jeudi 8 novembre 2012

Treasure Island - Robert Louis Stevenson

 
Lorsque le jeune Jim Hawkins découvre parmi les effets d'un pirate fraîchement trépassé, une carte qui mène au trésor du capitaine Flint, il ne faut pas longtemps à ses amis, le docteur Livesey et le chevalier Trelawney, pour décider de prendre la mer à sa recherche. Mais la chasse ne sera pas de tout repos, car Hawkins et ses compagnons ne sont pas les seuls à convoiter le butin de Flint, et leurs adversaires sont des forbans, prêts à tout pour faire main basse sur le trésor.

Voilà une relecture à laquelle j'ai pris encore plus de plaisir qu'à la première lecture, peut-être avec plus de maturité, car mes premières lectures de ce livre datent de l'école primaire et du collège, donc il y a un peu plus de dix ans. J'ai à nouveau pris beaucoup de plaisir à suive le jeune Jim Hawkins dans cette aventure qui s'avère finalement moins excitante que terrible et dangereuse.

Mon moment préféré du livre est toujours, et restera certainement, le tout début, avec l'arrivée de Billy Bones à l'auberge de l'Amiral Benbow, et la manière dont cet événement crée une atmosphère pesante, sombre, tendue. On sent d'emblée que c'est un oiseau de mauvais augure qui vient de s'inviter chez les Hawkins, et une aura inquiétante s'installe aussitôt autour du récit. Ce moment où l'on attend avec appréhension que quelque chose se produise, les visites étranges qui le jalonnent, et les énigmes qui se posent à ce moment me donnent littéralement le frisson, et même en connaissant la suite des événements, je me suis surprise à avoir une frousse bleue lorsque Jim et sa mère fouillent les affaires de Billy Bones alors que la menace des pirates plane sur eux.

Si les tensions du début sont celles que je préfère, cela n'enlève en rien l'intérêt de la suite, même si l'on aimerait parfois que les personnages fassent preuve d'un peu plus de discernement (particulièrement Trelawney, incapable de tenir sa langue.) J'aime en revanche tout particulièrement le capitaine Smollett, pour son côté lucide, droit et en même temps direct et franc. Il arrive en troisième sur ma liste de personnages préférés, juste après Billy Bones et Long John Silver.

Parlons-en, de Long John Silver. C'est sans doute le personnage le plus fascinant du livre, un forban avec lequel on ne sait jamais sur quel pied danser (quelle ironie pour un bonhomme qui n'a qu'une jambe :P). Il sait donner le change, ruser, charmer les hommes, user de flatterie pour parvenir à ses fins, au point que l'on se demande comment les personnages peuvent se laisser prendre à tant d'obséquiosité. Et pourtant cela fonctionne car, même en sachant qu'il n'a pas une once de loyauté, qu'il n'agit que dans son intérêt propre, on ne peut s'empêcher de ressentir une étrange sympathie pour ce pirate, une sympathie curieusement mêlée de dégoût.

C'est d'ailleurs sur ce personnage et sa duplicité que reposent beaucoup des tensions de l'intrigue, et il m'a semblé que les longueurs ressenties à la lecture coïncidaient souvent avec l'absence de Silver. J'ai particulièrement un petit coup de mou, toujours au même endroit, vers le milieu du livre, au moment où Jim, après le premier affrontement avec les mutins, décide de prendre des initiatives, plus ou moins heureuses. Heureusement, ensuite, on retrouve Silver et ses malfrats, et la position précaire de tout ce petit monde animé par l'appât du gain fait de l'île au trésor une véritable cocotte-minute prête à exploser à tout instant.

Car ici, point de gentils pirates à la Jack Sparrow. Tous sont des brutes sanguinaires, que Silver a bien du mal à maintenir dans le rang. Aucun n'a de scrupule à tuer, et Silver lui-même est le plus dangereux du lot. Il est d'ailleurs assez amusant de voir les mutins tenter de s'élever contre lui et systématiquement laisser le pirate, par ses discours, reprendre l'avantage, tournant les codes des pirates à son profit, et usant contre eux de la cupidité de ses compagnons. Nos héros, finalement font assez pâle figure face à ces caractères emportés, imprévisibles, prêts à vendre père et mère, ou à assassiner l'équipage entier pour une poignée d'or.

Mais les héros eux-mêmes, en se voulant justiciers, se trouvent parfois dans des positions assez ambiguës, comme le médecin qui va jusqu'à accepter de soigner les blessés et malades du camp adverse, mais ne trouve rien à objecter lorsqu'il s'agit d'abandonner les pirates sur une île déserte. Tout ce beau monde peut tuer de sang froid ou condamner à mort sans en être chagriné, et si cette idée de justice fait très XIXe (on ressent cette même idée dans le Club du suicide, d'ailleurs), il faut avouer que cette facilité de dédouanement fait parfois tiquer. Certes, du point de vue de Jim, les pirates ne méritent rien d'autre, mais peu d'entre eux, finalement, sont plus nuancés et acquièrent un peu plus de substance. Le meilleur exemple étant évidemment Silver.

Bref, en dehors de ce côté un peu manichéen, et de quelques longueurs, j'ai vraiment apprécié redécouvrir ce classique de piraterie, et me replonger dans l'ambiance terrible de ce roman sur lequel j'avais sans doute manqué beaucoup de choses étant plus jeune.

Un livre qui entre dans le cadre du challenge "La Face cachée des Disney"


1 commentaire:

  1. C'était un de mes romans préférés quand j'étais ado. Depuis, j'ai lu d'autres ouvrages de Stevenson que j'ai beaucoup aimés aussi. Raaah, tu me donnes envie de le relire, tiens ! Et pourquoi pas en VO, tiens!?

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