jeudi 7 juin 2012

Apocalypsis, tome 1: Cavalier blanc: Alice - Eli Esseriam



Alice Naulin, 17 ans, est une jeune fille très particulière. Surdouée, elle est également l'un des quatre cavaliers de l'Apocalypse. Du moins, c'est la conclusion à laquelle elle parvient après avoir eu des visions étranges et lorsqu'elle se découvre des capacités pour le moins surprenantes, et dangereuses. Alors que la fin du monde approche, Alice va devoir découvrir toute l'étendue de ses pouvoirs, et apprendre également ses limites.

Fiou, presque un mois sans poster de chroniques ici! Quelle honte! Rattrapons cela tout de suite, d'autant que j'ai eu une excellente surprise avec ce livre prêté par Plumeline lors du Tea-Time Book Show de mai, et dévoré par hasard deux jours plus tard. Il faut dire qu'une fois les premières pages entamées, on peut difficilement abandonner Alice en plein milieu de son aventure. L'écriture d'Eli Esseriam est addictive et efficace, et elle retranscrit très bien, à travers le récit à la première personne, le caractère plein de morgue et de cynisme de son personnage principal.

Car c'est réellement le personnage d'Alice qui porte tout le récit. Glaciale, froidement rationnelle et peu encline à se mêler à ses semblables, elle apparaît au premier abord comme un personnage peu sympathique. Sans la détester réellement, on se rend vite compte qu'elle évolue dans des sphères bien différentes de la nôtre, et que par conséquent, il va être difficile de juger ses actes à l'aune de la morale commune. Mais malgré tout elle fait montre parfois d'un caractère humain, et parfois d'une fragilité qui la rendent malgré tout touchante. Il y a une constante tension, dans ce personnage, entre son caractère glacé et manipulateur et les moments où elle fait preuve d'une vulnérabilité très humaine. L'ambiguïté est encore plus forte avec le choix du récit à la première personne. Le lecteur partage les pensées d'Alice, sans pour autant pouvoir s'identifier à elle. J'ai trouvé ce choix assez astucieux, car le lecteur de ce fait se trouve parfois complice de faits et gestes dont il voit et comprend clairement les motivations, y adhère, même, parfois, tout en sachant qu'il ne peut pas les cautionner.

Ainsi, tout en étant un personnage qui se veut dépourvu de toute irrationalité, Alice véhicule parfois des émotions qui sont d'autant plus fortes qu'elles sont rarement exprimées. L'amour, la haine, sont des sentiments qui, lorsqu'elle les ressent, sont sincères, forts et parfois destructeurs. Ce qui fait partie des raisons pour lesquelles la morale de ce livre est si ambiguë car on finit presque malgré soi par s'attacher à Alice, en dépit de sa conception très particulière de la justice, car ses émotions sont décrites avec tant de forces que l'on ne peut que les partager.

Cette force dans les émotions vient aussi largement des événements racontés. Pour un roman jeunesse, j'ai été surprise de la violence de certaines situations, racontées sans complaisance, mais sans ménagements non plus. Meurtre, viol, froide vengeance, les pouvoirs d'Alice semblent parfois échapper à son contrôle ou au contraire, elle semble avoir de façon effrayante, la capacité de leur faire faire exactement ce qu'elle veut. La violence n'est jamais passée sous silence qu'elle soit physique ou verbale. Spoiler: Admettons-le, entendre une mère dire à sa fille qu'elle aurait mieux fait de l'étouffer à la naissance, c'est violent, quand même.

Du côté des personnages secondaires, sans surprise, je me suis particulièrement attachée aux personnages auxquels Alice tient le plus, Virgile Lizerman en tête, que j'ai aimé, disons plutôt, pour qui j'ai eu un coup de cœur, pour son côté détaché et sarcastique, sans compter le fait qu'il soit le seul suffisamment intelligent pour oser tenir tête à la demoiselle, ce qui n'est pas négligeable. J'ai aussi bien aimé le père d'Alice qui représente toujours une sorte d'ancre, de bouée de sauvetage lorsque le monde de sa fille semble plus ou moins s'écrouler autour d'elle. Spoiler: La perte de ces deux personnages, définitive ou non, est un véritable déchirement dans le récit, aussi bien pour Alice que pour le lecteur.

Finalement le seul petit reproche que je ferais à ce roman, c'est qu'il est un peu trop court pour tout ce qui pourrait y être développé. Même compte tenu de sa remarquable intelligence, Alice accepte assez facilement le fait d'être un cavalier de l'Apocalypse, et je me serais attendue à des développements un peu plus approfondis sur la question. Je suis restée un peu sceptique aussi sur les conversations d'Alice avec la divinité, qui m'ont semblé se dérouler à une échelle justement trop humaine. Mais c'est une question de sensibilité personnelle, je pense ^^!

En définitive, c'est une excellente découverte que ce début de saga. Un roman jeunesse sans édulcorants, parfois dur et violent, émaillé aussi de passages touchants, voire poignants. Sans pouvoir réellement s'identifier à son héroïne atypique, on s'y attache néanmoins, et on se laisse happer par le récit et la plume simple mais efficace d'Eli Esseriam. J'ai à présent hâte de mettre la main sur le tome 2!

Un livre qui compte pour le challenge Fantasy sous un chêne!


3 commentaires:

  1. Hi hi, j'ai enfin trouvé le tome 2, je pourrais te le prêter une fois que je l'aurais terminé :)

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  2. Je ne saurai faire autrement que de t'approuver! Ce premier roman m'a beaucoup plu, et à présent que j'attaque le tome 3, je te recommande vivement la suite ^^

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