vendredi 26 août 2011

The Tawny Man, book 3: Fool's Fate - Robin Hobb


Voilà enfin Fitz embarqué dans l'expédition du Prince Devoir, qui prend la direction de l'île d'Aslevjal, pour tuer le dragon Icefyre et obtenir la main de la Narcheska Elliania. Partagé entre sa loyauté à Umbre et aux Loinvoyant, et son amitié pour le Fou, qu'il a laissé derrière lui contre son gré, Fitz ignore encore quelle sera sa décision: aider le Prince Devoir à tuer le dragon, ou au contraire accomplir ce que le Fou attend de lui, libérer Icefyre, et permettre à la race des dragons de renaître?

Une conclusion magistrale à une saga magistrale (inutile de dire que c'est un coup de coeur pour moi, ça me semble évident =p). Ce pavé voit enfin la fameuse quête de Devoir, l'accomplissement du destin du Fou (pas pour rien que le livre s'appelle Fool's Fate, quand même!) et la réponse à certaines questions qui se posaient depuis déjà un certain temps (tout en en laissant d'autre en suspens, pour continuer à faire cogiter le lecteur, même une fois la dernière page tournée ^^)

Dans ce tome très riche (et volumineux) on alterne entre des passages certes un peu longuets, et d'autres où l'action est plus présente. La division des tomes français m'a donc paru assez hasardeuse, car elle rompt une continuité qu'il me paraît risqué de briser. D'autant que la fin, la résolution de toutes les questions, prend quand même un certain temps (à un certain moment on a l'impression d'arriver à la fin et d'approcher de la conclusion avant de se rendre compte qu'il reste encore un bon tiers du livre à lire... et qu'il peut encore se passer plein de choses!)

Parce qu'il s'en passe des choses, dans ce dernier tome! Il démêle beaucoup d'intrigues qui étaient déjà posées depuis le premier cycle, à commencer par les agissements de la Femme Pâle, ce qui arrivait réellement aux forgisés et ce qui motivait la guerre des Pirates Rouges, mais également en ce qui concerne Fitz sur le plan personnel, c'est-à-dire son histoire avec Molly, Burrich et Nettle, qui finalement était en suspens de façon un peu inextricable depuis la fin du premier cycle.

J'ai d'ailleurs beaucoup aimé dans cette histoire le rôle un peu étrange et aléatoire de Thick, qui fait en quelque sorte le lien entre Fitz et Nettle, à la fois source de conflit entre le père et sa fille, mais également celui qui permet à Fitz d'avoir un certain contact avec elle, qui sert de façon un peu inconsciente d'intermédiaire, même lorsque les deux personnages pour une raison ou pour une autre, ne peuvent plus communiquer. J'ai trouvé très touchante la relation qui s'installe entre Thick et Nettle, uniquement au travers des rêves et de l'image biaisée qu'ils se font l'un de l'autre. La quasi-vénération de Thick pour Nettle est adorable! Même si Nettle elle-même est parfois exaspérante, mais plutôt dans le sens où elle a un caractère assez flamboyant. En ce sens, c'est la digne fille de Molly!

Je parle beaucoup de Thick, mais il s'est avéré être l'un des personnages qui m'ont le plus marquée, malgré son rôle finalement assez secondaire dans les évènements. J'ai vraiment trouvé ce personnage magnifiquement traité par Robin Hobb, un personnage de simplet qui n'est pas juste traité comme un idiot, mais dont il faut vraiment s'efforcer de saisir le cheminement de pensée, dans la tête duquel on est obligé de se mettre pour comprendre ses réactions. Son comportement autistique, son côté buté et obstiné, qui semble incompréhensible mais s'accorde simplement à sa façon particulière de voir le monde est retranscrit avec beaucoup de justesse, tout comme les réactions de Fitz face à cette attitude. J'aime beaucoup les efforts que fait Fitz pour essayer d'appréhender le comportement de Thick et l'affection qu'il a malgré tout pour le personnage. Malgré quelques difficultés à certains moments (notamment avec le mal de mer de Thick qui finit par devenir chez lui une obsession qui le pousse à des réactions extrêmes) il y a un dialogue entre les deux personnages tout particulièrement, et un aveu de Thick qui est touchant de simplicité et de sincérité et m'a fait venir les larmes aux yeux!

Puisqu'on en est aux relations entre les personnages, comment ne pas parler du duo phare non seulement de ce tome-ci, mais de la saga en général, à savoir la relation éminemment complexe du Fou et de Fitz. J'ai trouvé que, dans ce tome en particulier, on voyait à quel point leur amitié avait quelque chose de douloureux, dans la mesure où ils savent tous les deux qu'ils vont être obligés de se faire souffrir à un moment où à un autre, mais que leur relation résiste tout de même à toutes les épreuves qu'ils traversent (et vu tout ce qui leur arrive, c'est assez miraculeux!).[spoiler]Tout particulièrement, ce constant déchirement de Fitz, qui sait que le Fou va devoir mourir, mais également qu'il trahira son ami s'il lui sauve la vie suscite une des plus grandes tensions de ce tome. La détresse du Fou, lorsque Fitz le ramène à la vie brise le coeur, au point que l'on se demande parfois s'il a bien fait, mais le moment où le Fou rend à Fitz ses souvenirs est chargé de la même ambiguïté, à la fois malédiction et bénédiction, si l'on peut dire.[/spoiler] Je trouve que ces deux points culminants sont très représentatifs de la relation entre les deux personnages, à la fois forte, mais teintée d'amertume, très belle, nécessaire, mais souvent douloureuse.

Parmi les autres choses que j'ai aimé dans ce tome, la découverte des îles de la Narcheska, et le fonctionnement de sa société ont été le gros point fort de la première partie, assez longue. J'ai apprécié également le mystère entourant le comportement d'Elliania et de Peottre, leur obstination à vouloir la mort d'Icefyre, contre toutes les convictions, et même contre l'interdiction de leur propre peuple. On devine qu'il doit y avoir quelque chose de grave là dessous et effectivement, leurs motivations sont finalement assez tragiques. En revanche, j'ai regretté l'effacement relatif des vifiers, notamment de Web dont j'étais tout simplement tombée amoureuse à la fin du dernier tome et qui finalement reste relativement égal à lui-même dans ce tome ci. Swift, en revanche gagne beaucoup en maturité au cours de ce tome, et on voit se construire petit à petit entre lui et Fitz le même genre de lien qui s'était tissé au début entre Fitz et Devoir.

D'une manière générale, ce dernier tome est très riche en émotions, bonne ou mauvaises. Certains personnages ne survivent pas à l'aventure, parfois de façon un peu trop opportune (ceux qui l'ont lu devineront sans doute de qui je parle... même si j'ai versé ma larmichette quand même, là n'est pas la question, et même si c'était nécessaire pour débrouiller certains noeuds de l'intrigue...) mais la fin donne l'impression d'une véritable bouffée d'oxygène. Tout comme pour le premier cycle, on a l'impression d'avoir retenu son souffle pendant toute la saga et de pouvoir enfin le relâcher à la fin (pour de vrai, cette fois!). La dernière page tournée, c'est le festival des émotions contradictoires, on a un petit sourire aux lèvres sur les dernières lignes et en même temps envie de pleurer, parce que c'est touchant, simple, beau... et fini! (j'ai exactement le même sentiment à la fin du Seigneur des Anneaux, j'ai beau l'avoir lu un nombre incalculable de fois, je fonds toujours en larmes à la fin du Retour du Roi XD. )

Bref, ce tome, et l'ensemble de la saga est un énorme coup de coeur, qui justifie que Robin Hobb ait rejoint mon panthéon des auteurs de Fantasy dès la lecture du premier tome de l'Assassin Royal (c'est au point que j'ai envie de recommencer illico toute la saga depuis le début!) Même si certains passages sont parfois longs ou plus introspectifs, on est toujours emporté par l'histoire, avec ses personnages attachants et extraordinairement travaillés, et ses intrigues originales et son univers parfaitement crédible et détaillé. Ce dernier tome conclut donc magnifiquement une saga admirablement menée de bout en bout!

Une lecture faite dans le cadre des lectures communes organisées par Ptitetrolle, sur les trois derniers tome, en VF, avec:

Ptitetrolle

Niënor

Frankie

Iani

Julien le naufragé
tome 11 - tome 12 - tome 13


6 commentaires:





  1. Ouf, tu me rassures, je ne suis pas la seule à avoir envie de recommencer la saga depuis le début, et dès que j'ai eu tourné la dernière page ! ^^





    C'est une très jolie chronique en tout cas ! C'est marrant parce qu'en voyant les noms VO, je me rends compte que le traducteur a vraiment fait un bon boulot en rendant leur signification tout en

    gardant une jolie consonance.





    Tu parles beaucoup de Thick/Lourd ; c'est vrai que c'est un personnage saisissant et qu'il est touchant à sa manière : on ne peut pas s'empêcher de l'aimer malgré tout. J'en ai peu parlé dans ma

    chronique car il est moins présent dans le dernier tiers du livre mais ce personnage qu'on ne connaissait pas dans le premier cycle a finalement une grande part à jouer !





    En fait, c'est vraiment difficile de dire quel est mon personnage préféré... Le fou en premier sans aucun doute, mais aussi Burrich, Oeil-de-Nuit, puis Vérité ou Lourd. Robin Hobb est décidément

    géniale pour me faire aimer tant de personnages !






    RépondreSupprimer




  2. Vi, c'est vrai que ça n'a pas dû être facile pour le traducteur de rendre tous ces noms, même si j'avoue souvent préférer les noms en VO (enfin, en particulier ceux des personnages que j'ai

    découvert dans les deux dernier tomes en anglais. J'ai moins de mal à m'habituer à Dutiful/Devoir qu'à Web/Trame, par exemple.) Mais j'approuve, le traducteur a vraiment fait un sacré travail, et

    souvent assez satisfaisant!





    Je sais que je parle beaucoup de Thick, mais il m'a vraiment marquée, surtout dans l'image que parvient à en donner Robin Hobb, un personnage de simplet qui a quand même pas mal d'épaisseur,

    qu'on explore et qu'on cherche à cerner plutôt qu'en faire un bête faire-valoir. Je trouve génial qu'il soit aussi naturellement doué pour l'Art, une sorte de petite revanche sur ceux qui ne

    voient en lui qu'un idiot, et qui ne savent pas qu'il possède la magie la plus noble (je ne sais pas si c'est clair, j'ai vraiment du mal à expliquer mon ressenti sur ce personnage, c'est sans

    doute pour ça que j'en parle autant XD) Bref, c'est un personnage qui sonne très juste et que j'ai aussi trouvé très touchant 





    Quant à dire lesquels sont mes préférés... idem, c'est dur! même si le Fou arrive évidemment en premier (en fait je me rends compte qu'on a un classement à peu près similaire, j'ajouterais juste

    Web quelque part à côté d'Oeil-de-Nuit et Vérité. Et Patience aussi qui est un personnage que j'adore! (Et Caudron dans le premier cycle, qui m'avait littéralement fascinée...)... bon j'arrête ou

    je vais finir par citer à peu près tout le monde XD!





     






    RépondreSupprimer




  3. Web/Trame, c'est un peu dommage qu'on en entende aussi peu parler finalement... C'est un personnage à peine esquissé et du coup un peu trop "lisse" je trouve !





    J'adore Patience aussi ; au début du premier cycle je la redoutais un peu, à la manière de Fitz, mais elle est très vite attachante ! Caudron est assez fascinante aussi !





    Pour Lourd, entièrement d'accord avec ce que tu dis ! Il n'y a que Fitz, Devoir et Ortie pour voir en lui l'être humain, contrairement à Umbre (c'est pas pour rien que je l'ai tant détesté dans

    cette seconde partie).






    RépondreSupprimer




  4. C'est vrai que la coupure VF rend ces 3 tomes de Fool's Fate inégaux, un peu lent au début, palpitant en milieu et un peu mélancolique et nostalgique ensuite. Une vraie belle saga que je quitte à

    regret en laissant derrière Le Fou et Fitz à leurs vies respectives.






    RépondreSupprimer




  5. Wi, j'avais vraiment eu un coup de coeur pour Web dans le tome 2, mais c'est un peu retombé par la suite, j'ai vraiment regretté qu'il soit aussi effacé alors qu'il avait tellement de potentiel.

    Umbre m'a énervée aussi dans cette deuxième partie, alors que c'était un de mes personnages préférés dans la première. Mais d'un autre côté je n'arrive pas à le détester (vi, j'aime tout le monde

    moi, je dois avoir un côté hippie XD) parce que après avoir été forcé de vivre dans l'ombre toute sa vie alors qu'il aurait dû être roi s'il avait été fils légitime... je commprends un peu qu'il

    essaye de grapiller le pouvoir qu'il peut encore avoir tant qu'il en a encore le temps (pas que je l'approuve, parce qu'il est exaspérant quand même :P.) J'étais même triste pour lui, en voyant

    ses efforts pour essayer de maîtriser l'Art et sa frustration de ne pas y arriver... mais bon en même temps, c'est peut-être aussi que les personnages de Robin Hobb sont tellement complexes que

    c'est difficile de juste les détester la plupart du temps, même quand ils sont pénible :P!






    RépondreSupprimer




  6. Wi, j'ai beaucoup de mal à m'en détacher aussi de mon côté, d'ailleurs je sens une relecture pointer le bout de son nez (avec l'excuse de pouvoir lire l'intégralité de la saga en VO, cette fois

    ^^). La fin joue beaucoup sur cette impression, je pense, avec toutes les questions laissées en suspens, et le sentiment que la fin reste toujours un peu ouverte... 






    RépondreSupprimer