceux susceptibles d'avoir les comportements les plus méprisables, tandis que d'autres sont en toutes circonstances admirables de droiture et d'abnégation. Il est de fait intéressant de voir quelles sont les priorités de chacun de ces personnages aux moments les plus critiques, entre ceux qui voudraient sauver leur propre vie même si cela doit coûter celle des autres, ou ceux qui préfèrent se sacrifier eux même pour tenter de sauver ceux qu'ils aiment. On nous dépeint ici une sorte de fresque de la nature humaine, qui nous montre de façon assez violente ce qu'il advient de l'homme dès que la civilisation n'a plus la force de tempérer ses instincts les plus primaires.
Le narrateur est d'ailleurs un des personnages les plus intéressants, car c'est aussi l'un de ceux qui sont le moins univoques: sans être un homme mauvais, tels que le sont en revanche certains personnages dont on ne peut que se méfier tout au long du livre, il se trouve parfois confronté à des choix difficile, et agit finalement comme le ferait un être humain préoccupé avant tout de sa survie. Sans être un méchant bonhomme, il n'a malgré tout pas toujours la même capacité d'abnégation que des personnages tels que les Letourneur père et fils, qui font tout leur possible pour se protéger mutuellement. Le narrateur est finalement un personnage simplement humain, avec ses faiblesses et ses forces aussi, malgré tout, et c'est ce qui rend son compte rendu des événements si percutant.
Rien n'est épargné d'ailleurs à ces malheureux: incendie, tempête, soif, famine, cannibalisme, jusqu'à des espoirs déçus qui font penser que décidément, l'équipage souffre par dessus tout d'une poisse monstrueuse. Au moment où l'on pense que tout va peut-être pouvoir s'arranger, c'est une autre tuile qui tombe, au point où l'on se dit parfois que l'on va simplement assister à la fin inexorable du Chancellor et de tous ses passagers. Mais malgré tout, on continue tout de même à lire avec une sorte de fascination morbide en espérant que tout ce cycle de malchance finisse par s'arrêter. Et parfois il semble bien que ce soit le cas, que dans des moments vraiment critiques, il y ait un sursaut de bonne fortune. Mais il est toujours bref et parfois même empoisonné, car il amène avec lui des épreuves supplémentaires. Tout cela consigné de la main de l'un des personages nous rend le récit encore plus frappant et accentue le malaise qui se crée de plus en plus dans cette atmosphère en huis clos du Chancellor.
Bref, c'est un Jules Verne qui frappe finalement assez vivement, et dépeint sans détours des conditions critiques qui peuvent aussi bien dépouiller un homme de son humanité que, au contraire, la renforcer. Entouré de tous les extrêmes, le narrateur est un personnage qui apporte beaucoup d'intérêt au récit, ainsi que Robert Kurtis, le second, puis capitaine du navire, qui doit, en qualité de capitaine, souvent mettre de côté ses propres affection pour tempérer tout son équipage, et tâcher de sauvegarder tout le monde du mieux qu'il peut. La plume de Jules Verne, loin d'être lourde et descriptive, s'encombre au contraire assez peu ici de digression scientifiques ou techniques. C'est ici essentiellement l'humain qui est observé et décortiqué, de façon parfois effrayante et dérangeante, dans des conditions où chacun est forcé de révéler sa véritable nature. Finalement c'est un livre qui se lit assez rapidement mais qui marque néanmoins l'esprit, d'une façon ou d'une autre.
En effet, dans ce livre, il ne s'agit pas tant pour les personnages de vivre des aventures que d'encaisser tant bien que mal les mauvais coups du sort qui semblent s'acharner sur eux. Dans l'atmosphère étroite du Chancellor sur lequel s'abattent malheur après malheur, un événement semblant systématiquement en entraîner un autre encore pire, les passagers et l'équipage se trouvent confrontés de manière violente à des situations dans lesquelles leur humanité va en prendre un sacré coup. Dès le début, même alors que tout ne semble pas encore perdu, on distingue parmi les occupants du Chancellor ceux qui seront prêts à tout pour sauver leur vie au mépris des autres, et cela fait frémir par anticipation. Car Jules Verne, tout comme son narrateur, ne se voile pas la face quant à l'instinct de survie de l'être humain, et nous dépeint avec une certaine crudité les pensées qui traversent l'esprit de tout le monde sur un bateau menacé de faire naufrage.
Il nous présente d'ailleurs différentes facettes de l'humanité à travers des personnages relativement univoques, finalement. Ceux dont le narrateur se méfie d'emblée sont toujours ceux susceptibles d'avoir les comportements les plus méprisables, tandis que d'autres sont en toutes circonstances admirables de droiture et d'abnégation. Il est de fait intéressant de voir quelles sont les priorités de chacun de ces personnages aux moments les plus critiques, entre ceux qui voudraient sauver leur propre vie même si cela doit coûter celle des autres, ou ceux qui préfèrent se sacrifier eux même pour tenter de sauver ceux qu'ils aiment. On nous dépeint ici une sorte de fresque de la nature humaine, qui nous montre de façon assez violente ce qu'il advient de l'homme dès que la civilisation n'a plus la force de tempérer ses instincts les plus primaires.
Le narrateur est d'ailleurs un des personnages les plus intéressants, car c'est aussi l'un de ceux qui sont le moins univoques: sans être un homme mauvais, tels que le sont en revanche certains personnages dont on ne peut que se méfier tout au long du livre, il se trouve parfois confronté à des choix difficile, et agit finalement comme le ferait un être humain préoccupé avant tout de sa survie. Sans être un méchant bonhomme, il n'a malgré tout pas toujours la même capacité d'abnégation que des personnages tels que les Letourneur père et fils, qui font tout leur possible pour se protéger mutuellement. Le narrateur est finalement un personnage simplement humain, avec ses faiblesses et ses forces aussi, malgré tout, et c'est ce qui rend son compte rendu des événements si percutant.
Rien n'est épargné d'ailleurs à ces malheureux: incendie, tempête, soif, famine, cannibalisme, jusqu'à des espoirs déçus qui font penser que décidément, l'équipage souffre par dessus tout d'une poisse monstrueuse. Au moment où l'on pense que tout va peut-être pouvoir s'arranger, c'est une autre tuile qui tombe, au point où l'on se dit parfois que l'on va simplement assister à la fin inexorable du Chancellor et de tous ses passagers. Mais malgré tout, on continue tout de même à lire avec une sorte de fascination morbide en espérant que tout ce cycle de malchance finisse par s'arrêter. Et parfois il semble bien que ce soit le cas, que dans des moments vraiment critiques, il y ait un sursaut de bonne fortune. Mais il est toujours bref et parfois même empoisonné, car il amène avec lui des épreuves supplémentaires. Tout cela consigné de la main de l'un des personages nous rend le récit encore plus frappant et accentue le malaise qui se crée de plus en plus dans cette atmosphère en huis clos du Chancellor.
Bref, c'est un Jules Verne qui frappe finalement assez vivement, et dépeint sans détours des conditions critiques qui peuvent aussi bien dépouiller un homme de son humanité que, au contraire, la renforcer. Entouré de tous les extrêmes, le narrateur est un personnage qui apporte beaucoup d'intérêt au récit, ainsi que Robert Kurtis, le second, puis capitaine du navire, qui doit, en qualité de capitaine, souvent mettre de côté ses propres affection pour tempérer tout son équipage, et tâcher de sauvegarder tout le monde du mieux qu'il peut. La plume de Jules Verne, loin d'être lourde et descriptive, s'encombre au contraire assez peu ici de digression scientifiques ou techniques. C'est ici essentiellement l'humain qui est observé et décortiqué, de façon parfois effrayante et dérangeante, dans des conditions où chacun est forcé de révéler sa véritable nature. Finalement c'est un livre qui se lit assez rapidement mais qui marque néanmoins l'esprit, d'une façon ou d'une autre.
deuxième livre lu dans le cadre du Challenge Jules Verne.
Je ne connais pas du tout ce titre de l'auteur, ni l'autre qui est dans le sommaire. Je compte lire "Voyage au centre de la Terre" suite au film de disney que j'avais adoré. Tu l'as lu celui-ci ?
RépondreSupprimerJ'ai lu Voyage au centre de la Terre que j'avais beaucoup aimé (et vu aussi le film de Disney, que j'avais trouvé sympathique dans l'ensemble). Niveau Jules Verne, mon préféré reste tout de même les Tribulations d'un Chinois en Chine, qui est très rythmé et très drôle, parfait, je pense, pour découvrir Jules Verne, quand on ne connaît pas trop. Dans les plus connus, je conseille aussi chaudement de lire Le Tour du monde en 80 jours et Vingt Mille Lieues sous les mers, d'excellents romans d'aventure!
Supprimer