Titre VF: La roue du Temps, tome 1: L'Oeil du Monde
Alors que la fête de Bel Tine se prépare dans le petit village d'Emond's Field, les réjouissances sont soudain assombries par l'attaque du village, par des créatures que tous jusque là croyaient légendaires. Sans savoir pourquoi ils ont attiré l'attention de si terribles ennemis, trois jeunes villageois, Rand, Mat et Perrin, se voient obligés de prendre la fuite, guidés par Moiraine et Lan, deux étrangers qui en savent plus qu'ils n'en ont l'air.
Avec un peu de retard, j'ai enfin terminé ce premier tome de la Roue du Temps pour la LC initialement prévue pour le premier août. Si j'ai eu du mal à entrer dans le récit au début, j'ai néanmoins en définitive beaucoup aimé ce premier tome d'une saga qui en compte apparemment un certain nombre (on me souffle dans l'oreillette qu'il y en a treize... autant dire que je ne suis pas près d'en voir la fin!)
Ce premier tome, qui a malgré les ouvertures finales, un commencement (heureusement) un déroulement et une conclusion bien définis, prend un peu la forme d'un voyage initiatique, à la manière de Tolkien, où les héros cheminent de contrées étranges en contrées étranges, au début simples paysans arrachés malgré eux à leur foyer qui apprennent peu à peu à découvrir en eux des capacités qu'ils ignoraient eux-mêmes. On sent d'ailleurs beaucoup de l'influence de Tolkien chez Robert Jordan: à peu de choses près, les Deux Rivières et ses habitants ressemblent à la Comté, les héros sont poursuivis par un cavalier noir, les fermiers et paysans choisis malgré eux pour une grande destinée et liés malgré eux aux seigneur ténébreux, etc... Jordan réutilise beaucoup de stéréotypes de la fantasy, et certaines choses, relativement déjà vues, ne sont pas surprenantes.
J'ai vraiment eu un peu de mal à accrocher au récit sur les 300 premières pages. Par chance je me suis assez vite attachée aux personnages, et l'univers décrit par Jordan m'a très vite beaucoup intéressée aussi. L'envie de savoir ce qui allait leur arriver m'a empêchée de simplement arrêter ma lecture pour faire autre chose. Durant tout le début du roman, en effet, il y a assez peu de surprise. Le village des héros est attaqué, ils fuient vers Tar Valon avec des monstres à leurs trousses, guidés par des personnages qui en savent de toute évidence plus qu'eux et qui ne ressentent pas le besoin de les informer. Il y a un schéma un peu répétitif dans cette première partie: il fuient, s'arrêtent dans un lieu quelconque présumé sûr, ils sont rattrapés par le danger, ils fuient à nouveau et on recommence.
A partir d'un certain moment, cependant, les personnages sont séparés et forcés de se débrouiller chacun de leur côté, et c'est là que cela devient vraiment intéressant. Sous la conduite de Moiraine et Lan, Rand, Mat et Perrin n'avaient pas tellement leur mot à dire sur le déroulement des événements (dans la première partie du texte, on suit l'action essentiellement du point de vue de Rand, Lan et Moiraine se contentant de les mener en avant sans vraiment leur expliquer quoi que ce soit, et les autres ont une attitude assez passive. A part avoir le mal du pays, globalement, ils n'ont pas une grande prise sur leur propre destinée, et se laissent juste promener en espérant pouvoir un jour rentrer chez eux). Une fois le petit groupe séparé, les points de vue se multiplient, ce qui évite de se fixer uniquement sur Rand, et les personnages se voient obligés de se débrouiller seuls, faisant des rencontres plus ou moins amicales, découvrant chez eux parfois certaines capacités qu'ils ignoraient, et finalement dépassant leur statut de simple paysans arrachés de leur foyer pour devenir véritablement les acteurs de leur propre histoire.
Heureusement, même dans la première partie, on s'attache assez vite aux personnages: Rand est un héros tout ce qu'il y a de plus classique, gentil, serviable, jamais un mot plus haut que l'autre, mais dans cet univers où semble régner trahison et danger, c'est assez rafraîchissant de pouvoir compter sur un personnage aussi sympathique. Parmi les trois héros, j'ai surtout bien aimé Perrin, qui apparaît comme un garçon assez prudent, un peu bon enfant, plus réfléchi que les autres, mais dévoile finalement des capacités exceptionnelles qu'il va lui falloir apprivoiser. Par contre, j'ai eu plus de mal avec Mat, qui aurait pu me plaire pour son côté un peu gaffeur et insouciant, mais dont le comportement suspicieux et parfois un peu cupide m'ont agacée (même si la raison en est en partie expliquée dans le roman.) J'ai également beaucoup aimé le ménestrel, Thom Merrilin, avec son côté un peu bourru mais malgré tout attachant, et Lan, l'énigmatique et impassible Warder, qui a malgré tout un passé et une histoire dignes d'être racontés.
Parmi les personnages secondaires, j'ai retenu Elyas, l'homme-loup pour son côté sauvage, et le lien qui l'unit à la meute qui l'accompagne, et j'ai adoré Loial, l'Ogier, pour le contraste entre son apparence un peu monstrueuse, et son caractère placide, amical, son côté érudit qui découvre le monde. Du côté des personnages féminins, peu m'ont marquée, même si elles ont en général des caractères assez forts. Moiraine est bien souvent inquiétante et pendant un long moment on ignore quelles sont vraiment ses intentions à l'égard des garçons, et s'ils sont vraiment en sûreté avec elle. Nynaeve et Egwene m'ont été assez sympathiques malgré leur mauvais caractère, mais elles ont finalement un rôle assez minime dans l'histoire. Il y a chez Egwene une sorte de soif d'aventure qui la rend assez attachante et en même temps nous la fait paraître un peu naïve. Quant à Nynaeve, c'est assez amusant de la voir, malgré ses réticences du début, peu à peu s'amollir et s'ouvrir à des personnages en qui elle n'avait aucune confiance.
Malgré des schémas parfois déjà vu, l'univers décrit par Jordan est assez fascinant et très bien caractérisé, ce qui rend finalement le récit assez immersif. Chaque lieu visité a ses propres caractéristiques, s'avère plus ou moins accueillant, et avec les dangers qui suivent les héros à la trace, on a beaucoup de mal à faire confiance aux personnages rencontrés, qui peuvent se montrer avenants au premier abord, et finalement trahir les héros ou les repousser par peur, par cupidité ou par conviction. Pour cette raison, les personnages auxquels nos héros peuvent faire vraiment confiance se comptent sur les doigts d'une main, et cela fait d'autant plus plaisir de faire leur connaissance.
Et malgré tout, il y a tout de même certaines choses dans le récit qui finissent par tenir le lecteur en haleine, à commencer par ce qui arrive aux trois garçons. On ne sait pas vraiment, pendant un long moment, s'ils sont choisis pour lutter contre l'ennemi, ou si au contraire c'est l'ennemi qui les a choisis pour ses propres fins, si les Aes Sedai vont les protéger ou au contraire les empêcher de nuire, s'ils vont céder au côté obscur ou au contraire lui résister. L'ambivalence du destin qui pèse sur les trois garçons, des intentions de Moiraine, l'incertitude de l'issue de leur voyage, tout cela maintient finalement assez efficacement l'intérêt du lecteur, et malgré un côté parfois convenu, on se laisse malgré tout happer par le récit et les aventures de la petite compagnie, dans laquelle chacun a son rôle à jouer.
Bref, malgré un léger scepticisme au début, dû surtout au fait que l'intrigue met un certain temps à se mettre en place, j'ai finalement été assez agréablement surprise par l'univers très travaillé de Robert Jordan, dont il reste encore beaucoup à découvrir à l'issue de ce premier tome, et par ses personnages dans l'ensemble assez attachants (même s'ils sont parfois un peu agaçants ou donnent l'impression de faire du surplace). Sans avoir pour autant un coup de cœur, je suis assez contente de m'être enfin plongée dans cette saga et je lirai certainement les autres tomes avec plaisir pour connaître la suite des aventures de Rand, Mat, Perrin et leurs compagnons.
Ce premier tome, qui a malgré les ouvertures finales, un commencement (heureusement) un déroulement et une conclusion bien définis, prend un peu la forme d'un voyage initiatique, à la manière de Tolkien, où les héros cheminent de contrées étranges en contrées étranges, au début simples paysans arrachés malgré eux à leur foyer qui apprennent peu à peu à découvrir en eux des capacités qu'ils ignoraient eux-mêmes. On sent d'ailleurs beaucoup de l'influence de Tolkien chez Robert Jordan: à peu de choses près, les Deux Rivières et ses habitants ressemblent à la Comté, les héros sont poursuivis par un cavalier noir, les fermiers et paysans choisis malgré eux pour une grande destinée et liés malgré eux aux seigneur ténébreux, etc... Jordan réutilise beaucoup de stéréotypes de la fantasy, et certaines choses, relativement déjà vues, ne sont pas surprenantes.
J'ai vraiment eu un peu de mal à accrocher au récit sur les 300 premières pages. Par chance je me suis assez vite attachée aux personnages, et l'univers décrit par Jordan m'a très vite beaucoup intéressée aussi. L'envie de savoir ce qui allait leur arriver m'a empêchée de simplement arrêter ma lecture pour faire autre chose. Durant tout le début du roman, en effet, il y a assez peu de surprise. Le village des héros est attaqué, ils fuient vers Tar Valon avec des monstres à leurs trousses, guidés par des personnages qui en savent de toute évidence plus qu'eux et qui ne ressentent pas le besoin de les informer. Il y a un schéma un peu répétitif dans cette première partie: il fuient, s'arrêtent dans un lieu quelconque présumé sûr, ils sont rattrapés par le danger, ils fuient à nouveau et on recommence.
A partir d'un certain moment, cependant, les personnages sont séparés et forcés de se débrouiller chacun de leur côté, et c'est là que cela devient vraiment intéressant. Sous la conduite de Moiraine et Lan, Rand, Mat et Perrin n'avaient pas tellement leur mot à dire sur le déroulement des événements (dans la première partie du texte, on suit l'action essentiellement du point de vue de Rand, Lan et Moiraine se contentant de les mener en avant sans vraiment leur expliquer quoi que ce soit, et les autres ont une attitude assez passive. A part avoir le mal du pays, globalement, ils n'ont pas une grande prise sur leur propre destinée, et se laissent juste promener en espérant pouvoir un jour rentrer chez eux). Une fois le petit groupe séparé, les points de vue se multiplient, ce qui évite de se fixer uniquement sur Rand, et les personnages se voient obligés de se débrouiller seuls, faisant des rencontres plus ou moins amicales, découvrant chez eux parfois certaines capacités qu'ils ignoraient, et finalement dépassant leur statut de simple paysans arrachés de leur foyer pour devenir véritablement les acteurs de leur propre histoire.
Heureusement, même dans la première partie, on s'attache assez vite aux personnages: Rand est un héros tout ce qu'il y a de plus classique, gentil, serviable, jamais un mot plus haut que l'autre, mais dans cet univers où semble régner trahison et danger, c'est assez rafraîchissant de pouvoir compter sur un personnage aussi sympathique. Parmi les trois héros, j'ai surtout bien aimé Perrin, qui apparaît comme un garçon assez prudent, un peu bon enfant, plus réfléchi que les autres, mais dévoile finalement des capacités exceptionnelles qu'il va lui falloir apprivoiser. Par contre, j'ai eu plus de mal avec Mat, qui aurait pu me plaire pour son côté un peu gaffeur et insouciant, mais dont le comportement suspicieux et parfois un peu cupide m'ont agacée (même si la raison en est en partie expliquée dans le roman.) J'ai également beaucoup aimé le ménestrel, Thom Merrilin, avec son côté un peu bourru mais malgré tout attachant, et Lan, l'énigmatique et impassible Warder, qui a malgré tout un passé et une histoire dignes d'être racontés.
Parmi les personnages secondaires, j'ai retenu Elyas, l'homme-loup pour son côté sauvage, et le lien qui l'unit à la meute qui l'accompagne, et j'ai adoré Loial, l'Ogier, pour le contraste entre son apparence un peu monstrueuse, et son caractère placide, amical, son côté érudit qui découvre le monde. Du côté des personnages féminins, peu m'ont marquée, même si elles ont en général des caractères assez forts. Moiraine est bien souvent inquiétante et pendant un long moment on ignore quelles sont vraiment ses intentions à l'égard des garçons, et s'ils sont vraiment en sûreté avec elle. Nynaeve et Egwene m'ont été assez sympathiques malgré leur mauvais caractère, mais elles ont finalement un rôle assez minime dans l'histoire. Il y a chez Egwene une sorte de soif d'aventure qui la rend assez attachante et en même temps nous la fait paraître un peu naïve. Quant à Nynaeve, c'est assez amusant de la voir, malgré ses réticences du début, peu à peu s'amollir et s'ouvrir à des personnages en qui elle n'avait aucune confiance.
Malgré des schémas parfois déjà vu, l'univers décrit par Jordan est assez fascinant et très bien caractérisé, ce qui rend finalement le récit assez immersif. Chaque lieu visité a ses propres caractéristiques, s'avère plus ou moins accueillant, et avec les dangers qui suivent les héros à la trace, on a beaucoup de mal à faire confiance aux personnages rencontrés, qui peuvent se montrer avenants au premier abord, et finalement trahir les héros ou les repousser par peur, par cupidité ou par conviction. Pour cette raison, les personnages auxquels nos héros peuvent faire vraiment confiance se comptent sur les doigts d'une main, et cela fait d'autant plus plaisir de faire leur connaissance.
Et malgré tout, il y a tout de même certaines choses dans le récit qui finissent par tenir le lecteur en haleine, à commencer par ce qui arrive aux trois garçons. On ne sait pas vraiment, pendant un long moment, s'ils sont choisis pour lutter contre l'ennemi, ou si au contraire c'est l'ennemi qui les a choisis pour ses propres fins, si les Aes Sedai vont les protéger ou au contraire les empêcher de nuire, s'ils vont céder au côté obscur ou au contraire lui résister. L'ambivalence du destin qui pèse sur les trois garçons, des intentions de Moiraine, l'incertitude de l'issue de leur voyage, tout cela maintient finalement assez efficacement l'intérêt du lecteur, et malgré un côté parfois convenu, on se laisse malgré tout happer par le récit et les aventures de la petite compagnie, dans laquelle chacun a son rôle à jouer.
Bref, malgré un léger scepticisme au début, dû surtout au fait que l'intrigue met un certain temps à se mettre en place, j'ai finalement été assez agréablement surprise par l'univers très travaillé de Robert Jordan, dont il reste encore beaucoup à découvrir à l'issue de ce premier tome, et par ses personnages dans l'ensemble assez attachants (même s'ils sont parfois un peu agaçants ou donnent l'impression de faire du surplace). Sans avoir pour autant un coup de cœur, je suis assez contente de m'être enfin plongée dans cette saga et je lirai certainement les autres tomes avec plaisir pour connaître la suite des aventures de Rand, Mat, Perrin et leurs compagnons.
une lecture faite dans le cadre de la LC organisée par Quaidesamoureux,avec
et dans le cadre du challenge Des Pavés sur la Plage
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