Après un accident du travail au cours duquel elle a perdu le bout de son annulaire, une jeune femme est engagée comme assistante auprès de l'énigmatique M. Deshimaru, propriétaire d'un laboratoire très singulier: il naturalise des spécimens d'objets divers, apportés par des personnes qui ont besoin de conserver, d'enfermer des souvenirs. Peu à peu une relation étrange se noue entre M. Deshimaru et la jeune assistante...
Au milieu des livres de fantasy parmi lesquels je patauge en ce moment, ce court roman fait un peu figure d'OVNI. Malgré sa brièveté il laisse une impression assez forte, un peu dérangeante, surtout liée à l'atmosphère générale du livre, une atmosphère glacée, opressante, vide et silencieuse, pleine de non-dits. L'ambiance de tout le livre est tellement froide et aseptisée que l'on a l'impression que le texte entier est un écho plus qu'un véritable récit (j'ai l'impression que c'est un livre à lire dans un silence absolu pour véritablement s'imprégner de cette atmosphère très déroutante.)
On a donc affaire ici à un livre assez dérangeant, qui baigne dans une atmosphère malsaine, où la narratrice présente son histoire avec un détachement et malgré tout une netteté effrayante, elle aussi assez glaciale. La narration est quant à elle claire, fluide, étrangement dénuée d'émotion, comme si la narratrice ne faisait qu'observer sa propre vie. Certains passages à la limite du fantastique sont également racontés d'une manière un peu hallucinée qui ajoute au malaise qui nous poursuit tout au long de la lecture.
Le thème de la perte est récurrent tout au long du livre, qu'il s'agisse de la perte d'objets, d'êtres, de parties du corps comme le minuscule bout de l'annulaire de la narratrice, jusqu'à la perte de soi-même. Ainsi, les spécimens élaborés par M. Deshimaru d'une certaine façon figent, et dépassent la perte pour permettre une libération. Dans cet univers froid et rempli de souvenirs figés pour être oubliés, où seul le personnage de Deshimaru est désigné par un nom, comme s'il était le seul à avoir véritablement une substance, il est paradoxalement celui qui demeure le plus inaccessible, le plus distant. Il reste ainsi jusqu'au bout énigmatique, à la fois attirant et inquiétant.
De même il est difficile de définir la relation qu'entretient la narratrice avec Deshimaru, en dehors du fait qu'elle peut difficilement passer pour de l'amour. On ignore les sentiments de Deshimaru à son égard, mais pour la narratrice, il s'agit surtout d'une sorte de fascination malsaine, un peu comme une proie paralysée par le regard du prédateur, même si c'est traité de façon plus subtile, car il y a tout de même un jeu de séduction, d'une manière étrange, toujours un peu glacée et distante, avec malgré tout l'impression que Deshimaru s'empare peu à peu de la narratrice qui de son côté se sent attirée par lui par une pulsion un peu morbide.
Le livre et la narratrice elle-même décrivent ainsi une sorte de lente descente aux enfers qui semble menée par Deshimaru, jusqu'à la fin qui reste étrangement en suspens alors même que le sort de l'héroïne semble inexorablement scellé. On referme le livre sur une impression de malaise qui persiste notamment en raison de cette fin abrupte, qui suggère, sans vraiment le dire, ce qu'il va advenir de la narratrice.
Bref, c'est un petit livre assez étrange, rapide à lire, mais néanmoins frappant, surtout pour son atmosphère malsaine et le sentiment de malaise qui s'en dégage. Il y a une sorte de violence dans cette froideur du récit et dans cette relation de possession qui s'engage entre Deshimaru et la narratrice, mais distanciée d'une telle façon que l'ensemble devient dérangeant, déstabilisant, et néanmoins étrangement fascinant. C'est donc une découverte intéressante, assez frappante qui me donne assez envie de découvrir d'autres livres de l'auteur.
On a donc affaire ici à un livre assez dérangeant, qui baigne dans une atmosphère malsaine, où la narratrice présente son histoire avec un détachement et malgré tout une netteté effrayante, elle aussi assez glaciale. La narration est quant à elle claire, fluide, étrangement dénuée d'émotion, comme si la narratrice ne faisait qu'observer sa propre vie. Certains passages à la limite du fantastique sont également racontés d'une manière un peu hallucinée qui ajoute au malaise qui nous poursuit tout au long de la lecture.
Le thème de la perte est récurrent tout au long du livre, qu'il s'agisse de la perte d'objets, d'êtres, de parties du corps comme le minuscule bout de l'annulaire de la narratrice, jusqu'à la perte de soi-même. Ainsi, les spécimens élaborés par M. Deshimaru d'une certaine façon figent, et dépassent la perte pour permettre une libération. Dans cet univers froid et rempli de souvenirs figés pour être oubliés, où seul le personnage de Deshimaru est désigné par un nom, comme s'il était le seul à avoir véritablement une substance, il est paradoxalement celui qui demeure le plus inaccessible, le plus distant. Il reste ainsi jusqu'au bout énigmatique, à la fois attirant et inquiétant.
De même il est difficile de définir la relation qu'entretient la narratrice avec Deshimaru, en dehors du fait qu'elle peut difficilement passer pour de l'amour. On ignore les sentiments de Deshimaru à son égard, mais pour la narratrice, il s'agit surtout d'une sorte de fascination malsaine, un peu comme une proie paralysée par le regard du prédateur, même si c'est traité de façon plus subtile, car il y a tout de même un jeu de séduction, d'une manière étrange, toujours un peu glacée et distante, avec malgré tout l'impression que Deshimaru s'empare peu à peu de la narratrice qui de son côté se sent attirée par lui par une pulsion un peu morbide.
Le livre et la narratrice elle-même décrivent ainsi une sorte de lente descente aux enfers qui semble menée par Deshimaru, jusqu'à la fin qui reste étrangement en suspens alors même que le sort de l'héroïne semble inexorablement scellé. On referme le livre sur une impression de malaise qui persiste notamment en raison de cette fin abrupte, qui suggère, sans vraiment le dire, ce qu'il va advenir de la narratrice.
Bref, c'est un petit livre assez étrange, rapide à lire, mais néanmoins frappant, surtout pour son atmosphère malsaine et le sentiment de malaise qui s'en dégage. Il y a une sorte de violence dans cette froideur du récit et dans cette relation de possession qui s'engage entre Deshimaru et la narratrice, mais distanciée d'une telle façon que l'ensemble devient dérangeant, déstabilisant, et néanmoins étrangement fascinant. C'est donc une découverte intéressante, assez frappante qui me donne assez envie de découvrir d'autres livres de l'auteur.
Un livre qui entre dans le cadre du challenge Marmotte
Bah elle est bien ta chronique!!
RépondreSupprimerJ'ai Hotel Iris dans ma PAL, prêtable dès que je l'aurai lu :)
Bon tant mieux si c'est pas trop tiré par les cheveux :p! Et je suis d'accord pour un prêt dès que tu auras lu Hotel Iris :D!
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