mardi 10 juillet 2012

Le Rendez-vous (Littéraire !?) de Minidou et Marmotte, Chapitre 2: Les Bijoux Indiscrets - Denis Diderot

Et voilà, avec un mois de décalage sur la date prévue initialement (date qui tombait alors dans une période assez chargée, d'où le report ^^) et de plates excuses pour ce retard, voilà la deuxième édition du Rendez-vous (Littéraire!?) de Minidou et Marmotte, avec cette fois une chronique sur les Bijoux Indiscrets, un petit ouvrage publié en 1748 (anonymement) par Denis Diderot.


Un sultan se voit offrir un anneau aux pouvoirs magiques: toute femme vers laquelle il en tournera le chaton dévoilera ses intrigues les plus secrètes, bien malgré elle la plupart du temps puisque la voix de la vérité viendra de la partie la plus intime -et la mieux renseignée- de son anatomie...

Après avoir lu et adoré Jacques le Fataliste et La Religieuse de Diderot, deux ouvrages d'un genre très différent, j'étais curieuse de découvrir ce court roman (dont le thème d'ailleurs me semblait assez amusant ^^). Malgré sa brièveté, il traite de beaucoup de choses, et le ton mordant de l'auteur n'épargne pas grand chose à la société qu'il décrit. L'action se passe en effet au Congo, mais l'exotisme n'est qu'un prétexte à critiquer la société française sous couvert de la fiction. Le ton général du récit est celui d'un roman leste, libertin, souvent assez drôle, qui traite de ces divers sujets au travers d'une intrigue légère et divertissante, avec un ton très ironique et pince-sans-rire.

On trouve dans cet ouvrage des thèmes chers aux Lumières que l'on retrouvera pour la plupart plus tard dans Jacques ou La Religieuse, mais l'on commence (étant donné le titre du livre) par l'inconstance des femmes, même si pour être tout à fait juste, Diderot nous dépeint aussi bien des femmes sages ou des femmes d'esprit, comme la favorite, Mirzoza, que l'on retrouve tout au long du roman, et que l'on peut rapprocher des salonnières de l'époque. En faisant parler les bijoux, Diderot nous dépeint ainsi divers caractères féminins, en parvenant à les rendre tous différents.

D'autre part, le prodige et le récit centré autour des histoires de femmes sert également de prétexte à des critiques plus larges de certains aspects de la société française du XVIIIe siècle, dénoncés avec une plume ironique et mordante: la vanité des savants qui prétendent démontrer des phénomènes sur lesquels ils n'ont aucune connaissance en anesthésiant leur auditoire par de l'érudition creuse, mais aussi la vision très négative qu'a l'auteur de l'isolement monacal (qui reviendra dans la Religieuse), car l'on trouve déjà ici l'idée que la claustration pervertit les esprits en refrénant les passions. Il expose par ailleurs ses idées sur divers sujets, dont par exemple le théâtre. Et il me semble avoir reconnu dans le rêve de Mirzoza une allégorie des Anciens et des Modernes, entre ceux qui suivent à la lettre les enseignements des anciens, ceux qui veulent en faire table rase, ou encore ceux qui croyant les imiter ne font que les mutiler ou les dénaturer.

Bref, même s'il est assez court, c'est un livre que j'ai trouvé, en plus d'être assez drôle, très riche, et dans lequel sont esquissés un certain nombre de questions qui se retrouveront dans les futures œuvres de Diderot. L'intrigue en elle-même est parfois un peu répétitive, notamment dans le déroulement des différentes interrogations de Mangogul, mais chaque récit apporte quelque chose de neuf, soit qu'il ait un but différent, soit qu'il décrive un caractère unique, ou encore qu'il serve à démontrer une théorie des personnages. En définitive, c'est un livre qui peut se lire à plusieurs niveaux, et qui s'est révélé en tout cas très plaisant.

Là dessus, voilà nos impressions, avec Marmotte, sur la critique de l'inconstance des femmes dans les Bijoux Indiscrets

Minidou: Je me suis demandée s'il y avait une vraie critique de l'inconstance des femmes chez Diderot. Dans mes souvenirs (de Jacques surtout) ce n'est pas vraiment un thème que j'ai vu chez Diderot, il décrit même des femmes avec des caractères assez forts, et même si on appuie beaucoup sur l'inconstance dans ce roman, je n'ai pas eu l'impression de ressentir vraiment une condamnation de la part de Diderot.

Marmotte: Bah pour moi, c'est un prétexte, même si bon, il y a une critique sur l'inconstance dans le livre, mais c'est un peu comme quand Diderot fait critique d'art dans les salons, il parle bien des tableaux... et de 10 000 autres choses plus ou moins liées aux tableaux

Minidou: Wi, c'est comme ça que je l'ai ressenti aussi. Parce que finalement, même si le livre tourne autour de ça, ça reste quand même relativement gentil au niveau de la critique. Je l'ai plutôt ressenti comme une moquerie sans méchanceté, par rapport à d'autres critiques qui sont plus tranchantes.

Marmotte: Oui, et puis il y a des contre exemple (Mirzoza) et au final, les hommes en prennent quand même pas mal pour leur grade aussi.

Et pour voir l'avis de Marmotte et la suite de la discussion (et un petit jeu comme la dernière fois ^^), c'est par ici!

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