samedi 14 janvier 2012

The Silmarillion - J.R.R. Tolkien

Titre Français: Le Silmarillion

Les Premiers jours du Monde étaient à peine passés quand Fëanor, le plus doué des elfes, créa les trois Silmarils. Ces bijoux renfermaient la Lumière des Deux Arbres de Valinor. Morgoth, le premier Prince de la Nuit, était encore sur la Terre du Milieu, et il fut fâché d'apprendre que la Lumière allait se perpétuer. Alors il enleva les Silmarils, les fit sertir dans son diadème et garder dans la forteresse d'Angband. Les elfes prirent les armes pour reprendre les joyaux et ce fut la première de toutes les guerres. Longtemps, longtemps après, lors de la Guerre de l'Anneau, Elrond et Galadriel en parlaient encore.

Une relecture pour ce magnifique monument qui m'aura tout de même pris plus de 4 mois. Pour ma défense, je dirai que je l'ai relu en VO, et que l'anglais de Tolkien, et tout particulièrement celui du Silmarillion, n'est pas forcément ce qu'il y a de plus accessible (ce n'est pas illisible non plus, mais c'est tellement dense qu'il faut parfois s'accrocher pour ne pas perdre le fil.) Néanmoins, malgré le temps que cela m'a pris, j'ai toujours la même admiration pour cette œuvre d'une incroyable richesse, qui nous dévoile toute l'ampleur de l'univers imaginé par Tolkien, et nous montre aussi toute l'érudition de ce grand monsieur (le Jupiter de ma triade capitoline des auteurs de fantasy ^^)

Car c'est avant tout ce que je retiendrai de ce livre: moins un roman qu'un récit des origines, une épopée qui retrace toute l'Histoire d'Arda, depuis la création du monde par Ilùvatar, jusqu'à la fin du Troisième Age, ce qui correspond grosso-modo à la fin de la Guerre de l'Anneau. Inutile de chercher là dedans un roman d'aventures dans la même veine que le Seigneur des Anneaux. Tout d'abord, on n'y trouve pas réellement de héros unique, ni d'enchaînement réellement chronologique, même si l'on suit tout de même le déroulement des récits d'un âge à l'autre, et que les récits sont souvent reliés logiquement l'un à l'autre par l'intervention d'un personnage ou de sa lignée. L'ouvrage est avant tout construit de manière discontinue, thématique, comme un recueil de récits plus ou moins indépendants les uns des autres (ce qui s'explique sans doute par le fait que ces textes n'ont pas été publiés tels quels du vivant de Tolkien, mais rassemblés et mis en forme par son fils, Christopher Tolkien)

Mais cet agencement ne trahit en rien l'impression générale qui se dégage du texte, celle d'un livre d'histoire, un récit rapporté de façon relativement neutre, avec un regard volontairement distancié. L'auteur recours ainsi fréquemment à des formules telles que « On dit que... » « peu de choses sont dites... ». Il ne se présente pas comme narrateur omniscient, mais simplement chroniqueur, à la manière des grands historiens antiques. Peu à peu, il fait se détacher des figures emblématiques, qui vont acquérir une dimension héroïque, et à qui il va prêter une voix: il y a ainsi peu de dialogue ans l'ensemble du texte, mais souvent des discours, qui encore une fois ressemblent à des déclamations très proches de celles des grandes figures représentées par les historiens grecs ou romains.

Le Silmarillion se situe donc à la limite de l'ouvrage à tonalité historique, mais aussi du recueil de mythes: Tolkien ne rechigne pas à intégrer à sa mythologie des éléments étiologiques, à commencer par la création du monde, mais également celle de la lune ou du soleil entre autres. De plus, on note tout au long de ce récit des références à diverses mythologies, à commencer par la construction générale du récit, qui ressemble à une réécriture des Ages antiques, depuis l'âge d'or des Valar jusqu'à l'âge de fer des Hommes, en passant par un âge des héros, comme Beren et Lùthien, Tùrin Turambar et Nienor Nìniel. Tolkien emprunte d'ailleurs énormément d'éléments à diverses mythologies, essentiellement judéo-chrétienne, mais aussi gréco-latine (par certains détails, que j'extrapole peut-être, j'ai pensé par exemple au mythe d'Orphée, lorsque Lùthien part chercher Beren dans les cavernes de Mandos, et chante pour l'émouvoir, ou encore la folie de Tùrin et sa mort me font énormément penser au sort du héros Ajax, qui se suicide en se jetant sur son épée après un accès de folie) ou encore la mythologie scandinave (le loup Carcharoth qui dévore la main de Beren se rapproche beaucoup du loup nordique Fenrir qui dévore également la main du dieu Tyr). Parfois les références se font simplement à travers les noms elfiques, qui semblent volontairement évocateurs (l'île perdue des Hommes, qui se nomme à la fois Avallonë et Atalantë ne me semble pas avoir été appelée ainsi totalement par hasard.)

Tout cela fait que ce récit est à la fois très plaisant à lire et très riche, et il n'est pas étonnant qu'il continue de susciter nombre d'interprétations et d'interrogations. L'oeuvre de Tolkien constitue un tout, et certains élément permettent de jeter une lumière sur certains aspects, parfois importants, mais aussi en apparence anodins, du Seigneur des Anneaux ou de Bilbo. Certains éléments ne sont en effet pas indispensables à la compréhension, mais enrichissent néanmoins la signification: un exemple simple est celui du cadeau de Galadriel à Gimli dans le Seigneur des Anneaux, présent qui s'enrichit d'une nouvelle dimension lorsque l'on sait qu'elle accorde au Nain quelque chose qu'elle a toujours refusé à Fëanor lui-même. Quant aux personnages comme Elrond, Glorfindel, Gandalf ou d'autres sur lesquels il n'est dit que peu de choses dans le Seigneur des Anneaux, c'est un plaisir d'en apprendre un peu plus sur eux et leurs origines dans le Silmarillion, ainsi que d'entendre entièrement les histoires qui ne nous sont contées qu'en chanson voire simplement évoquées, dans le Seigneur des Anneaux, comme celle de Beren et Lùthien, ou encore celle d'Eärendil.

Bref, comme la première fois, c'est un coup de cœur pour cette œuvre monumentale, pleine de richesse, qui nous montre toute l'imagination et l'ampleur de l'univers de Tolkien, ainsi que la manière dont tous ses récits se trouvent imbriqués dans une trame bien plus vaste, construite à la manière d'une épopée historique, et empruntant des éléments de nombreux récits mythologiques. Que tout cela soit sorti de l'imagination d'un seul homme me laisse toujours admirative, et j'ai été enchantée de retrouver à nouveau cet univers si vaste qu'il semble impossible de pouvoir l'explorer tout à fait.

Un livre de plus pour le challenge God Save the Livre, ce qui en fait 27 en tout ^^


3 commentaires:

  1. Bravo !!! Magnifique billet qui rend un très bel hommage à cet œuvre monumentale que j'adore aussi. Prochaine étape Tolkien pour moi Les Enfants de Hurin. l'as-tu lu ?

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  2. Non, pas encore lu les enfants de Hurin! C'est dans mes projets aussi, avec le Livre des Contes Perdus qui traîne dans ma PAL depuis un moment déjà =D!

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  3. Très beau billet, c'est vrai que ce monument de la fantasy, qui m'a laissé un excellent souvenir, mériterait une relecture :)

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