samedi 22 février 2014

Cinq semaines en ballon - Jules Verne



Hourra pour le docteur Samuel Fergusson! Voilà que cet honorable gentleman se propose de survoler en ballon les régions inexplorées de l'Afrique, reliant ainsi les multiples expéditions qui l'ont précédé, et complétant le savoir des géographes sur ce continent encore méconnu. Il emmène avec lui son domestique, Joe, l'éternel optimiste, et son vieil ami Kennedy, chasseur hors-pair, mais sceptique quant au bien fondé de l'entreprise du professeur.

Cela faisait quelques années que j'avais à plusieurs reprises entamé, puis abandonné ce livre de Jules Verne. En papier, en numérique, en audio même, je n'avais jamais réussi à en venir à bout (alors que je n'avais strictement rien contre ce livre, que j'ai plutôt apprécié d'ailleurs.) Enfin, je l'ai terminé, et même si ce n'est pas mon Jules Verne préféré, il m'a quand même fait passer un bon moment.

Cela dit, je pense tout de même avoir compris pourquoi j'avais eu tant de mal à lire ce livre jusqu'au bout lors de mes premières tentatives. Ce roman fait partie de la série des Voyages Extraordinaires, et effectivement, il relate un voyage, à travers l'Afrique, dans des conditions qui, de l'extérieur, semblent plus que précaire : un ballon, c'est bien beau, mais enfin, ça suscite quand même pas mal de contraintes techniques, et le voyage que se propose de faire Fergusson, en survolant un territoire inexploré et hostile ne semble pas aussi simple qu'il veut bien nous le faire croire.

En effet, traverser l'Afrique en ballon expose nos trois héros à de nombreux dangers, entre les autochtones qui ne voient pas d'un très bon oeil les étrangers du ciel, les orages et les accidents de terrain, les occasions de se trouver en difficulté ne manquent pas. Mais les personnages se sortent de tout cela tellement facilement grâce à leur ballon et à l'astuce de Fergusson, que, du moins, dans un premier temps, on dédaigne ensuite de s'inquiéter pour eux.

Les premières vraies difficultés surviennent au final assez tard, vers le milieu du livre, mais elles sont amenées progressivement durant toute la première partie. Il faut donc passer toute la première moitié du livre pour ressentir enfin une tension dans le récit et commencer à se dire que finalement, traverser l'Afrique en ballon, ce n'est pas forcément de tout repos. Mais une fois que les pépins commencent, ils pleuvent littéralement sur nos trois voyageurs, et une difficulté en entraîne une autre, au point que l'on se demande parfois comment Jules Verne va réussir à amener tous ses héros à destination en un seul morceau.

Mais attention, s'il ne se passe pas grand chose de crucial dans la première partie du livre, elle est loin d'être inintéressante. Pour commencer, elle comporte pas mal de descriptions et d'explications, géographiques et techniques pour expliquer exactement ce que Fergusson se propose de faire et comment il compte le faire : les préparatifs du voyage, l'itinéraire, les fonctionnement de l'aérostat et les moyens que compte utiliser Fergusson pour pallier les difficultés liées au maniement de l'engin... On a également de longs passages rappelant le détail des expéditions qui ont précédé celles de Fergusson et qu'il se propose de relier.

D'autres part, on y fait également plus ample connaissance avec les personnages qui vont accompager Fergusson : Joe, le domestique, et Kennedy, le chasseur. J'ai beaucoup aimé ce dernier, et son scepticisme par rapport à l'expédition de Fergusson. Malgré ses réticences, j'ai trouvé très drôle la manière dont, tout en se promettant de faire renoncer Fergusson à ce qu'il regarde comme une folie, il participe tout de même aux préparatifs de l'expédition et retarde sans cesse le moment de confronter son ami, jusqu'à ce qu'il soit finalement trop tard. Joe, quant à lui, tient ici le rôle du personnage léger et drôle, comme souvent dans les romans de Jules Verne, à la manière d'un Conseil, d'un Ben Zouf ou autre Passepartout. Il est amusant, optimiste, plein de bonne volonté et dévoué corps et âme à son maître, autant de qualités qui nous le rendent immédiatement attachant.

Finalement, Fergusson est le seul personnage auquel j'ai eu plus de mal à m'attacher. C'est un personnage assez lisse, le type même de l'Anglais flegmatique, mais qui peine à éveiller l'étincelle de sympathie que l'on peut avoir par exemple pour un personnage comme Philéas Fogg (qui a pourtant la même caractéristique). Cela tient peut-être au fait que le personnage de Philéas Fogg tient presque de la caricature du flegme anglais et que sa folle entreprise semble être totalement en contradiction avec sa nature. Ici, il n'y a pas ce genre de décalage, et Fergusson semble penser que son expédition ne sera pas plus risquée qu'une simple promenade de santé... ce qui fait du coup paraître l'entreprise beaucoup moins hasardeuse, et le personnage bien moins audacieux.

Bref, après plusieurs essais et échecs, je suis contente d'être enfin venue à bout de ce livre, et d'y avoir finalement pris pas mal de plaisir. Une fois que l'on passe la première partie, où les difficultés sont mineures et où l'on se concentre plutôt sur des considérations géographiques et techniques, on se prend plus facilement au jeu et l'on se sent beaucoup plus concernés dès lors que les personnages, auxquels on a eu tout le temps de s'attacher, commencent à se mesurer à de nouvelles difficultés. Cela n'en reste pas moins un livre très sympathique du début à la fin, et je suis bien contente de l'avoir enfin lu jusqu'au bout.

Un livre lu dans le cadre de la lecture commune organisée par Vashta Nerada, avec
Vashta Nerada

Et deuxième lecture pour le challenge ABC de nanet!





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