samedi 27 août 2011

Le Livre des Mots, tome 1: L'Enfant de la Prophétie - Julie Victoria Jones


Jack est apprenti au château Harvell. Orphelin exploité et maltraité, il mène une triste existence. Mais il découvre qu’il possède des pouvoirs magiques interdits et il est contraint de fuir. Son chemin croise celui de Melliandra, fille rebelle du plus riche seigneur du royaume. Traqués, perdus, les deux adolescents sont le jouet des machinations du redoutable Baralis, le chancelier du roi. Ce dernier, après avoir empoisonné son souverain, maintient le royaume dans une guerre fratricide afin d’usurper le pouvoir. Mais, aux confins du royaume, un des derniers chevaliers de Valdis est demeuré intègre : le preux Taol parcourt le monde connu à la recherche de l’enfant annoncé par la mystérieuse prophétie de Marod.

Comment dire... une petite déception pour ce livre que j'ai eu un peu de mal à terminer, malgré le fait qu'il ne soit pas très long et pas vraiment difficile à lire Pour commencer parce que le livre manque parfois d'originalité dans son intrigue (une prophétie et un enfant orphelin qui se découvre des pouvoirs extraordinaires) et ce premier tome qui met en place les personnages, les enjeux et les rapports de force entre les personnages ne nous apprend finalement pas grand chose de plus.

Il démarre plutôt bien pourtant, on fait des les premières pages la connaissance du personnage un peu ambivalent de Baralis et de ses manoeuvres autour de la famille royale, le portrait, la place et les relations des personnages principaux sont assez vite mis en place... mais une fois tout cela fait, l'histoire retombe un peu comme un soufflé. L'intrigue générale avance relativement lentement, et de façon assez confuse (ou alors c'est moi qui ai eu du mal à me concentrer sur l'histoire, mais à part voir Jack et Melli se sauver puis être repris puis se sauver à nouveau, les personnages au château donner des coups d'épée dans l'eau et Taol patauger dans une quête dont on connaît déjà le but de toute façon, je n'ai pas retenu grand chose de l'avancée générale de l'intrigue...). De plus certaines réactions sont parfois assez peu crédibles (par exemple, lorsque Jack découvre ses pouvoirs, la seule chose qu'il trouve à faire, c'est tourner les talons et partir sans rien emporter avec lui.) ou parfois tellement caricaturales qu'elles frôlent le ridicule (j'ai été marquée par exemple par le procès sommaire de Melli que j'ai trouvé... vraiment expéditif (y compris au niveau de l'écriture...) et qui du coup m'a donné envie de rire, ou encore par le retour miraculeux du père de Taol, juste au moment où on avait besoin de lui...)

Cette relative lenteur de l'intrigue pourrait tout de même passer assez bien si elle était portée par des personnages attachants, ce qui est loin d'être le cas. De toute évidence l'auteur a voulu éviter le manichéisme en donnant surtout la part belle à des personnages sombres, antipathiques, manipulateurs. Sauf que ce n'est pas fait avec le brio d'un George R.R. Martin, par exemple. Le résultat est que les personnages principaux sont certes loin d'être de grands gentils, mais souvent assez peu fouillés au point de frôler la caricature (comme Maybor qui ne pense qu'à se donner du bon temps avec toutes les domestiques qui passent à sa portée (lesquelles étrangement sautent toujours dans son lit avec bonheur et sans arrière pensée aucune...) ou encore l'exemple type, Tavalisc dont chacune des apparitions suit un schéma identique: le personnage est en train de manger, son assistant arrive avec des nouvelles et Tavalisc lui joue un mauvais tour mesquin digne au mieux d'un gamin mal élevé. Et je n'ai pas eu l'impression de voir de nuance chez ce personnage ignoble et sadique.) Parmi ces personnages, le plus ambivalent est encore Baralis, car même s'il est franchement antipathique, le fait de connaître certains aspects de son passé, de lui trouver certaines faiblesses nuance un peu le personnage (et encore, c'est assez ténu, tout de même...)

Et ce sont malheureusement ces personnages antipathiques qui restent en mémoire parce que le héros est loin d'être marquant (tellement peu que j'oublie systématiquement son prénom, d'ailleurs. Pourtant, Jack, ce n'est pas bien difficile à retenir!) Le personnage est donc relativement effacé, transparent, passif. Il ne sait pas qui il est, ce qu'il doit faire, où aller, que penser de sa magie... au début, la haine qu'il semblait avoir pour son père inconnu lui donnait au moins un peu de relief, mais il perd même cela assez vite dans l'histoire. Mon impression générale est que le personnage passe beaucoup de temps à se poser des questions sans pour autant avancer pour chercher des réponses. Melliandra, la fille rebelle a déjà un peu plus d'épaisseur, en raison de son statut et de son caractère, mais elle reste tout de même relativement naïve (un peu moins vers la fin, heureusement). Enfin, le chevalier Taol est peut-être le personnage le plus intéressant, puisque l'on assiste à son périple à la recherche de l'enfant de la prophétie, tout en découvrant petit à petit son passé un peu trouble, l'espèce de colère sous-jacente qui bouillonne en lui et le doute qui s'insinue peu à peu dans son esprit sur l'ordre des chevaliers dont il fait partie. (Enfin, j'ai bien aimé le personnage de Chipeur qu'il rencontre dans la dernière partie du livre.)

Bon, je râle beaucoup, mais il y a quand même certains aspects que j'ai aimés dans ce livre, des éléments sympathiques, voire franchement amusant ou un peu cynique: il est très drôle par exemple de voir Baralis et Maybor tenter sans arrêt de s'assassiner mutuellement. Ou encore des schémas que l'on finit par attendre, comme les bruits de cour et les commérages portés par deux personnages récurrents mais très secondaires, Finaud et La Bousille, deux gardes qui commencent toujours par parler femmes avant d'évoquer les affaires du château. Ces interventions récurrentes ne nous font pas toujours énormément avancer, mais sont toujours assez drôles à lire. Enfin, à un autre niveau, j'ai apprécié de voir le fonctionnement de la magie, une force dangereuse, parfois incontrôlable et épuisante à utiliser avec beaucoup de précaution. J'aurais par contre aimé que les particularités des pouvoirs de Jack soient un peu plus explicitées.

Bref, ce premier tome ne m'a pas vraiment convaincue, j'ai froncé le nez à plusieurs reprises à la lecture, mais sur la fin, cela commence à bouger un peu, les dernières pages nous laissent sur notre faim et on peut supposer que la suite sera plus intéressante (j'ai vu une critique sur Elbakin qui laisse entendre qu'il ne faut pas s'arrêter au premier tome, donc je vais peut-être me laisser tenter par le tome 2 malgré tout, en VO certainement en tout cas.)

Dix-neuvième livre lu dans le cadre du challenge God Save the Livre

et septième livre lu dans le cadre du challenge ABC Fantasy/Bit-lit

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire