jeudi 7 mars 2013

The Lord of the Rings, book 3: The Return of the King - J.R.R. Tolkien



L'ombre de Sauron s'étend à l'Ouest et la guerre approche. Pendant que Gandalf et Pippin chevauchent vers la cité de Minas Tirith qui se prépare à la bataille, que Merry suit Théoden et les cavaliers de Rohan, et qu'Aragorn, Legolas et Gimli vont chercher une aide inattendue par une route oubliée, Frodon et Sam sont entrés en Mordor et entament la dernière partie de leur quête désespérée.

Ce tome conclusif de la saga se fait résolument plus sombre que les précédents. L'ombre de Sauron s'avance (littéralement!) et la confrontation décisive approche. Tout le livre V est de nouveau centré sur ce qui se passe à l'ouest, cette fois plus précisément autour du Gondor, et le Minas Tirith, la Cité Blanche, presque aux portes du Mordor, là où Sauron va porter le plus gros de ses armées. Le livre VI quant à lui est en partie consacré à nouveau à Frodon et Sam tels qu'on les avait laissés à la fin du livre IV, juste après le combat contre Arachné et la capture de Frodon par les Orques. Enfin, pour la dernière partie du livre, les différentes trames narratives se réunissent sans pour autant immédiatement conclure le récit, car même lorsqu'on pense que c'est terminé, les personnages (et le lecteur) ne sont pas au bout de leurs surprises, bonnes ou mauvaises.

Ce sont toujours les membres de la Compagnie que l'on suit dans le livre V, cette fois, à la différence du livre III, en séparant Merry et Pippin. C'est certainement chez ces deux personnages que l'on note l'évolution la plus nette tout au long du récit (je parlerai plus tard de Sam et Frodon, qui sont aussi des personnages chez qui l'on note une évolution évidente) . Dans les premiers temps de la quête, on les voyait suivre les autres, sans toujours savoir ce qui les attendait et sans vraiment d'occasion de prendre des initiatives. Il avaient commencé à prendre plus d'importance avec Sylvebarbe. Ici ils sont plus ou moins livrés à eux-mêmes, Merry avec les Rohirrims, Pippin en Gondor, et cela les place d'une certaine façon sur le devant de la scène.

Donc je ne résiste pas à l'occasion de mettre mon chouchou en vedette, car c'est chez Pippin que cette évolution est la plus marquante. Depuis le début, c'était un personnage insouciant, un peu naïf, particulièrement impulsif et un peu décervelé (ai-je déjà précisé que c'était mon personnage favori number one, toutes œuvres et toutes catégories confondues? =p). Après avoir eu l'idée saugrenue de jeter un œil dans le Palantir d'Orthanc et ainsi de se révéler à Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom (non non, pas Voldemort), il lui faut tout de même attendre d'être arrivé aux portes de Minas Tirith pour réaliser qu'Aragorn, descendant d'Isildur, et le potentiel futur roi du Gondor ne sont qu'une seule et même personne (à se demander s'il a bien suivi tout ce qui se tramait depuis le début de la quête xD). Mais par la force des choses, il se retrouve bientôt à faire et dire des choses tout à fait inattendues, révélant aussi bien du courage, de la ténacité, et un certain sens de l'honneur et du devoir, sans pour autant se départir d'une irrésistible candeur (après tout, une fois serment prêté au seigneur du Gondor, sa première préoccupation reste tout de même les auberges et les heures des repas ^^)

C'est d'ailleurs une bonne chose que Pippin fasse preuve d'une bonne humeur si inaltérable (enfin, sauf peut-être par le rationnement de la nourriture xD) car c'est en Gondor, en vue même de Mordor, que l'atmosphère est la plus lourde et l'attente des combats la plus tendue. Rapidement, la ville se trouve en état de siège, et l'obscurité qui est évoquée à plusieurs reprises, destinée à ouvrir le chemin aux armées de Mordor, se fait ressentir jusque dans le style de Tolkien. On ressent dans la narration cette espèce de sentiment d'oppression qui frappe la cité, et l'on ressent autant que les personnages cette attente constante d'une aide qui ne vient pas, et qui ne pourra pas venir à temps.

Pour terminer sur les chapitres consacrés au point de vue de Pippin, j'aimerais aussi m'arrêter sur deux personnages qu'il rencontre et qui me sont plus ou moins sympathiques. D'abord, un personnage qui offre à la fois un contrepoint et un pendant intéressant à notre Hobbit, à savoir Beregond, avec qui Pippin sympathise très rapidement. Un contrepoint d'abord, car il semble d'emblée être un soldat rompu à l'exercice, à la fois solide et fier, un véritable garde de la Citadelle. Et en même temps, à la différence d'autres personnages héroïques, il s'avère également être un personnage très humain, prêt à risquer sa vie, quitte à se parjurer, par amour et dévouement pour son capitaine.

L'autre personnage intéressant que rencontre Pippin est le Seigneur de la citadelle lui même, Denethor, l'intendant de Gondor et le père de Boromir. C'est un personnage qui s'avère très ambigu, qui semble parfois bienveillant et compréhensif, et pourtant se montre à d'autres moments plus énigmatique, calculateur, et faisant preuve d'une acuité très déstabilisante. Il est aussi intéressant de le percevoir à travers les yeux de Pippin, qui semble à la fois très impressionné et un peu mal à l'aise face à ce personnage, que de l'observer lorsqu'il se confronte à Gandalf, le plus souvent à mots couverts, mais la plupart du temps sans se laisser démonter par le magicien.

Du côté de Merry, les choses sont un peu différentes. Contrairement à Pippin, emmené par Gandalf à Minas Tirith, Merry a été laissé en arrière, et cela se ressent. Pendant un long moment, il reste un peu simple observateur. On assiste au récit à travers ses yeux, mais lui même semble assez démuni, et se sent plutôt inutile, pendant que tout le monde se prépare pour la guerre. Il est très frustrant, pour lui et pour nous, de voir tout le monde se préparer au combat autour de lui, et le traiter comme s'il ne pouvait être qu'un fardeau plus encombrant qu'utile (il y a un petit passage où Merry s'imagine volant au secours de Pippin à Minas Tirith en galopant comme un cavalier de Rohan, que je trouve très mignon ^^). Néanmoins, il n'accepte pas pour autant d'être laissé de côté et plutôt que de se laisser promener, cette fois, lutte pour venir en aide à ses amis et s'affirme beaucoup plus qu'au début de la quête.

En ce qui concerne Frodon et Sam, le voyage se poursuit et finit par reposer de plus en plus sur Sam qui devient clairement le moteur de la quête. Refusant de se laisser abattre jusqu'au bout, il parvient à déployer une énergie suffisante pour le porter lui et son maître, dont la volonté, tandis que le fardeau de l'Anneau se fait insoutenable, lui permet tout juste de mettre un pied devant l'autre. Tout, à nouveau, est narré selon le point de vue de Sam, et la poursuite de la quête et la traversée du Mordor particulièrement difficile et désespérée, s'entrecoupent tout de même de petites parenthèses qui rallument un peu d'espoir chez notre Hobbit. Même lorsqu'il est sur le point de se laisser abattre, il garde toujours la tête froide, et ne renonce jamais à croire à sa chance (sur laquelle il est d'ailleurs obligé de compter à plusieurs reprises, et qui ne l'abandonne jamais vraiment.)

S'il y a un personnage qui se transforme littéralement entre le début et la fin de la saga, c'est bien Samwise Gamgee, au début le plus Hobbit des Hobbits, si j'ose dire, et qui révèle finalement des ressources qu'il ne soupçonnait pas lui-même, tout en faisant preuve d'un dévouement sans borne pour Frodon. S'il semblait au départ le Hobbit le moins susceptible de prendre part à une aventure, c'est finalement lui qui finit par prendre des initiatives, par faire preuve d'une clairvoyance parfois inattendue et d'un courage insoupçonné. Pour moi, c'est de tous points de vue un personnage admirable et profondément attachant, et son regard apporte une touche d'optimisme à une situation qui serait autrement beaucoup plus désespérante et oppressante (et qui l'est déjà suffisamment.)

Enfin, pour parler d'un autre personnage qui évolue aussi beaucoup dans ce tome, je termine avec Aragorn (puisque c'est quand même lui, le roi dont il est question!). Depuis le tome 1, on avait du mal (comme Pippin :P) à l'imaginer en souverain couronné. Dès le début du troisième tome, on commence à réaliser qu'effectivement, il revient en Gondor, chez les siens, et qu'il a bien l'étoffe d'un roi, même s'il lui reste beaucoup d'épreuves à traverser avant de monter sur le trône. D'anciennes légendes se réveillent avec lui, et l'entourent peu à peu d'une sorte d'aura mythique qui nous le fait bientôt percevoir comme le souverain qu'il est censé être, bien plus que comme le Rôdeur du Nord, même si cet aspect transparaît toujours chez lui de temps à autres. L'accomplissement de la quête correspond aussi à l'accomplissement du destin d'Aragorn, et d'une progression que l'on commence à percevoir chez lui dès le début de la quête dans le tome 1, qui se précise dans le tome 2, et s'affirme réellement dans le tome 3 (spoiler: particulièrement pour moi au moment où il se révèle et se confronte vraiment à Sauron par le biais du Palantir.)

Ce tome est donc le plus sombre de la trilogie, mais aussi certainement le plus riche en émotions. Ce qui est d'ailleurs particulièrement intéressant est qu'il n'y a pas de véritable happy end, et que la fin de la quête n'est pas la fin du récit. Les personnages qui survivent en sortent profondément transformés, que ce soit pour le meilleur ou pour le pire, et si l'on est heureux que les choses tournent bien, on garde tout de même un sentiment doux-amer, en sachant que c'est terminé, mais que la guerre a tout de même laissé des traces, et frappé les endroits les plus inattendus. Il y a particulièrement un assez long passage à la fin du livre dont je déplore l'absence dans le film, qui montre bien qu'aucun recoin de la Terre du Milieu n'a été épargné, mais aussi montre plus clairement que n'importe quoi d'autre à quel point nos héros ont été transformés et grandis par leurs aventures.

La fin du livre est finalement en demi-teinte, principalement parce que l'on sent que c'est la fin d'une ère, et que certaines choses qui ont été perdues pendant la guerre ne pourront jamais être retrouvées. C'est une fin toute en simplicité mais qui se teinte d'une certaine poésie mélancolique, un sentiment un peu étrange après toutes les aventures que nos héros ont traversées. La phrase qui pour moi résume le mieux cette fin, est prononcée par Merry au cours du voyage de retour: « It seems almost like a dreams that has slowly faded./On dirait presque d'un rêve lentement évanoui. ». C'est le sentiment que j'ai à chaque fois que je referme ce livre, l'impression d'avoir été pendant toute ma lecture en compagnie de ces personnages, d'avoir vécu avec eux et de devoir finalement me réveiller en tournant la dernière page (ou, comme le dit Frodon, de retomber dans le sommeil?)

Bref, ce dernier tome conclut de façon magistrale une saga magistrale, en apportant une résolution à beaucoup de questions, en laissant d'autres questions en suspens pour y répondre (ou pas?) ailleurs. Les personnages sortent de toutes leurs épreuves profondément changés, et le lecteur également. La fin du récit nous laisse en quelque sorte sur notre faim, et l'on aimerait rester encore un peu en compagnie de tous ces personnages que l'on a accompagné durant toutes ces aventures. Tolkien nous apporte beaucoup d'éléments sur la vie des différents personnages de la saga, sur le Seigneur des Anneaux, mais également sur le Hobbit, par le biais des appendices présents à la fin du livre, qui nous présentent des chronologies, des arbres généalogiques, des éléments d'histoire absents du roman (l'histoire d'Aragorn et d'Arwen, l'histoire des nains d'Erebor...). C'est un livre que l'on n'a jamais fini de lire, qui nous réserve des surprises à chaque relecture et dans lequel il fait toujours bon se replonger, pour retrouver les personnages et l'univers de Tolkien comme on retrouve de vieux amis.

Une citation de ce tome que j'aime particulièrement:
"But no living man am I! You look upon a woman. Éowyn I am, Éomund's daughter. You stand between me and my lord and kin. Begone, if you be not deathless! For living or dark undead, I will smite you, if you touch him."

Une dernière chanson du Tolkien Ensemble pour terminer: l'hymne des Elfes à Elbereth

1 commentaire:

  1. Quand je lis ta chronique, je me dis que mon Hobbit chouchou est sans conteste Sam :)
    et pour le reste, je n'ai rien à ajouter. Bravo !

    RépondreSupprimer