Sur cinq prétendants au pouvoir, un est mort, un autre en disgrâce, la guerre se poursuit et les alliances se font et se défont. Joffrey, Roi des Sept Couronnes depuis la mort de Robert, se trouve dans une position précaire, Stannis, depuis la défaite de la Néra, sombre de plus en plus sous l'influence de Melisandre, la prêtresse rouge. Robb continue de gouverner le nord, mais sa situation se révèle rapidement très délicate, pendant que de l'autre côté de la mer, Daenerys met tout en oeuvre pour rassembler une armée qui lui permettra de reprendre le trône de Westeros. Tous ignorent le danger qui les menace du Nord, les Gens Libres dont les attaques contre le Mur sont de plus en plus hardies, mais aussi d'autres créatures, autrement plus dangereuses, qui semblent tout droit sorties des légendes.
Après avoir laissé passer un an entre ma lecture du tome 2 et celle du tome 3, j'avais peur de me retrouver un peu perdue au milieu des intrigues, des lieux et des personnages toujours plus nombreux et complexes. J'avais prévu d'attendre la saison 2 de la série pour me remettre dans le bain, mais en voyant qu'elle anticipait un peu trop sur des éléments du tome 3, je me suis jetée à l'eau, et je n'ai eu aucune peine à me replonger dans le contexte de l'histoire, et à suivre les aventures des différents protagonistes.
J'ai d'abord été ravie de voir un nouveau point de vue apparaître, celui de Jaime Lannister qui est un personnage non seulement assez drôle, mais aussi proprement fascinant. Après avoir eu diverses opinions extérieures à son sujet, j'ai trouvé vraiment intéressant de pouvoir enfin savoir comment il concevait, lui-même, ses sentiments pour Cersei, quelles avaient été ses motivations pour tuer le roi Aerys, comment les choses s'étaient passées de son point de vue, et d'autres choses qui restaient assez énigmatiques, derrière ses sarcasmes et son côté un peu je-m'en-fichiste. J'ai aussi beaucoup aimé observer sa relation avec Brienne et son évolution, au départ pleine de mépris et de défiance qui progressivement laisse émerger une sorte de respect, et d'autres sentiments que Jaime lui-même a un peu de mal à définir.
Brienne elle-même est un personnage qui gagne en importance dans ce tome: elle reste parfois assez hermétique, car on ne la perçoit que du point de vue de Jaime, pour lequel elle ne cache pas son aversion, et semble par dessus tout entièrement dévouée à son devoir pour Catelyn, ce qui lui sert bien souvent de bouclier pour cacher ce qu'elle pense réellement. On est tenté bien souvent de voir en elle, comme Jaime une tête de mule parfois butée (ce qu'elle est, quand même, il faut bien le dire) mais à chaque fois que l'on peut deviner des sentiments derrière la coquille qu'elle se forge, c'est toujours assez ténu, et rarement appuyé. Mais le duo qu'elle forme avec Jaime est un de ceux que j'ai eu le plus de plaisir à suivre dans ce tome.
Parmi les autres personnages dont j'espérais un peu plus ici, il y a eu Gendry et Arya dont j'ai bien aimé aussi voir évoluer la relation. J'ai trouvé assez touchante la manière qu'a Gendry de protéger Arya sans en avoir l'air, et j'attendais beaucoup de la relation de ces deux personnages. J'ai été un peu déçue à ce niveau, car cette évolution est coupée en plein essor. Mais je ne désespère pas de la retrouver dans la suite (pas encore en tout cas). J'aurais aussi aimé qu'Arya se montre un peu moins butée sur certaines choses, car cela peut s'avérer parfois frustrant, de voir finalement des choses évoluer autour d'elle, et de la voir rester sur ses positions alors que l'on aimerait la voir s'assouplir un peu. C'est aussi ce qui fait l'intérêt du personnage, mais il faut avouer que parfois on a envie de rentrer dans le livre pour avoir une petite conversation avec cette gamine entêtée :p Spoiler: je crois surtout que j'ai du mal à lui pardonner d'avoir abandonné Sandor Clegane à la mort. Ce qui n'empêche pas que le duo Clegane/Arya soit encore un de ceux qui m'ont le plus intéressée ici.
Dans son ensemble, ce tome 3 est nerveusement très éprouvant, de bout en bout. L'absence de manichéisme, la complexité des intrigues, la recherche dans la psychologie des personnages, tout cela participe à l'élaboration d'une immense fresque dans laquelle le lecteur a ses propres dilemmes. Impossible de rester passif face à ce qui arrive à tous ces personnages. C'est parfois un peu étrange de voir deux personnages que l'on apprécie se détester cordialement, et les voir se confronter (directement ou indirectement) sans savoir quelle issue serait préférable. Spoiler: Je pense par exemple à Arya, qui voudrait voir Sandor Clegane mort, alors que de mon côté, j'ai plutôt envie qu'il s'en sorte :p.
Difficile de savoir à chaque fois ce qu'il va se passer dans la suite. Tout ce que l'on sait, c'est que tout le monde ne va pas s'en sortir, et que, quelle que soit l'issue de la guerre, il y aura du sang et des larmes. On ne voit pas comment tous nos personnages favoris pourraient s'en sortir en sachant que, la moitié du temps, ils se haïssent entre eux. Et en effet, le tome 3 laisse derrière lui toute une traînée de cadavres, certains plus traumatisants que d'autres. Un certain nombre de personnages assez importants trouvent la mort de façon assez violente, alors que trois pages plus tôt ils respiraient la santé et la joie de vivre. Qu'on les apprécie ou non, c'est toujours un choc, et souvent cela occasionne un chaos encore plus grand qui résonne encore bien des chapitres plus loin (et continuera dans le tome suivant sans aucun doute)
Bref, les horreurs s'enchaînent parfois dans ce troisième tome, au point que l'on a parfois l'impression que George R.R. Martin délaye un peu son intrigue dans le malheur de ses personnages. On pense qu'il va se passer quelque chose de bien, pour une fois, et qu'un personnage va enfin atteindre son objectif, et finalement à la dernière minute, cet objectif lui passe sous le nez, pour une raison ou pour une autre, et le renvoie presque au point de départ (quand il n'est pas en prime mutilé ou mort. Martin n'a vraiment aucune pitié, ni pour ses personnages, ni pour les nerfs de ses malheureux lecteurs) mais ce reproche reste minime, car cela reste toujours cohérent, et cet empêchement nous amène toujours à une situation souvent plus délicate, mais toujours plus intéressante que si le personnage était arrivé à ses fins immédiatement.
Comme toujours l'alternance des points de vue, et la relative brièveté des chapitres permet de conserver le rythme du récit, même lorsque l'on suit des personnages auxquels il n'arrive pas grand chose (je pense aux chapitres de Bran par exemple qui sont assez lents, mais relativement rares). J'ai surtout apprécié dans ce tome le fait que certains points de vue commencent à se croiser, et les rencontres de personnages parfois improbables, ou inattendues. Les personnages se déplacent plus que dans le tome 2, et cela a parfois des conséquences importantes, et donne lieu à des associations assez intéressantes.
Bref, encore une fois, je n'ai aucun vrai reproche à faire à cette saga (à part le fait de me laisser les nerfs en capilotade à chaque fois. Ce tome là surtout n'est vraiment pas tendre à ce niveau! J'en suis encore toute traumatisée, et pourtant j'ai fini le livre depuis plus d'une semaine!). Pour être franche, je n'ai pas envie de lui trouver de défauts, et je n'en cherche pas. Quand je lis le Trône de Fer, je n'ai qu'une envie: me laisser entraîner, emporter, promener par le bout du nez par Mr Martin. A chaque lecture, je saute à pieds joints dans son univers et je m'y immerge totalement, avec bonheur et avec l'impression à chaque chapitre de retrouver de vieux amis (ou de vieux ennemis ^^). Inutile de chercher ici une critique objective! Je suis toujours en adoration devant cette saga, et ce troisième tome plein de tension, de rebondissements et de bouleversements ne fait que confirmer mon coup de foudre!
une petite citation pour la route:
J'ai d'abord été ravie de voir un nouveau point de vue apparaître, celui de Jaime Lannister qui est un personnage non seulement assez drôle, mais aussi proprement fascinant. Après avoir eu diverses opinions extérieures à son sujet, j'ai trouvé vraiment intéressant de pouvoir enfin savoir comment il concevait, lui-même, ses sentiments pour Cersei, quelles avaient été ses motivations pour tuer le roi Aerys, comment les choses s'étaient passées de son point de vue, et d'autres choses qui restaient assez énigmatiques, derrière ses sarcasmes et son côté un peu je-m'en-fichiste. J'ai aussi beaucoup aimé observer sa relation avec Brienne et son évolution, au départ pleine de mépris et de défiance qui progressivement laisse émerger une sorte de respect, et d'autres sentiments que Jaime lui-même a un peu de mal à définir.
Brienne elle-même est un personnage qui gagne en importance dans ce tome: elle reste parfois assez hermétique, car on ne la perçoit que du point de vue de Jaime, pour lequel elle ne cache pas son aversion, et semble par dessus tout entièrement dévouée à son devoir pour Catelyn, ce qui lui sert bien souvent de bouclier pour cacher ce qu'elle pense réellement. On est tenté bien souvent de voir en elle, comme Jaime une tête de mule parfois butée (ce qu'elle est, quand même, il faut bien le dire) mais à chaque fois que l'on peut deviner des sentiments derrière la coquille qu'elle se forge, c'est toujours assez ténu, et rarement appuyé. Mais le duo qu'elle forme avec Jaime est un de ceux que j'ai eu le plus de plaisir à suivre dans ce tome.
Parmi les autres personnages dont j'espérais un peu plus ici, il y a eu Gendry et Arya dont j'ai bien aimé aussi voir évoluer la relation. J'ai trouvé assez touchante la manière qu'a Gendry de protéger Arya sans en avoir l'air, et j'attendais beaucoup de la relation de ces deux personnages. J'ai été un peu déçue à ce niveau, car cette évolution est coupée en plein essor. Mais je ne désespère pas de la retrouver dans la suite (pas encore en tout cas). J'aurais aussi aimé qu'Arya se montre un peu moins butée sur certaines choses, car cela peut s'avérer parfois frustrant, de voir finalement des choses évoluer autour d'elle, et de la voir rester sur ses positions alors que l'on aimerait la voir s'assouplir un peu. C'est aussi ce qui fait l'intérêt du personnage, mais il faut avouer que parfois on a envie de rentrer dans le livre pour avoir une petite conversation avec cette gamine entêtée :p Spoiler: je crois surtout que j'ai du mal à lui pardonner d'avoir abandonné Sandor Clegane à la mort. Ce qui n'empêche pas que le duo Clegane/Arya soit encore un de ceux qui m'ont le plus intéressée ici.
Dans son ensemble, ce tome 3 est nerveusement très éprouvant, de bout en bout. L'absence de manichéisme, la complexité des intrigues, la recherche dans la psychologie des personnages, tout cela participe à l'élaboration d'une immense fresque dans laquelle le lecteur a ses propres dilemmes. Impossible de rester passif face à ce qui arrive à tous ces personnages. C'est parfois un peu étrange de voir deux personnages que l'on apprécie se détester cordialement, et les voir se confronter (directement ou indirectement) sans savoir quelle issue serait préférable. Spoiler: Je pense par exemple à Arya, qui voudrait voir Sandor Clegane mort, alors que de mon côté, j'ai plutôt envie qu'il s'en sorte :p.
Difficile de savoir à chaque fois ce qu'il va se passer dans la suite. Tout ce que l'on sait, c'est que tout le monde ne va pas s'en sortir, et que, quelle que soit l'issue de la guerre, il y aura du sang et des larmes. On ne voit pas comment tous nos personnages favoris pourraient s'en sortir en sachant que, la moitié du temps, ils se haïssent entre eux. Et en effet, le tome 3 laisse derrière lui toute une traînée de cadavres, certains plus traumatisants que d'autres. Un certain nombre de personnages assez importants trouvent la mort de façon assez violente, alors que trois pages plus tôt ils respiraient la santé et la joie de vivre. Qu'on les apprécie ou non, c'est toujours un choc, et souvent cela occasionne un chaos encore plus grand qui résonne encore bien des chapitres plus loin (et continuera dans le tome suivant sans aucun doute)
Bref, les horreurs s'enchaînent parfois dans ce troisième tome, au point que l'on a parfois l'impression que George R.R. Martin délaye un peu son intrigue dans le malheur de ses personnages. On pense qu'il va se passer quelque chose de bien, pour une fois, et qu'un personnage va enfin atteindre son objectif, et finalement à la dernière minute, cet objectif lui passe sous le nez, pour une raison ou pour une autre, et le renvoie presque au point de départ (quand il n'est pas en prime mutilé ou mort. Martin n'a vraiment aucune pitié, ni pour ses personnages, ni pour les nerfs de ses malheureux lecteurs) mais ce reproche reste minime, car cela reste toujours cohérent, et cet empêchement nous amène toujours à une situation souvent plus délicate, mais toujours plus intéressante que si le personnage était arrivé à ses fins immédiatement.
Comme toujours l'alternance des points de vue, et la relative brièveté des chapitres permet de conserver le rythme du récit, même lorsque l'on suit des personnages auxquels il n'arrive pas grand chose (je pense aux chapitres de Bran par exemple qui sont assez lents, mais relativement rares). J'ai surtout apprécié dans ce tome le fait que certains points de vue commencent à se croiser, et les rencontres de personnages parfois improbables, ou inattendues. Les personnages se déplacent plus que dans le tome 2, et cela a parfois des conséquences importantes, et donne lieu à des associations assez intéressantes.
Bref, encore une fois, je n'ai aucun vrai reproche à faire à cette saga (à part le fait de me laisser les nerfs en capilotade à chaque fois. Ce tome là surtout n'est vraiment pas tendre à ce niveau! J'en suis encore toute traumatisée, et pourtant j'ai fini le livre depuis plus d'une semaine!). Pour être franche, je n'ai pas envie de lui trouver de défauts, et je n'en cherche pas. Quand je lis le Trône de Fer, je n'ai qu'une envie: me laisser entraîner, emporter, promener par le bout du nez par Mr Martin. A chaque lecture, je saute à pieds joints dans son univers et je m'y immerge totalement, avec bonheur et avec l'impression à chaque chapitre de retrouver de vieux amis (ou de vieux ennemis ^^). Inutile de chercher ici une critique objective! Je suis toujours en adoration devant cette saga, et ce troisième tome plein de tension, de rebondissements et de bouleversements ne fait que confirmer mon coup de foudre!
une petite citation pour la route:
"King Jaehaerys once told me that madness and greatness are two sides of the same coin. Every time a new Targaryen is born, he said, the gods toss the coin in the air and the world holds its breath to see how it will land"
un autre livre lu dans le cadre du challenge "Des Pavés sur la Plage"
et dans le cadre du challenge ABC Littératures de l'Imaginaire
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire