Après trois ans passés en prison, Shadow est libéré pour apprendre que son épouse est morte dans un accident de voiture, avec son meilleur ami. N'ayant plus rien ni personne vers qui retourner, Shadow est engagé par l'énigmatique Mr Wednesday, un escroc, qui semble pourtant être bien autre chose que ce qu'il paraît réellement. Shadow va ainsi se retrouver embarqué dans un conflit qui va secouer toute l'Amérique: un conflit entre les anciens et les nouveaux dieux...
J'avoue que je me suis demandée pendant un petit moment où ce livre allait me mener, mais après avoir tourné la dernière page... wahou!!! C'est ce que j'appelle du bon Neil Gaiman, complètement décalé, mais impossible à lâcher une fois qu'on est entré dedans.
Si mon dernier coup de coeur avec cet auteur avait été Nobody Owens, soit un livre jeunesse, celui là est d'emblée radicalement différent, avec une atmosphère résolument plus sombre et plus violente, un vocabulaire plus cru, une intrigue un peu plus capillotractée. Mais le style est toujours aussi agréable à lire, l'univers toujours aussi délicieusement déconcertant. J'ai parfois eu l'impression de me perdre un peu en VO, à cause parfois de longues phrases un peu alambiquées, mais dans l'ensemble, c'est relativement accessible au niveau de la langue (bon après, l'histoire nous laisse un peu sur le pavé par moments, mais là, ça n'a rien à voir avec le style =p)
Le livre est quand même au début assez déstabilisant. Le personnage principal, Shadow, est relativement passif, à la limite de l'indifférence, et on a l'impression qu'il se laisse un peu dépasser par les évènements. Et puisque l'on découvre tout à travers ses yeux, on est comme lui, on se laisse promener, les évènements et les rencontres s'enchaînent d'abord sans logique apparente. Et puis peu à peu, on commence soi-même à mettre en place les pièces du puzzle, et à saisir un peu ce qui se passe. Le mystère s'épaissit autour de Shadow, au départ un homme que l'on pense banal, mais qui finalement suscite trop d'intérêt pour l'être totalement.
Les dieux eux-mêmes ne correspondent pas du tout à l'image que l'on pourrait s'en faire. On est surpris en découvrant leur identité de la trivialité avec laquelle ils sont dépeints. Ils sont escrocs, prostituées, anciens employés d'abattoir, chauffeurs de taxi... Ces dieux sont en somme sur le déclin obligés de vivre parmi les humains et de s'adapter. Les panthéons les plus divers sont représentés, essentiellement nordique, mais aussi égyptien, amérindiens ou autres (j'ai aimé la rapide allusion à Gwydion ou à Antinous ^^). Parfois on les nomme clairement (Czernobog, par exemple) mais souvent, leurs identités sont d'abord noyées, cachées, quelques indices sont donnés, mais ne parlent que si on a déjà quelques connaissances sur les mythologies (à ce sujet je m'interroge sur la traduction de Wednesday, devenu Voyageur en français... le nom anglais étant déjà un indice sur l'identité du personnage, j'ai du mal à retrouver cet indice dans la version française... est-ce qu'il y en a un autre ou est-ce que le clin d'oeil a juste été zappé? Si quelqu'un de plus calé que moi en mythologie nordique ou en étymologie pouvait m'éclairer... ^^). D'autant que l'auteur (et les personnages) jouent sur le double sens des mots, ce qui fait que souvent, un discours est entendu dans un sens et compris dans l'autre. L'esprit rationnel de Shadow, au début, comprend donc souvent de façon métaphorique des termes employés de façon parfaitement littérale.
Néanmoins, si l'identité des principaux protagonistes est assez vite révélée, on ne sait pas immédiatement quel est leur but, ni ensuite par quels moyens ils comptent y parvenir. Le tout semble être orchestré par Wednesday, qui ne met pas toujours Shadow dans la confidence (et nous non plus, par conséquent) et parle souvent par énigmes. Néanmoins, au fur et à mesure que Shadow accepte et comprends les règles du jeu dans lequel il a été embarqué, beaucoup d'éléments s'éclairent par touches, petit à petit, pendant que d'autres questions se posent, et que d'autres personnages apparaissent.
Outre le cheminement de Shadow, les chapitres sont également entrecoupés par des interludes, racontant comment les dieux étrangers, de panthéons divers et variés, sont arrivés en Amérique et comment ils ont été oubliés, ou encore comment ils survivent dans une Amérique qui ne se soucie plus d'eux. Ces quelques chapitres, et l'ensemble du livre en général, posent aussi à plusieurs reprises la question de l'identité de l'Amérique, un melting-pot qui finalement prend ses racines de partout et de nulle part, et où les anciens dieux, déracinés et peu à peu oubliés, n'ont plus leur place, remplacés par de nouveaux dieux, sûrs de leur bon droit, mais finalement tout aussi vulnérables.
Bref, au milieu de toutes ces questions, les deux premières parties sont assez lentes, plus captivantes par le fait de voir Shadow s'acclimater peu à peu à ses découvertes, les rencontres qu'il fait, qu'il s'agisse de divinités plus ou moins connues ou d'être humains comme les autres, que réellement par l'action qui s'y rencontre. Mais la dernière partie est la plus passionnante, car il survient un événement qui vient d'un coup tout accélérer... et c'est là que je dis wahou! Parce que c'est dans cette partie que Shadow fait véritablement sienne la guerre des dieux, que l'on se rend compte que certaines choses qui paraissaient anodines au début avaient en réalité beaucoup plus d'importance, que les révélations s'enchaînent (toujours suffisamment préparées, malgré tout, pour que l'on commence à soupçonner quelques pages avant ce qui va se passer.) et que l'on découvre la véritable nature de certains personnages. Spoiler: d'ailleurs, on a beau savoir ce qu'il a fait, je reste quand même très attachée à Wednesday ^^. Et j'aime énormément la scène finale entre Odin et Shadow, je trouve que c'est une très belle façon de terminer le livre.
Je pense que je peux parler de coup de coeur à ce niveau. J'avais dit ailleurs que ce livre serait festif à chroniquer, et effectivement, il y a tellement de choses à en dire que j'ai laissé de côté des tas d'aspects dont j'aurais pu parler, mais l'essentiel, en tout cas ce qui m'a le plus marquée, y est. Mon prochain Gaiman sera certainement Anansi Boys, le spin-off centré sur les enfants de Mr Nancy, qui m'a été recommandé par un ami ^^.
Pour terminer, une petite citation que j'ai bien aimée:
Si mon dernier coup de coeur avec cet auteur avait été Nobody Owens, soit un livre jeunesse, celui là est d'emblée radicalement différent, avec une atmosphère résolument plus sombre et plus violente, un vocabulaire plus cru, une intrigue un peu plus capillotractée. Mais le style est toujours aussi agréable à lire, l'univers toujours aussi délicieusement déconcertant. J'ai parfois eu l'impression de me perdre un peu en VO, à cause parfois de longues phrases un peu alambiquées, mais dans l'ensemble, c'est relativement accessible au niveau de la langue (bon après, l'histoire nous laisse un peu sur le pavé par moments, mais là, ça n'a rien à voir avec le style =p)
Le livre est quand même au début assez déstabilisant. Le personnage principal, Shadow, est relativement passif, à la limite de l'indifférence, et on a l'impression qu'il se laisse un peu dépasser par les évènements. Et puisque l'on découvre tout à travers ses yeux, on est comme lui, on se laisse promener, les évènements et les rencontres s'enchaînent d'abord sans logique apparente. Et puis peu à peu, on commence soi-même à mettre en place les pièces du puzzle, et à saisir un peu ce qui se passe. Le mystère s'épaissit autour de Shadow, au départ un homme que l'on pense banal, mais qui finalement suscite trop d'intérêt pour l'être totalement.
Les dieux eux-mêmes ne correspondent pas du tout à l'image que l'on pourrait s'en faire. On est surpris en découvrant leur identité de la trivialité avec laquelle ils sont dépeints. Ils sont escrocs, prostituées, anciens employés d'abattoir, chauffeurs de taxi... Ces dieux sont en somme sur le déclin obligés de vivre parmi les humains et de s'adapter. Les panthéons les plus divers sont représentés, essentiellement nordique, mais aussi égyptien, amérindiens ou autres (j'ai aimé la rapide allusion à Gwydion ou à Antinous ^^). Parfois on les nomme clairement (Czernobog, par exemple) mais souvent, leurs identités sont d'abord noyées, cachées, quelques indices sont donnés, mais ne parlent que si on a déjà quelques connaissances sur les mythologies (à ce sujet je m'interroge sur la traduction de Wednesday, devenu Voyageur en français... le nom anglais étant déjà un indice sur l'identité du personnage, j'ai du mal à retrouver cet indice dans la version française... est-ce qu'il y en a un autre ou est-ce que le clin d'oeil a juste été zappé? Si quelqu'un de plus calé que moi en mythologie nordique ou en étymologie pouvait m'éclairer... ^^). D'autant que l'auteur (et les personnages) jouent sur le double sens des mots, ce qui fait que souvent, un discours est entendu dans un sens et compris dans l'autre. L'esprit rationnel de Shadow, au début, comprend donc souvent de façon métaphorique des termes employés de façon parfaitement littérale.
Néanmoins, si l'identité des principaux protagonistes est assez vite révélée, on ne sait pas immédiatement quel est leur but, ni ensuite par quels moyens ils comptent y parvenir. Le tout semble être orchestré par Wednesday, qui ne met pas toujours Shadow dans la confidence (et nous non plus, par conséquent) et parle souvent par énigmes. Néanmoins, au fur et à mesure que Shadow accepte et comprends les règles du jeu dans lequel il a été embarqué, beaucoup d'éléments s'éclairent par touches, petit à petit, pendant que d'autres questions se posent, et que d'autres personnages apparaissent.
Outre le cheminement de Shadow, les chapitres sont également entrecoupés par des interludes, racontant comment les dieux étrangers, de panthéons divers et variés, sont arrivés en Amérique et comment ils ont été oubliés, ou encore comment ils survivent dans une Amérique qui ne se soucie plus d'eux. Ces quelques chapitres, et l'ensemble du livre en général, posent aussi à plusieurs reprises la question de l'identité de l'Amérique, un melting-pot qui finalement prend ses racines de partout et de nulle part, et où les anciens dieux, déracinés et peu à peu oubliés, n'ont plus leur place, remplacés par de nouveaux dieux, sûrs de leur bon droit, mais finalement tout aussi vulnérables.
Bref, au milieu de toutes ces questions, les deux premières parties sont assez lentes, plus captivantes par le fait de voir Shadow s'acclimater peu à peu à ses découvertes, les rencontres qu'il fait, qu'il s'agisse de divinités plus ou moins connues ou d'être humains comme les autres, que réellement par l'action qui s'y rencontre. Mais la dernière partie est la plus passionnante, car il survient un événement qui vient d'un coup tout accélérer... et c'est là que je dis wahou! Parce que c'est dans cette partie que Shadow fait véritablement sienne la guerre des dieux, que l'on se rend compte que certaines choses qui paraissaient anodines au début avaient en réalité beaucoup plus d'importance, que les révélations s'enchaînent (toujours suffisamment préparées, malgré tout, pour que l'on commence à soupçonner quelques pages avant ce qui va se passer.) et que l'on découvre la véritable nature de certains personnages. Spoiler: d'ailleurs, on a beau savoir ce qu'il a fait, je reste quand même très attachée à Wednesday ^^. Et j'aime énormément la scène finale entre Odin et Shadow, je trouve que c'est une très belle façon de terminer le livre.
Je pense que je peux parler de coup de coeur à ce niveau. J'avais dit ailleurs que ce livre serait festif à chroniquer, et effectivement, il y a tellement de choses à en dire que j'ai laissé de côté des tas d'aspects dont j'aurais pu parler, mais l'essentiel, en tout cas ce qui m'a le plus marquée, y est. Mon prochain Gaiman sera certainement Anansi Boys, le spin-off centré sur les enfants de Mr Nancy, qui m'a été recommandé par un ami ^^.
Pour terminer, une petite citation que j'ai bien aimée:
« People believe, thought Shadow. It's what people do. They believe. And then they will not take responsibility for their beliefs; they conjure things and do not trust the conjuration. People populate the darkness; with ghosts, withs gods, with electrons, with tales. People imagine and people believe: and it's that belief, that rock-solid belief, that makes things happen. »
treizième livre lu dans le cadre du Baby-challenge Fantasy
et seizième lu dans le cadre du challenge God Save the Livre
et seizième lu dans le cadre du challenge God Save the Livre
RépondreSupprimerC'est là que je me rend compte que j'ai oublié les 3/4 de l'histoire... En même temps, Gaiman c'est tellement du n'importe quoi que c'est difficile de tout retenir une année plus tard :D
Bref, en tout cas il faut que je lise Nobody Owens, et j'ai déjà Neverwhere dans ma PAL. Si tu as aimé American Gods, je pense qu'Anansi Boys va te plaire, car c'est dans la même veine !
RépondreSupprimerVoui, c'est vrai que là c'est encore frais parce que je viens de le finir (c'est pour ça que je n'ai pas traîné à faire ma chronique d'ailleurs) mais je ne suis pas sûre de me rappeler de tout
d'ici un mois ou deux XD!
J'ai aussi Neverwhere qui arrive dans la liste de mes priorités juste après Anansi Boys ^^!
RépondreSupprimerHeureusement que je l'ai dans ma PAL celui-là, sinon ma wish-list se serait encore rallongée d'un titre...
RépondreSupprimerHihi, c'est vraiment spécial, et j'ai dû m'accrocher un peu au début, mais finalement j'ai adoré, donc j'espère que tu vas aimer aussi ^^! Enfin, en même temps soit on accroche, soit on
n'accroche pas, je pense, avec Neil Gaiman, vu comme son univers est particulier... en ce qui me concerne, je recommande ^^!
RépondreSupprimerUne histoire sympa mais pas faite pour moi...