Mortimer court à travers champs, agitant les bras et criant comme une truie qu'on égorge. Et non. Même les oiseaux n'y croient pas. "Il a du coeur", fait le père adossé contre un muret. "Dame,c'est le reste qui lui manque", répond l'oncle Hamesh. Mais à la foire à l'embauche, la Mort le remarque et l'emporte sur son cheval Bigadin. Il faut la comprendre : elle a décidé de faire sa vie. Avec un bon commis, elle pourrait partager le travail quotidien, ce qui lui laisserait des loisirs. Un grand destin attend donc Mortimer. Mais... est-ce bien raisonnable ?
Cela faisait très longtemps que je n'avais pas lu un roman du Disque-Monde de Pratchett. Le dernier (lu en français) était La Huitième fille, et cela date quand même de 2009... pourtant j'étais impatiente à l'idée de lire ce tome 4, qui est centré sur mon personnage favori du Disque-Monde jusqu'à maintenant : la Mort. Pourquoi il m'a fallu si longtemps pour m'y mettre, c'est un mystère, mais c'est maintenant chose faite.
Comme les trois premiers romans du Disque-Monde, il se déroule dans cet univers loufoque portés par quatre éléphants, perchés sur le dos d'une tortue géante. Et comme dans les trois premiers romans, chaque page est l'occasion de découvrir à quel point ce monde marche littéralement sur la tête. On ne peut même plus se fier aux lois les plus élémentaires de la physique : là bas, en effet, on cultive des plantes qui poussent avant d'avoir été semées, et la lumière prend tout son temps pour se déplacer, puisque, de toute façon, l'obscurité est toujours là avant elle. Alors quand la Mort elle même décide de prendre un petit congé pour aller voir si l'herbe est plus verte ailleurs, on se doute bien que cela va donner lieu à des situations plus cocasses les unes que les autres.
Et c'est le cas. En partie du moins, car s'il est en effet profondément drôle de voir la Mort s'essayer à la pêche à la mouche (même si c'est la mouche qui fait peur aux poissons) danser la chenille dans une fête (sans trop comprendre le but de la manoeuvre), ou s'improviser chef cuistot (et se révéler particulièrement doué) tout le roman est en effet teinté d'une certaine mélancolie, telle que celle que j'ai déjà trouvée dans d'autres oeuvres co-écrites par Terry Pratchett, comme Good Omens ou The Long Earth. L'humour absurde qui imprègne tout le roman fait aussi bien rire que réfléchir, et on a parfois un petit pincement au coeur pour ce personnage qui essaye par des moyens parfois un peu désespérés de découvrir ce qui fait exactement que la vie vaut la peine d'être vécue.
Mais le personnage principal du roman, c'est aussi, et surtout Mortimer, alias Mort, un garçon qui se pose beaucoup de questions (quoique pas toujours les bonnes) et qui se retrouve un peu par la force des choses apprenti de la Grande Faucheuse. Autant dire que Mort, qui lui est humain, va avoir un peu de mal à se faire à son nouveau métier, et avoir un peu plus de scrupules à accomplir son devoir de Faucheur. Ce noeud de l'intrigue est assez prévisible, et se résoud de manière un peu abracadabrante, mais ce n'est finalement pas l'élément principal à retenir du roman.
Ce qui m'a le plus marquée, en effet, c'est le cheminement parallèle et inverse de la Mort et de Mort, le premier essayant par tous les moyens de comprendre ce que signifie être vivant, et le second perdant petit à petit son humanité et ses sentiments, qui sont pourtant sa motivation première, pour devenir une entité glaciale qui accomplit son devoir sans distinction. Ce que j'aime beaucoup notamment dans cette vision de Pratchett, est que la Mort est finalement un personnage plutôt sympathique, certes dépourvu de sentiments (question de glandes, paraît-il...) mais malgré tout très attachant et touchant dans ses efforts pour essayer de se montrer plus humain.
Bref, ce quatrième tome est une réussite pour moi, aussi drôle et loufoque que les trois premiers, mais avec en plus une dimension plus humaine, émotionnelle, qui est au coeur du récit. Et de façon plus anecdotique, j'ai été enchantée de retrouver le personnage de mon deuxième chouchou, Rincevent. Je vais tâcher de mettre un peu moins de temps à lire la suite, car c'est toujours un plaisir de retrouver l'univers du Disque-Monde!
Comme les trois premiers romans du Disque-Monde, il se déroule dans cet univers loufoque portés par quatre éléphants, perchés sur le dos d'une tortue géante. Et comme dans les trois premiers romans, chaque page est l'occasion de découvrir à quel point ce monde marche littéralement sur la tête. On ne peut même plus se fier aux lois les plus élémentaires de la physique : là bas, en effet, on cultive des plantes qui poussent avant d'avoir été semées, et la lumière prend tout son temps pour se déplacer, puisque, de toute façon, l'obscurité est toujours là avant elle. Alors quand la Mort elle même décide de prendre un petit congé pour aller voir si l'herbe est plus verte ailleurs, on se doute bien que cela va donner lieu à des situations plus cocasses les unes que les autres.
Et c'est le cas. En partie du moins, car s'il est en effet profondément drôle de voir la Mort s'essayer à la pêche à la mouche (même si c'est la mouche qui fait peur aux poissons) danser la chenille dans une fête (sans trop comprendre le but de la manoeuvre), ou s'improviser chef cuistot (et se révéler particulièrement doué) tout le roman est en effet teinté d'une certaine mélancolie, telle que celle que j'ai déjà trouvée dans d'autres oeuvres co-écrites par Terry Pratchett, comme Good Omens ou The Long Earth. L'humour absurde qui imprègne tout le roman fait aussi bien rire que réfléchir, et on a parfois un petit pincement au coeur pour ce personnage qui essaye par des moyens parfois un peu désespérés de découvrir ce qui fait exactement que la vie vaut la peine d'être vécue.
Mais le personnage principal du roman, c'est aussi, et surtout Mortimer, alias Mort, un garçon qui se pose beaucoup de questions (quoique pas toujours les bonnes) et qui se retrouve un peu par la force des choses apprenti de la Grande Faucheuse. Autant dire que Mort, qui lui est humain, va avoir un peu de mal à se faire à son nouveau métier, et avoir un peu plus de scrupules à accomplir son devoir de Faucheur. Ce noeud de l'intrigue est assez prévisible, et se résoud de manière un peu abracadabrante, mais ce n'est finalement pas l'élément principal à retenir du roman.
Ce qui m'a le plus marquée, en effet, c'est le cheminement parallèle et inverse de la Mort et de Mort, le premier essayant par tous les moyens de comprendre ce que signifie être vivant, et le second perdant petit à petit son humanité et ses sentiments, qui sont pourtant sa motivation première, pour devenir une entité glaciale qui accomplit son devoir sans distinction. Ce que j'aime beaucoup notamment dans cette vision de Pratchett, est que la Mort est finalement un personnage plutôt sympathique, certes dépourvu de sentiments (question de glandes, paraît-il...) mais malgré tout très attachant et touchant dans ses efforts pour essayer de se montrer plus humain.
Bref, ce quatrième tome est une réussite pour moi, aussi drôle et loufoque que les trois premiers, mais avec en plus une dimension plus humaine, émotionnelle, qui est au coeur du récit. Et de façon plus anecdotique, j'ai été enchantée de retrouver le personnage de mon deuxième chouchou, Rincevent. Je vais tâcher de mettre un peu moins de temps à lire la suite, car c'est toujours un plaisir de retrouver l'univers du Disque-Monde!
Citation:
"This is the Death whose particular sphere of operations is, well, not a sphere at all, but the Discworld, which is flat and rides on the back of four giant elephants who stand on the shell of the enormous star turtle Great A'Tuin, and which is bounded by a waterfall that cascads endlessly into space.
Scientists have calculated that the chance of anything so patently absurd actually existing are millions to one.
But magicians have calculated that million-to-one chances crop up nine times out of ten."
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