lundi 15 janvier 2018

The Lone City, Book 1 : The Jewel - Amy Ewing

Qui dit Joyau dit richesse. Qui dit Joyau dit beauté. Qui dit Joyau dit royauté. Mais pour les filles comme Violet, le Joyau est avant tout synonyme de servitude. Et pas n'importe quelle servitude : Violet est née et a grandi dans le Marais avant d'être formée dans l'optique de devenir Mère-Porteuse pour la royauté. En effet, au sein du Joyau, la seule chose qui prime sur l'opulence et le luxe, c'est la descendance...
Achetée par la Duchesse du Lac lors de l'Enchère des Mères-Porteuses, Violet est accueillie par une gifle. Désormais connue sous l'appellation #197, elle va rapidement découvrir la brutale réalité qui sous-tend l'étincelante façade du Joyau : cruauté, trahisons et violence sourde sont les méthodes de la royauté.

C'est suite à l'avis de Vashta que j'ai eu envie de lire ce livre qui ne me tentait pas des masses, à l'origine. J'imaginais qu'il s'agissait d'une énième romance young adult dans un univers pseudo-dystopique, et que je n'allais pas y trouver mon compte, d'autant plus que la couverture me rappelait beaucoup celle de La Sélection (et puis finalement, j'ai lu la Sélection quand même et j'ai bien aimé, preuve qu'il ne faut pas juger un livre à sa couverture). Ca tombe bien puisque, d'après la quatrième de couverture, le roman se présente comme un mélange entre the Handmaid's Tale et La Sélection. Pour avoir lu les deux très récemment, je trouve que, pour une fois, ces deux comparaisons sont bien trouvées : l'histoire des mères-porteuses et tout ce que ce concept a d'aliénant rappelle fortement la dystopie de Margaret Atwood, en un chouïa moins sombre et oppressant, et la vie dans le Joyau, les jeux de pouvoirs qui y prennent place au milieu des bals et de l'opulence fait effectivement penser à la Sélection en plus sombre et un chouïa plus complexe.

J'ajouterai deux autres séries auxquelles m'a fait penser ce premier tome : Hunger Games, pas pour les jeux, mais pour Le Capitole, qui m'a beaucoup fait penser au Joyau, avec son culte de l'apparence, sa tendance à faire parader des personnes comme de beaux objets tout en rappelant qu'ils ne sont là que pour l'usage que l'on veut en faire. Mais j'ai aussi pensé un peu à La Passe-Miroir, dans la mesure où l'on découvre peu à peu le Joyau et les dynamiques sociales et politiques qui en régissent le fonctionnement à travers les yeux de Violet. On marche un peu sur des œufs comme elle, sans savoir vraiment à qui faire confiance et quelles sont les véritables motivations des personnes qui l'entourent. C'est d'autant plus compliqué que tout le monde semble porter un masque, tout le monde se conduit de manière ambiguë, et l'on se méfie des personnages un peu trop gentils, de peur qu'ils ne flattent d'une main que pour mieux frapper de l'autre. Violet ne sait rien de ce que va être sa nouvelle vie de mère-porteuse, et ce monde se dévoile petit à petit à elle comme à nous, en nous révélant une cruauté et une barbarie camouflées sous un vernis de richesse et de flagornerie.

Heureusement, certains des personnages qui gravitent autour de Violet ne la voient pas seulement comme une simple mère-porteuse. Le personnage de Lucien m'a beaucoup plu, même s'il est difficile de savoir vraiment à qui se fier dans ce roman. Sa douceur et sa gentillesse à l'égard de Violet me l'ont rendu immédiatement sympathique, même s'il demeure assez énigmatique jusqu'à la fin. On ne sait jamais vraiment ce qu'il pense et quel but il poursuit, ce qui le rend encore plus intéressant. J'ai apprécié Annabelle également, et l'appui qu'elle représente pour Violet. Et, contre toute attente, j'ai aussi plutôt bien aimé Garnet, le fils de la Duchesse du Lac, malgré son caractère légèrement imprévisible. Il faut dire que la Duchesse semble tellement intouchable qu'il est agréable de voir une personne qu'elle n'arrive pas à contrôler, et qui piétine allègrement toutes les règles de l'étiquette. C'est un personnage que j'ai trouvé assez rafraîchissant dans cet environnement oppressant. Et puis, évidemment, il y a Ash.

J'ai été assez surprise (dans le bon sens) par la romance que l'on trouve dans l'histoire, d'abord parce qu'elle n'est pas vraiment mise au premier plan, et ensuite parce que, même si les choses se présentent comme un coup de foudre parfaitement classique, ce n'est pas l'impression que je retire de ce qui se passe entre Ash et Violet. On a plutôt l'impression d'une relation désespérée entre deux personnes qui sont les seules à pouvoir se voir telles qu'elles sont, qui sont les seules à pouvoir se comprendre parce qu'elles vivent des situations similaires. J'ai eu l'impression que ces deux personnages se sentaient bien ensemble plus pour la sensation de liberté que cela leur procurait que pour eux-mêmes (en tout cas au départ). C'est une romance qui pourrait sembler trop rapide, trop forcée pour être crédible si on la prend simplement comme une romance classique, mais pour moi, elle prend tout son sens si l'on considère que, au delà de la simple histoire d'amour, ce qui attire les deux personnages l'un vers l'autre est l'envie d'être traité comme un être humain, de quelqu'un qui voie chez eux plus que leur simple fonction, et c'est quelque chose que personne d'autre ne peut leur donner. En ce sens, le rapprochement entre ces deux personnages semble inévitable et cela ne rend leur relation que plus poignante. Ainsi, paradoxalement, je n'ai pas vraiment cru à la romance entre Ash et Violet, mais je n'en ai trouvé leur rapprochement que plus touchant.

S'il n'y a pas vraiment d'action trépidante dans ce roman, l'auteur sait malgré tout nous tenir en haleine, d'une part en nous faisant découvrir petit à petit, à travers Violet, le fonctionnement du Joyau et ses sombres secrets, d'autre part en faisant de Violet un personnage volontaire, qui se plie au règles en apparence mais se raccroche à chaque bribe de liberté qu'elle peut obtenir. A plusieurs reprises elle se met dans des situations délicates qui nous font trembler pour elle (mais jamais, il me semble, au point d'en faire une écervelée. Elle brave les règles en connaissance de cause, parce que c'est tout ce qui lui reste, et on ne peut pas lui en vouloir, dans la plupart des cas.) Enfin, Amy Ewing a introduit dans son récit une forme de pouvoir (j'hésite à appeler ça magie), les Auguries, qui permettent d'agir sur les objets et les êtres vivants et que possèdent toutes les mères-porteuses. On en apprend peu à peu sur ces étranges capacités et pourquoi elles sont si importantes pour les mères-porteuses, et quelque chose me dit que l'on n'a pas fini d'en apprendre là-dessus.

Bref, c'était un roman vraiment chouette, que j'ai littéralement dévoré, et dont j'ai eu immédiatement envie de lire la suite. Le récit, malgré son apparente lenteur, est rythmé par des révélations distillées astucieusement, par des événements plus ou moins positifs (en tout cas pour le personnage principal) ainsi que par des questions parfois laissées sans réponse, notamment quant aux motivations et au vrai visage des personnages. J'ai vraiment hâte de mette la main sur le tome 2 !

Un livre lu dans le cadre du challenge ABC Littératures de l'Imaginaire

et du challenge coupe des Quatre Maisons



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