Kote est un aubergiste énigmatique, qui tâche tant bien que mal de tenir son commerce dans un petit village, avec Bast, son apprenti. Un jour, tandis que des événements étranges commencent à se produire aux environs, Kote fait la connaissance de Chronicler, un scribe à la recherche de Kvothe. Car Kote l'aubergiste n'est autre que Kvothe, un personnage dont la vie trépidante est devenue légendaire. Chronicler souhaiterait connaître la véritable histoire de Kvothe, et Kvothe consent à la lui raconter, mais selon ses propres termes: l'histoire sera retranscrite comme il la raconte, mot pour mot, et il la racontera en trois jours, ni plus ni moins...
Après avoir été longtemps harcelée par Marmotte, je me suis enfin décidée à lire ce livre dont j'avais par ailleurs entendu beaucoup de bien. Si mon avis n'est pas tout à fait aussi enthousiaste que la plupart, c'est tout de même un chouette premier roman que nous propose Patrick Rothfuss, avec un récit dans l'ensemble classique, mais relativement addictif, tout de même. L'ambiance médiévale m'a souvent rappelée celle de la Roue du Temps de Robert Jordan, mais le roman lui même m'a tout de même paru beaucoup moins cousu de fil blanc.
Si la forme du récit est assez originale, entre l'histoire de Kvothe à la première personne et de fréquents retours à la situation d'énonciation, et si l'on sent bien que l'action se situe non seulement dans le récit de Kvothe mais aussi dans le cadre de ce récit, c'est à dire l'auberge, l'intrigue elle-même reste malgré tout relativement classique et dans l'ensemble très prévisible. L'écriture est plaisante, tantôt narrative, sans fioriture et tantôt plus descriptive et réflexive. Une écriture somme toute sympathique et très fluide, mais tout de même bien moins originale et poétique que ce à quoi je m'attendais (on trouve pourtant ce côté poétique et bien tourné dans le prologue et l'épilogue, mais beaucoup moins dans le texte proprement dit, ce qui m'a un peu chagrinée.)
Le début est volontairement obscur, plongeant le lecteur sans filet dans le quotidien de personnages secrets qui parlent par énigmes, mais auxquels, avec une facilité déconcertante, on s'attache très vite (particulièrement Bast, en ce qui me concerne). On est très rapidement happé dans un récit dont pourtant il nous faut sans cesse recoller les morceaux. L'auteur nous plonge dans cet univers sans nous en donner les clés, ce qui est à la fois fascinant et déstabilisant.
L'univers est assez peu détaillé, finalement, et c'est aussi au lecteur de mettre plus ou moins les morceaux bout à bout. La religion, la mythologie, les superstitions prennent une place importante dans l'histoire du héros, puisque ce sont presque ses seules sources d'information sur les créatures qu'il recherche. Dans un premier temps, il est intéressant de le voir essayer de décortiquer les légendes pour en démêler le vrai du faux, mais à un certain point, ces aspects sont laissés de côté pour revenir à des considérations plus directes et plus matérielles, et finalement, Kvothe n'est pas beaucoup plus près de son objectif à la fin du récit qu'il ne l'était au début.
On a donc pas mal d'informations sur la religion et les croyances, mais finalement une géographie assez floue qui n'aide pas à se représenter l'univers (je sais bien que les cartes, ça fait un peu cliché en fantasy, mais il faut bien avouer que quand on parle d'un univers imaginaire, c'est quand même plutôt sympa de pouvoir visualiser les déplacements des personnages dans l'espace, et comme Kvothe crapahute pas mal, ça m'a un peu manqué ici.) Une chose dont on entend en revanche beaucoup parler est le système monétaire, puisque c'est souvent la principale préoccupation de Kvothe. Sans un sou et obligé de payer ses études à l'université, il cherche toujours à grappiller comme il peut le moyen de subsister quelques jours ou au mieux quelques semaines de plus. On a également quelques indices sur la mesure du temps (noms des jours de la semaine, mois...) et quelques informations sur l'organisation sociale (la noblesse etc...) mais tout cela reste tout de même assez vague, et c'est dommage car cela m'a parfois donné l'impression de ne pas parvenir à entrer complètement dans l'univers de Rothfuss.
En revanche on apprend pas mal de choses sur la sympathie (enfin, « sympathy » en VO, je ne sais pas comment cela a été traduit en français.) Il s'agit d'une forme de magie assez particulière qui m'a par certains aspects beaucoup rappelé l'allomancie de Mistborn, certainement par le fait qu'il s'agisse plutôt de manipuler et contourner les lois de la physique que de véritablement faire de la magie. Le pouvoir des noms est en revanche beaucoup plus mystérieux et beaucoup moins développé pour le moment (c'est peut-être pour raison que j'ai eu un petit coup de cœur pour le personnage d'Elodin, le doux dingue qui connaît le nom de toutes les choses et qui apparaît si peu.)
Puisque je parle d'Elodin, je fais un petit crochet par les personnages que j'ai particulièrement aimé dans ce premier tome, outre ce professeur de l'Université qui m'a vraiment beaucoup plu et que j'aurais aimé voir un peu plus (je pense qu'il sera un peu plus présent dans le tome 2, je l'espère, du moins.) Il y a donc Bast, l'élève de Kvothe, qui est un personnage assez drôle, mais en même temps un peu énigmatique (et parfois assez inquiétant). J'ai beaucoup aimé chez ce personnage ce mélange de légèreté, d'humour et en même temps cette part d'ombre et cette impression de menace latente que l'on ressent en permanence. Malheureusement, comme il n'apparaît que dans l'auberge de Kvothe, on le voit assez peu, mais j'ai hâte d'en savoir plus sur lui!
D'autre part, j'ai aussi beaucoup aimé les camarades de Kvothe à l'université, Wilem et Simmon, d'abord, deux personnages assez différents, mais bons camarades, et même plus particulièrement Wilem, qui m'a amusée avec ses difficultés à maîtriser la langue locale. Mais aussi Sovoy, l'aristocrate, que j'ai bien aimé aussi pour son côté parfois un peu hautain et pourtant sympathique (Il m'a parfois rappelé le personnage de Bertram dans le Livre des Etoiles d'Erik L'Homme, en un chouia moins agaçant.). Je trouve que Wilem décrit parfaitement en une seule phrase tout ce qui fait le personnage: « It's like he knows he's better than you, but doesn't look down on you for it because he knows it's not your fault.». Tous ces personnages m'ont beaucoup plu, mais on les voit malheureusement de façon très épisodique, Kvothe étant un personnage tout de même relativement solitaire. En revanche, je n'ai pas trop regretté les fréquentes disparitions de la fameuse demoiselle dont Kvothe parle si souvent (et dont je ne donnerai pas le nom, non non =p) et qui m'a laissée assez indifférente dans l'ensemble.
Le personnage de Kvothe lui-même est heureusement assez attachant lui aussi, même s'il est bourré de défauts parfois agaçants. Pour commencer, il est inconscient et un peu tête brûlée, ce qui n'est pas forcément un mal. Mais il est également exceptionnellement intelligent, il le sait, et tâche d'en faire son meilleur atout, tout en sachant que cela peut aussi lui attirer des ennuis. Par certains côtés, il m'a également rappelé un autre personnage, celui d'Ender dans Ender's Game d'Orson Scott Card: son intelligence lui permet de maîtriser les choses très rapidement, mais l'oblige aussi à se montrer dur, à faire preuve d'une assurance qui frise parfois l'arrogance, pour être pris au sérieux malgré son jeune âge. Et il faut bien avouer que si l'on bondit parfois en voyant le culot qu'il peut avoir, on a tout de même aussi souvent envie de secouer les gens qui le prennent juste pour un gamin sans savoir tout ce qu'il a traversé.
La double narration fait que l'on a affaire ici à un narrateur adulte (même s'il semble être encore relativement jeune) qui porte un regard parfaitement lucide sur les défauts de ses jeunes années. Il est intéressant d'avoir ces deux niveaux du récit, car l'intérêt, il faut bien le dire, vient moins du récit lui même que du décalage que l'on peut ressentir entre ce que la légende qui s'est bâtie autour de Kvothe a rapporté, et les faits tels qu'ils se sont déroulés. Les bribes de rumeurs qui courent autour de Kvothe, disséminées dans tout le début du roman, l'introduction qu'il fait lui même à sa propre histoire, nous font attendre des choses épiques qui se révèlent au final assez triviales, voire s'avèrent en réalité être de monstrueuses gaffes de la part du héros.
Bref, c'est un récit qui s'est avéré plaisant à lire, et je l'ai dévoré très vite. Mon seul regret porte essentiellement sur le fait que vu tous les avis élogieux que j'en avais reçu, je m'attendais à quelque chose de beaucoup plus original, aussi bien au niveau du récit que du style. Ma lecture a été un peu parasitée tout du long par cette attente d'un déclic qui finalement n'est pas vraiment venu. Qu'à cela ne tienne, j'ai tout de même passé un très bon moment de lecture, et même si ce n'est pas tout à fait un coup de cœur, j'ai néanmoins très envie de lire la suite
Une petite citation qui m'a bien fait rire:
Si la forme du récit est assez originale, entre l'histoire de Kvothe à la première personne et de fréquents retours à la situation d'énonciation, et si l'on sent bien que l'action se situe non seulement dans le récit de Kvothe mais aussi dans le cadre de ce récit, c'est à dire l'auberge, l'intrigue elle-même reste malgré tout relativement classique et dans l'ensemble très prévisible. L'écriture est plaisante, tantôt narrative, sans fioriture et tantôt plus descriptive et réflexive. Une écriture somme toute sympathique et très fluide, mais tout de même bien moins originale et poétique que ce à quoi je m'attendais (on trouve pourtant ce côté poétique et bien tourné dans le prologue et l'épilogue, mais beaucoup moins dans le texte proprement dit, ce qui m'a un peu chagrinée.)
Le début est volontairement obscur, plongeant le lecteur sans filet dans le quotidien de personnages secrets qui parlent par énigmes, mais auxquels, avec une facilité déconcertante, on s'attache très vite (particulièrement Bast, en ce qui me concerne). On est très rapidement happé dans un récit dont pourtant il nous faut sans cesse recoller les morceaux. L'auteur nous plonge dans cet univers sans nous en donner les clés, ce qui est à la fois fascinant et déstabilisant.
L'univers est assez peu détaillé, finalement, et c'est aussi au lecteur de mettre plus ou moins les morceaux bout à bout. La religion, la mythologie, les superstitions prennent une place importante dans l'histoire du héros, puisque ce sont presque ses seules sources d'information sur les créatures qu'il recherche. Dans un premier temps, il est intéressant de le voir essayer de décortiquer les légendes pour en démêler le vrai du faux, mais à un certain point, ces aspects sont laissés de côté pour revenir à des considérations plus directes et plus matérielles, et finalement, Kvothe n'est pas beaucoup plus près de son objectif à la fin du récit qu'il ne l'était au début.
On a donc pas mal d'informations sur la religion et les croyances, mais finalement une géographie assez floue qui n'aide pas à se représenter l'univers (je sais bien que les cartes, ça fait un peu cliché en fantasy, mais il faut bien avouer que quand on parle d'un univers imaginaire, c'est quand même plutôt sympa de pouvoir visualiser les déplacements des personnages dans l'espace, et comme Kvothe crapahute pas mal, ça m'a un peu manqué ici.) Une chose dont on entend en revanche beaucoup parler est le système monétaire, puisque c'est souvent la principale préoccupation de Kvothe. Sans un sou et obligé de payer ses études à l'université, il cherche toujours à grappiller comme il peut le moyen de subsister quelques jours ou au mieux quelques semaines de plus. On a également quelques indices sur la mesure du temps (noms des jours de la semaine, mois...) et quelques informations sur l'organisation sociale (la noblesse etc...) mais tout cela reste tout de même assez vague, et c'est dommage car cela m'a parfois donné l'impression de ne pas parvenir à entrer complètement dans l'univers de Rothfuss.
En revanche on apprend pas mal de choses sur la sympathie (enfin, « sympathy » en VO, je ne sais pas comment cela a été traduit en français.) Il s'agit d'une forme de magie assez particulière qui m'a par certains aspects beaucoup rappelé l'allomancie de Mistborn, certainement par le fait qu'il s'agisse plutôt de manipuler et contourner les lois de la physique que de véritablement faire de la magie. Le pouvoir des noms est en revanche beaucoup plus mystérieux et beaucoup moins développé pour le moment (c'est peut-être pour raison que j'ai eu un petit coup de cœur pour le personnage d'Elodin, le doux dingue qui connaît le nom de toutes les choses et qui apparaît si peu.)
Puisque je parle d'Elodin, je fais un petit crochet par les personnages que j'ai particulièrement aimé dans ce premier tome, outre ce professeur de l'Université qui m'a vraiment beaucoup plu et que j'aurais aimé voir un peu plus (je pense qu'il sera un peu plus présent dans le tome 2, je l'espère, du moins.) Il y a donc Bast, l'élève de Kvothe, qui est un personnage assez drôle, mais en même temps un peu énigmatique (et parfois assez inquiétant). J'ai beaucoup aimé chez ce personnage ce mélange de légèreté, d'humour et en même temps cette part d'ombre et cette impression de menace latente que l'on ressent en permanence. Malheureusement, comme il n'apparaît que dans l'auberge de Kvothe, on le voit assez peu, mais j'ai hâte d'en savoir plus sur lui!
D'autre part, j'ai aussi beaucoup aimé les camarades de Kvothe à l'université, Wilem et Simmon, d'abord, deux personnages assez différents, mais bons camarades, et même plus particulièrement Wilem, qui m'a amusée avec ses difficultés à maîtriser la langue locale. Mais aussi Sovoy, l'aristocrate, que j'ai bien aimé aussi pour son côté parfois un peu hautain et pourtant sympathique (Il m'a parfois rappelé le personnage de Bertram dans le Livre des Etoiles d'Erik L'Homme, en un chouia moins agaçant.). Je trouve que Wilem décrit parfaitement en une seule phrase tout ce qui fait le personnage: « It's like he knows he's better than you, but doesn't look down on you for it because he knows it's not your fault.». Tous ces personnages m'ont beaucoup plu, mais on les voit malheureusement de façon très épisodique, Kvothe étant un personnage tout de même relativement solitaire. En revanche, je n'ai pas trop regretté les fréquentes disparitions de la fameuse demoiselle dont Kvothe parle si souvent (et dont je ne donnerai pas le nom, non non =p) et qui m'a laissée assez indifférente dans l'ensemble.
Le personnage de Kvothe lui-même est heureusement assez attachant lui aussi, même s'il est bourré de défauts parfois agaçants. Pour commencer, il est inconscient et un peu tête brûlée, ce qui n'est pas forcément un mal. Mais il est également exceptionnellement intelligent, il le sait, et tâche d'en faire son meilleur atout, tout en sachant que cela peut aussi lui attirer des ennuis. Par certains côtés, il m'a également rappelé un autre personnage, celui d'Ender dans Ender's Game d'Orson Scott Card: son intelligence lui permet de maîtriser les choses très rapidement, mais l'oblige aussi à se montrer dur, à faire preuve d'une assurance qui frise parfois l'arrogance, pour être pris au sérieux malgré son jeune âge. Et il faut bien avouer que si l'on bondit parfois en voyant le culot qu'il peut avoir, on a tout de même aussi souvent envie de secouer les gens qui le prennent juste pour un gamin sans savoir tout ce qu'il a traversé.
La double narration fait que l'on a affaire ici à un narrateur adulte (même s'il semble être encore relativement jeune) qui porte un regard parfaitement lucide sur les défauts de ses jeunes années. Il est intéressant d'avoir ces deux niveaux du récit, car l'intérêt, il faut bien le dire, vient moins du récit lui même que du décalage que l'on peut ressentir entre ce que la légende qui s'est bâtie autour de Kvothe a rapporté, et les faits tels qu'ils se sont déroulés. Les bribes de rumeurs qui courent autour de Kvothe, disséminées dans tout le début du roman, l'introduction qu'il fait lui même à sa propre histoire, nous font attendre des choses épiques qui se révèlent au final assez triviales, voire s'avèrent en réalité être de monstrueuses gaffes de la part du héros.
Bref, c'est un récit qui s'est avéré plaisant à lire, et je l'ai dévoré très vite. Mon seul regret porte essentiellement sur le fait que vu tous les avis élogieux que j'en avais reçu, je m'attendais à quelque chose de beaucoup plus original, aussi bien au niveau du récit que du style. Ma lecture a été un peu parasitée tout du long par cette attente d'un déclic qui finalement n'est pas vraiment venu. Qu'à cela ne tienne, j'ai tout de même passé un très bon moment de lecture, et même si ce n'est pas tout à fait un coup de cœur, j'ai néanmoins très envie de lire la suite
Une petite citation qui m'a bien fait rire:
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