vendredi 5 février 2016

Fondation Deus, tome 2 : Sans Limite, partie 1 : Douze ans après - Pierre-Arnaud Francioso


Douze années ont passé.
Muray, jeune garçon de treize ans, se retrouve prisonnier de la Fondation Deus. Qui croire, qui écouter, lorsque l’on n’a plus de repères, plus de famille, et que l’on découvre une part de nous-même jusque-là inconnue?

De nouveaux élèves, de nouveaux professeurs, et quelques anciens… les visages ont changé, mais les règles sont toujours les mêmes… La Fondation est prête à vous accueillir une deuxième fois. Et vous, êtes-vous prêts à y retourner? Venez ouvrir d’autres portes ; entrez, entrez dans le royaume des mutants…

Je sais que j'ai déjà fait une mini-chronique sur ce deuxième tome ici, mais après relecture, j'ai encore plein de choses à dire sur cette suite de Fondation Deus, donc ce deuxième tome aura finalement droit à sa chronique à lui tout seul. On y apprend en effet plein de nouvelles choses qui, paradoxalement, ne font qu'épaissir le mystère de la Fondation (et moi, je suis un peu comme le juge De Marquet dans le mystère de la Chambre Jaune, moins j'y vois clair, plus je m'amuse. C'est dire si j'ai apprécié ma relecture!). Et cela commence dès les premières pages, où l'on se retrouve douze ans plus tard, avec de nouveaux personnages, une nouvelle équipe de professeurs, sans savoir ce qui est arrivé à nos héros du premier tome.

La narration est, ici, un peu plus morcelée que dans Le Veilleur, ce qui permet une gestion assez efficace du suspense : on se retrouve face à une situation inexplicable, voire un peu flippante, et l'auteur nous ramène en arrière pour faire la lumière sur tout cela. La narration n'est donc pas totalement linéaire, ce qui permet d'être sans arrêt surpris, sans pour autant se perdre. Les explications sont toujours données très rapidement, et le déroulement chronologique des événements est très clairement marqué, ce qui rend la reconstitution des faits assez faciles.

J'ai particulièrement apprécié l'effort qui est fait pour nuancer les personnages des professeurs, encore plus que dans le premier tome, notamment parce que l'on y retrouve certains des anciens élèves que l'on avait déjà rencontré et appris à apprécier dans le tome 1, et l'on ne peut que s'interroger sur ce qui les a poussés à passer du Côté Obscur de la Force pour ainsi dire...

Non seulement cela apporte une nuance supplémentaire au groupe des professeurs, mais aussi au rôle de la Fondation elle-même. Les professeurs étant tous d'anciens élèves de la Fondation, quelque chose a dû les pousser à rejoindre cette cause malgré les horreurs qu'ils y ont vécues. Qu'y a t-il de si dangereux à l'extérieur de la Fondation pour qu'entraîner au combat des enfants et des ados soit accepté comme normal, y compris par ceux qui sont eux-mêmes passés pas là? Enfin, on ne peut que se demander ce qu'il y a dans cette école qui influe à ce point sur le comportement des gens et leur perception du Bien et du Mal... on ne me fera pas croire que les professeurs et élèves de la Fondation sont tous des psychopathes en puissance. Soit ils savent quelque chose que l'on ne sait pas (ce qui est quasiment certain, en fait), soit il y a vraiment quelque chose qui les change, au sein même de la Fondation (ce qui était déjà plus ou moins suggéré dans le tome 1...).

Enfin, on a également à des changements de point de vue qui nous permettent d'avoir un regard direct au sein du groupe des professeurs et nous montrent à nouveau, concrètement, que ces personnages ne sont pas simplement des barbares sans coeur (même si l'intention est parfois un peu trop flagrante... je pense à un passage au tout début du roman que j'aurais bien imaginé avec un titre du genre "Incroyable! Cet homme tue les enfants, et pourtant il aime les couchers de soleil et les chatons!". Mais bon, cela m'a plutôt fait rire, donc on ne va pas chipoter ^^). Cela ne fait qu'accentuer le contraste entre leur facette humaine presque sympathique et leur attitude parfaitement glaciale et insensible vis à vis des élèves, qui peuvent bien mourir sans que cela ne les trouble le moins du monde. Cela ne les rend que plus imprévisibles, et donc plus effrayants.

Parmi les nouveaux personnages, j'ai eu cette fois un petit coup de coeur pour Odin, qui m'a beaucoup plu avec son caractère posé, réfléchi, et son approche très analytique de toutes les situations. Dans un environnement où tout le monde est complètement dans le brouillard et où personne ne comprend ce qu'il se passe, c'est agréable d'avoir quelqu'un dont la spécialité est de trouver des réponses. Du coup, j'espère que ce sympathique gamin ne va pas finir par se transformer en tueur psychopathe (monsieur Francioso, si vous me lisez...) Enfin, Serber a toujours ce petit côté Sévychou (au point que j'ai fini par l'appeler Serbychou. Oui, je sais, j'ai un problème.) et l'on s'aperçoit ici qu'il a lui aussi une faiblesse. Finalement, le maître de la peur n'est pas lui-même à l'abri de la peur, et cela ne fait qu'épaissir le mystère qui entoure ce personnage.

La seule chose qui m'a moins plu dans ce livre, ce sont les émois amoureux divers et variés qui ne m'ont vraiment fait ni chaud ni froid (voire qui m'ont carrément énervée dans le cas de Devon James/Ignace, le gamin prétentieux, et sexiste par dessus le marché. Ah, s'il y en a un qui mériterait de s'encastrer dans un mur...) D'une part, parce que je suis une ronchon aigrie et insensible (mais ça ce n'est pas nouveau :p) et d'autre part, parce que je suis très sceptique sur la nécessité de vouloir absolument mettre tout le monde en couple dans les romans, comme s'il s'agissait d'une fin en soi, et comme si un garçon ne pouvait pas voir/parler à une fille sans en tomber immédiatement amoureux (surtout quand les personnages ont encore leurs dents de lait, et particulièrement quand ils sont coincés dans une école où ils risquent la mort à chaque coin de couloir. Mais enfin, chacun ses priorités.) Heureusement, ces questions n'occupent pas tout le roman, et cela vaut bien la peine d'avoir envie de donner des baffes aux personnages pendant quelques pages quand le reste est aussi chouette.

Bref, je pense avoir apprécié cette relecture encore plus que la première fois, peut-être parce que, cette fois, en connaissant l'histoire, j'ai essayé de faire plus attention aux détails, aux indices, j'ai pris des notes, j'ai élaboré des hypothèses, et je me suis éclatée comme une petite folle (ça m'a rappelé mes enquêtes frénétiques sur Harry Potter, quand il fallait encore attendre la sortie des tomes suivants :P). L'intrigue est tellement entraînante que l'on passe très vite sur quelques facilités narratives (à moins que ce ne soit encore une technique de l'auteur pour nous mener en barque, au point où j'en suis, je n'exclus aucune possibilité) pour se laisser emporter par l'histoire. Inutile de dire que j'ai immédiatement enchaîné sur le troisième tome, et que je suis profondément frustrée de ne pas encore avoir le quatrième sous la main. En voilà un qui va rejoindre ma PAL dès mon retour en territoire chtiphone, et qui ne va probablement pas y rester longtemps ^^.

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