dimanche 18 mars 2012

La trilogie de Wielstadt: Intégrale - Pierre Pevel



1620, début de la Guerre de Trente Ans. Rentrant à Wielstadt, ville du Rhin protégée par un immense dragon, après avoir accompli une mission pour les Templiers, le chevalier Kantz se trouve confronté à une série de crimes atroces, de toute évidence commis par une créature de l'Ombre. Bien décidé à arrêter le coupable, alors que des luttes de pouvoir se jouent au sein de la ville, Kantz se lance dans la traque de cette créature, sans se douter qu'il risque de s'attirer l'inimitié d'un ennemi aux multiples facettes, bien plus redoutable qu'il ne l'imagine.

Il m'a fallu une semaine pour dévorer l'intégrale de cette trilogie, et autant dire tout de suite que c'est un vrai coup de cœur! J'ai été conquise dès les premiers chapitres, et ce plaisir n'a fait que se confirmer au fil des pages, et au fil des tomes, chacun étant meilleur que le précédent, au niveau de l'intrigue, des tensions, et des révélations sur les personnages.

Je connaissais de Pierre Pevel la trilogie des Lames du Cardinal, dont je n'ai lu que les deux premiers tomes (et dont je n'attend que d'avoir le troisième entre les mains pour la terminer) et déjà j'avais été séduite par sa plume fort élégante, teintée d'humour pince-sans-rire, par le parler un peu vieillot des personnages qui les ancre avec aisance dans un contexte historique par ailleurs parfaitement documenté et crédible dans les moindres détails. Ici, on retrouve évoqués en arrière-plan de l'intrigue les événements marquants de la guerre de Trente Ans dans le Saint Empire, une guerre qui semble épargner miraculeusement la petite ville de Wielstadt: une invention de l'auteur, qui, tout comme les multiples éléments merveilleux qui se mêlent au récit, s'intègre avec une fluidité déconcertante dans ce contexte historique si réaliste.

Dès les premières pages, on nous parle de fées, de faunes, de démons, tout en évoquant la guerre et le quotidien d'une ville allemande du XVIIe siècle, et l'on s'y croirait. Les personnages, les humains comme les créatures fabuleuses, prennent vie sous nos yeux, et l'on s'y attache aussitôt. C'est un plaisir de retrouver de tome en tome le faune Zacharios, et son amour des potins, le bon géant Feodor, Apollonius le poète sans le sou, Günter Vecht, le libraire au grand coeur, Rainer von Regenhalt le lieutenant du Prévôt, et même d'autres personnages que l'on aperçoit moins souvent mais dont le rôle dans la ville n'est pas à négliger, comme le Roi-Misère ou la Dame Rouge. Enfin, certains personnages, apportent au récit une touche d'humour et de tendresse fort bienvenue, particulièrement Chandelle, la fée-demoiselle, qui à chaque apparition est adorable et souvent très drôle.

Enfin, le dernier et non le moindre, Kantz, le héros que l'on suit tout au long des trois tomes est un personnage que l'on prend vraiment plaisir à accompagner. Charismatique, énigmatique, à la fois très pieux et impitoyable, il ne répond qu'à lui même, effraie et inquiète ceux qui ne le connaissent pas, et s'il n'est pas toujours craint, se fait toujours respecter. Son côté solitaire le rend à la fois attachant et touchant, d'autant que l'on en sait finalement assez peu sur lui. L'auteur distille tout au long des trois tomes des indices sur son passé, sur lui-même, sans pour autant tout dire, et si certaines choses peuvent être devinées avant la fin, d'autres points restent obscurs même après la dernière page. Kantz, du début à la fin, reste un croisé solitaire, lancé dans une guerre dont on ignore à peu près tout, et étranger au reste du monde. Tout en me fascinant, ce personnage me rend finalement assez triste.

Les trois tomes se déroulent donc à Wielstadt et l'on ne quitte que très rarement cette ville, pour peu de temps à chaque fois. Elle constitue d'ailleurs presque un personnage à part entière, puisqu'aux enquêtes autour desquelles s'articule la trilogie s'ajoutent des jeux de pouvoirs au sein de la ville, des luttes qui se jouent autour de personnalités éminentes de Wielstadt, et la ville, au travers de sa population est parcourue d'émotions diverses: la joie, la peur... Kantz et les personnages qui l'entourent évoluent dans un environnement vivant, dont les lieux même ont un rôle à jouer dans les différentes intrigues. J'ai donc beaucoup aimé cette ville fictive, mais inspirée d'un cadre réaliste, qui finit par prendre vie et forme sous la plume de Pierre Pevel. Une plume dont j'apprécie toujours les descriptions joliment tournées, qui bien loin d'alourdir le style ne font que l'enrichir, tout comme certaines digressions érudites, qui, même si elles sont parfois un peu longues, ne sont jamais ennuyeuses.

Bref, vous l'aurez compris, c'est un sans faute pour monsieur Pevel. Une très jolie plume, des personnages attachants et charismatiques, une intrigue parfaitement ficelée et placée dans un cadre historique très bien documenté, mêlé sans accroc à des éléments merveilleux empruntés à diverses mythologies qui s'accordent de façon tout à fait crédible... j'ai été conquise par cette trilogie, plus encore que par celle des Lames (qu'il me reste à terminer), et j'ai hâte de découvrir les Enchantements d'Ambremer du même auteur, qui m'attire tout particulièrement.

Une deuxième lecture pour Fantasy sous un chêne ^^

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