Dans L'Aiglon à deux têtes, le petit duc Franz de Reichstadt, exilé en Autriche après la chute de son père Napoléon 1er,s'invente un compagnon à son image qu'il va cacher dans son armoire à glace et baptiser François Personne. Reflet de plus en plus indépendant de son créateur, Personne (Nemo en latin) acquiert en grandissant la faculté d'apparaître à tous les grands esprits qui lui sont chers : le maréchal Ney, Lord Byron, Mary et Percy Shelley, Victor Hugo, Alexandre Dumas, etc. Or depuis le berceau, d'obscures entités se penchent sur ce curieux phénomène, dont une mystérieuse Dame Blanche qui ne lui veut pas que du bien. Quand François comprend que le chancelier Metternich, qui a pris Franz sous son aile, est un agent de ces forces occultes, peut-il rester passivement dans son miroir ?
Cela faisait un moment que ce livre traînait dans ma PAL, au moment où Morgaxia me l'a proposé pour le Livra'deux pour PAL'Addict, au milieu du Quadrille des Assassins, le premier tome de la trilogie Morgenstern d'Hervé Jubert, et Baroque'n'roll de Anthelme Hauchecorne. Et je dois dire que j'ai choisi ce livre avant tout parce que, contrairement aux deux autres, je sentais bien qu'il avait des chances de moisir encore un long moment dans ma cheminée (wi, je range mes livres dans ma cheminée) avant que je ne me décide à l'en sortir. Finalement, le choix s'est avéré assez bon, et je remercie morgaxia de son coup de pouce, car la découverte, bien que souvent un peu déroutante, s'est avérée très intéressante.
Tout d'abord, l'écriture est au présent, dynamique et accrocheuse, et le tout est assez bien documenté, même si l'ensemble est beaucoup romancé. Le début est un peu confus, puisqu'il est vu à travers les yeux de Fanfan, le roi de Rome encore tout jeune. Mais ce point de vue unique pendant un moment présente Napoléon sous un jour intéressant: à la fois chef de guerre et père aimant, vu à travers les yeux d'un tout jeune fils qui l'idolâtre. On s'attache immédiatement au petit Fanfan présenté de façon adorable. La connexion qu'il a avec son père, au début constamment en campagne et ensuite exilé, est très étrange, et l'on se demande bien d'où elle vient, mais elle permet de renforcer le lien entre le père et son fils et ajoute en même temps une dimension touchante et tragique au destin de l'Empereur et de ce petit garçon auquel on tâche ensuite par tous les moyens de faire oublier qu'il a été français.
On assiste donc à cette connexion à la fois surprenante, touchante, mais aussi déconcertante entre Napoléon et son fils, tout d'abord, et puis ensuite de façon plus ou moins expliquée, avec d'autres personnages illustres (le maréchal Ney, Mary Shelley, Victor Hugo...). Ce tome est clairement un tome introductif: on y pose beaucoup de questions, les choses sont entourées d'un mystère que l'auteur ne se soucie pas de lever tout de suite, et même si on peut mettre petit à petit les morceaux du puzzle en place, cela prend un certain temps, et même à la toute fin, on ne comprend pas toutes les implications de l'histoire.
Durant tout le livre, la narration est très morcelée, puisqu'elle se partage entre le point de vue de Fanfan d'une part, le petit garçon qui grandit et qui perd peu à peu la naïveté de l'enfance, l'Empereur qui se morfond sur son île et les complots pour tenter de le faire échapper, la situation en France, avec la Restauration, et les manigances de Fouché, le tout entremaillé de passages plus ou moins longs où l'on jette un coup d'oeil ou deux sur les quelques personnages que les apparitions de Nemo vont influencer d'une façon ou d'une autre (parmi lesquelles Alexandre Dumas et Balzac, en plus de ceux cités plus haut.)
Le personnage de Nemo proprement dit n'apparaît qu'assez tard, on le voit d'ailleurs bien avant de le nommer, et son origine aussi bien que son rôle sont finalement assez obscurs tout au long du livre, même s'il est assez sympathique d'évoluer au milieu de tous ces personnages historiques, sur lesquels le petit duc de Reichstadt et son compagnon mystérieux auront une influence plus ou moins consciente. Par ailleurs un autre personnage tout aussi mystérieux mais beaucoup plus angoissant hante l'ensemble du livre, apparaissant aux endroits où on l'attend le moins, pour une raison encore assez obscure: la Dame Blanche. Sa description épouvante, et ses apparitions mettent toujours mal à l'aise, principalement à cause de son apparence cadavérique, le fait que l'on ignore totalement quel est son but, et l'impression qu'elle sème maladie et mort partout où elle passe.
Dans ce récit qui se veut la plupart du temps historique, il est d'ailleurs très déstabilisant de voir intervenir des forces occultes (divinités égyptiennes, créatures mystérieuses que l'on soupçonne rapidement d'être des anges...) qui semblent régenter la destinée des grands personnages de l'Histoire, des personnages qui sont parfaitement au courant de ce qu'il se passe et parfois même forcent leur chance en passant un pacte avec des forces plus puissantes qu'eux. L'intervention de ces forces occultes est le plus souvent assez déplaisante, très déroutante, et suscite une espèce d'angoisse et de malaise qui reste en filigrane tout au long du roman. Et il est à la fois fascinant et effrayant de voir certains personnages, sûrs de leurs propre valeur, se croire au dessus de la volonté de ces créatures, et au final tomber inexorablement, et précipiter leur chute en essayant désespérément de se raccrocher à une illusion de pouvoir et de libre arbitre.
Bref, ce premier tome est un peu confus, et pose finalement beaucoup plus de questions qu'il n'apporte de réponses. On suit beaucoup de trames narratives plus ou moins importante, sans toujours savoir si les personnages ne font qu'une apparition anecdotique ou auront véritablement un rôle dans la suite des événements. Mais le style et le ton du livre, assez sombre, parfois angoissant, et la narration fluide font que l'on se laisse tout de même entraîner par le texte, on s'amuse de voir la manière dont les auteurs ont inclus le personnages de Nemo dans des événement historiques et dans la destinée de personnages connus, et même si je me suis un peu laissée promener par le bout du nez dans ce premier tome, j'ai tout de même bien envie de lire la suite pour voir si certaines choses s'éclaircissent un peu, et en savoir un peu plus sur ces forces qui semblent diriger les puissants comme des marionnettes et sur cette mystérieuse Dame Blanche.
De son côté, Morgaxia a choisi de lire parmi les livres que je lui avais proposés Les enquêtes extraordinaires de Newbury et Hobbes, tome 1: les revenants de Whitechapel, de George Mann, qu'elle a aimé, mais sans plus.
Un livre lu dans le cadre du challenge Livra'deux pour PAL'Addict
Tout d'abord, l'écriture est au présent, dynamique et accrocheuse, et le tout est assez bien documenté, même si l'ensemble est beaucoup romancé. Le début est un peu confus, puisqu'il est vu à travers les yeux de Fanfan, le roi de Rome encore tout jeune. Mais ce point de vue unique pendant un moment présente Napoléon sous un jour intéressant: à la fois chef de guerre et père aimant, vu à travers les yeux d'un tout jeune fils qui l'idolâtre. On s'attache immédiatement au petit Fanfan présenté de façon adorable. La connexion qu'il a avec son père, au début constamment en campagne et ensuite exilé, est très étrange, et l'on se demande bien d'où elle vient, mais elle permet de renforcer le lien entre le père et son fils et ajoute en même temps une dimension touchante et tragique au destin de l'Empereur et de ce petit garçon auquel on tâche ensuite par tous les moyens de faire oublier qu'il a été français.
On assiste donc à cette connexion à la fois surprenante, touchante, mais aussi déconcertante entre Napoléon et son fils, tout d'abord, et puis ensuite de façon plus ou moins expliquée, avec d'autres personnages illustres (le maréchal Ney, Mary Shelley, Victor Hugo...). Ce tome est clairement un tome introductif: on y pose beaucoup de questions, les choses sont entourées d'un mystère que l'auteur ne se soucie pas de lever tout de suite, et même si on peut mettre petit à petit les morceaux du puzzle en place, cela prend un certain temps, et même à la toute fin, on ne comprend pas toutes les implications de l'histoire.
Durant tout le livre, la narration est très morcelée, puisqu'elle se partage entre le point de vue de Fanfan d'une part, le petit garçon qui grandit et qui perd peu à peu la naïveté de l'enfance, l'Empereur qui se morfond sur son île et les complots pour tenter de le faire échapper, la situation en France, avec la Restauration, et les manigances de Fouché, le tout entremaillé de passages plus ou moins longs où l'on jette un coup d'oeil ou deux sur les quelques personnages que les apparitions de Nemo vont influencer d'une façon ou d'une autre (parmi lesquelles Alexandre Dumas et Balzac, en plus de ceux cités plus haut.)
Le personnage de Nemo proprement dit n'apparaît qu'assez tard, on le voit d'ailleurs bien avant de le nommer, et son origine aussi bien que son rôle sont finalement assez obscurs tout au long du livre, même s'il est assez sympathique d'évoluer au milieu de tous ces personnages historiques, sur lesquels le petit duc de Reichstadt et son compagnon mystérieux auront une influence plus ou moins consciente. Par ailleurs un autre personnage tout aussi mystérieux mais beaucoup plus angoissant hante l'ensemble du livre, apparaissant aux endroits où on l'attend le moins, pour une raison encore assez obscure: la Dame Blanche. Sa description épouvante, et ses apparitions mettent toujours mal à l'aise, principalement à cause de son apparence cadavérique, le fait que l'on ignore totalement quel est son but, et l'impression qu'elle sème maladie et mort partout où elle passe.
Dans ce récit qui se veut la plupart du temps historique, il est d'ailleurs très déstabilisant de voir intervenir des forces occultes (divinités égyptiennes, créatures mystérieuses que l'on soupçonne rapidement d'être des anges...) qui semblent régenter la destinée des grands personnages de l'Histoire, des personnages qui sont parfaitement au courant de ce qu'il se passe et parfois même forcent leur chance en passant un pacte avec des forces plus puissantes qu'eux. L'intervention de ces forces occultes est le plus souvent assez déplaisante, très déroutante, et suscite une espèce d'angoisse et de malaise qui reste en filigrane tout au long du roman. Et il est à la fois fascinant et effrayant de voir certains personnages, sûrs de leurs propre valeur, se croire au dessus de la volonté de ces créatures, et au final tomber inexorablement, et précipiter leur chute en essayant désespérément de se raccrocher à une illusion de pouvoir et de libre arbitre.
Bref, ce premier tome est un peu confus, et pose finalement beaucoup plus de questions qu'il n'apporte de réponses. On suit beaucoup de trames narratives plus ou moins importante, sans toujours savoir si les personnages ne font qu'une apparition anecdotique ou auront véritablement un rôle dans la suite des événements. Mais le style et le ton du livre, assez sombre, parfois angoissant, et la narration fluide font que l'on se laisse tout de même entraîner par le texte, on s'amuse de voir la manière dont les auteurs ont inclus le personnages de Nemo dans des événement historiques et dans la destinée de personnages connus, et même si je me suis un peu laissée promener par le bout du nez dans ce premier tome, j'ai tout de même bien envie de lire la suite pour voir si certaines choses s'éclaircissent un peu, et en savoir un peu plus sur ces forces qui semblent diriger les puissants comme des marionnettes et sur cette mystérieuse Dame Blanche.
De son côté, Morgaxia a choisi de lire parmi les livres que je lui avais proposés Les enquêtes extraordinaires de Newbury et Hobbes, tome 1: les revenants de Whitechapel, de George Mann, qu'elle a aimé, mais sans plus.
Un livre lu dans le cadre du challenge Livra'deux pour PAL'Addict
Ton avis rend cette histoire encore plus intrigante et je dois bien avoué que je lirais bien ce livre.
RépondreSupprimerJe peux te le réserver pour le prochain TTBS si tu veux ^^!
SupprimerOui avec plaisir
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