mercredi 7 septembre 2016

Harry Potter and the Cursed Child - J.K. Rowling, Jack Thorne & John Tiffany


Être Harry Potter n'a jamais été facile et ne l'est pas davantage depuis qu'il est un employé surmené du ministère de la Magie, marié et père de trois enfants. Tandis que Harry se débat avec un passé qui refuse de le laisser en paix, son plus jeune fils, Albus Severus, doit lutter avec le poids d'un héritage familial dont il n'a jamais voulu. Le destin vient fusionner passé et présent. Père et fils se retrouvent face à une dure vérité : parfois, les ténèbres surviennent des endroits les plus inattendus.

On ne présente plus Harry Potter évidemment (certainement pas sur ce blog où l'intégralité-de-la-saga-moins-un-tome a déjà été chroniquée avec enthousiasme) et lorsque j'ai mis la main sur le petit dernier de la série sorti le mois dernier, en dépit du format "script" qui ne m'emballait pas des masses, je partais tout de même plutôt confiante. Je l'ai d'ailleurs dévoré immédiatement, trop impatiente de replonger dans cet univers, de retrouver mes personnages préférés, d'en rencontrer de nouveaux, et de retomber dans une phase de pottermania. Du coup, j'ai eu du mal à me résoudre à la triste vérité : j'ai été déçue, en grande partie, par ce "huitième tome", que j'ai beaucoup de mal à accepter comme faisant à présent partie, officiellement de l'univers de Harry Potter (disons les choses clairement : je ne l'accepte pas du tout. Sauf pour quelques détails, mais j'y reviendrai.)

Commençons par quelques points positifs tout de même : après la fin du tome 7, cette suite nous permet enfin d'avoir un aperçu un peu plus concret des conséquences de la guerre sur Harry, Ron, Hermione et Draco, et la manière dont cela se répercute sur leurs enfants : la réputation qui les précède avant même leur entrée à Poudlard, et ce qui est implicitement attendu d'eux, au vu des exploits de leurs parents. Cette pièce permet de développer de façon plus intime les relations entre les parents et leurs enfants, tout particulièrement à travers un parallèle plutôt intéressant entre la relation Harry/Albus et Draco/Scorpius.

Puisque l'on parle d'eux (et que l'on ne parlera quasiment que d'eux tout au long de la pièce, pour être honnête) je tiens à mentionner avec les honneurs le duo Albus/Scorpius, qui a vraiment été mon gros coup de coeur dans cette intrigue autrement très fouillis et peu cohérente. Ces deux personnages sont profondément attachants, tout particulièrement Scorpius, qui, tout Malfoy qu'il est, s'avère être un adolescent doux, touchant, loyal et plein d'humour. S'il n'y a vraiment qu'une seule chose à retenir de cette pièce, c'est vraiment Albus et Scorpius et leur amitié très émouvante.

La pièce, si elle tire parfois un peu trop dans le fan-service, parvient tout de même à mettre des mots sur certaines émotions, certaines choses que l'on aurait parfois aimé lire dans les romans et qui sont ici dites à haute voix. Ce n'était pas toujours nécessaire, mais parfois, bon sang! ce que ça fait du bien! L'intrigue nous permet également de mettre en lumière quelques zones d'ombre, de revenir sur certains détails d'événements que l'on connaît déjà et de les voir sous un jour nouveau, ou au moins plus éclairé.

D'une manière générale, la pièce offre ici une réflexion relativement intéressante sur ce que la guerre a coûté à Harry particulièrement, sur ce que cela implique d'être le Survivant alors que tant d'autres personnes sont mortes et les ressentiments que cela peut générer. J'ai dans l'ensemble trouvé que les différents postulats de départ de cette pièce étaient plutôt bons : comment le fait d'être le Survivant a eu un impact sur Harry et ses proches, comment les enfants vivent-ils cette notoriété de leurs parents, et les attentes implicites que cela génère... j'avoue que durant les quelques premières scènes, j'étais plutôt optimiste, et même carrément excitée de la tournure que cela prenait. Ce n'est qu'ensuite que cela devient un peu du grand n'importe quoi, et c'est là qu'entrent en scène les points négatifs (et un peu de spoiler aussi, vous êtes prévenus.)

En effet, le format "pièce de théâtre" ne permet pas de s'attarder réellement sur ces différents aspects de l'histoire. Outre le rythme qui impose une action quasi constante, ces différents niveaux d'intrigue se trouvent très vite noyés dans le flot de la pièce, et l'on n'explore réellement ni l'impact des événements de la saga sur les anciens, ni la manière dont cela affecte la nouvelle génération, ni les relations des personnages entre eux... tout est survolé, des pistes sont ouvertes, mais rien n'est vraiment approfondi. Il est vrai que c'est le format qui veut cela, mais j'ai eu l'impression que, même en tant que pièce de théâtre, l'intrigue essayait de jongler avec beaucoup trop d'éléments pour être totalement satisfaisante.

Par ailleurs, j'ai été déçue que, parmi toutes les idées fantastiques que l'on pouvait exploiter dans l'univers de Rowling, la pièce se concentre sur l'une des rares qui soient vraiment bancales et quasi-impraticables : le voyage dans le temps, un ressort narratif assez dangereux qui fait que l'intrigue devient très rapidement un bazar incommensurable (en plus de tous les enjeux liés aux personnages déjà évoqués plus haut. A mon avis, il aurait été tout à fait possible de se concentrer sur les aventures des plus jeunes à Poudlard ainsi que sur les péripéties des adultes au ministère sans pour autant se perdre dans cet espèce d'infâme gloubiboulga temporel.) En fin de compte, cela contredit certaines lois du monde de la magie clairement définies par Rowling dans les romans, cela enlève de la spontanéité aux actions des personnages (qui vont eux-même se jeter dans les ennuis de façon carrément stupide, ce qui fait que l'on a beaucoup de mal à compatir lorsque cela se retourne contre eux) et cela donne l'impression d'avoir de l'action pour l'action, sans vraiment d'enjeux derrière.

D'ailleurs, ce n'est qu'un ressenti personnel, mais j'aurais aimé que l'intrigue se concentre un peu plus sur la nouvelle génération. En dehors de Scorpius et Albus (mes chouchous!) les enfants de nos héros sont à peine évoqués, voire carrément absents. James et Rose font clairement tapisserie, alors que j'aurais aimé les voir interagir un peu plus avec les deux autres, surtout quand on voit la réaction de Rose lorsque sont cousin est réparti à Serpentard. Plutôt que d'avoir leur histoire à eux, les enfants sont surtout un prétexte à revisiter celle des parents, et l'on regrette un peu cette impression de rester englué dans le passé plutôt que de passer le flambeau. Je suis d'ordinaire assez réceptive à l'effet fan-service, mais là j'ai trouvé que c'était très lourd et sans grand intérêt.

Enfin, du côté du déroulement de la pièce en elle-même, on a beaucoup de coups de théâtre un peu téléphonés (bon, à la limite, dans le cadre d'une pièce, c'est compréhensible) et de ressorts narratifs assez attendus voire carrément absurdes ou ridicules, bien loin de la maestria à laquelle nous a habitués J.K. (on voit bien qu'elle n'a pas vraiment eu son mot à dire dans l'histoire...) Passé l'enthousiasme initial, j'ai assez vite eu l'impression de lire une fanfiction assez moyenne, et si je l'avais lue, telle quelle, sur un site quelconque, je me serais probablement arrêtée au bout de quelques chapitres (sans aucun remord, car il existe des centaines de fanfictions bien mieux ficelées et mieux écrites, même en prenant en compte le côté "script".)

Bref, si j'ai naturellement dévoré ce livre, pris plaisir, malgré tout, à retrouver les personnages comme de vieux amis, à découvrir les petits nouveaux avec beaucoup d'espoir (je me suis vraiment beaucoup attachée à Albus et Scorpius)  je l'ai moins apprécié pour son intrigue très bizarrement gérée que pour les petits détails qu'il nous donne sur le monde de la magie après la fin de la saga (mais là, encore une fois, il y a du bon comme du moins bon.) J'en viens presque à espérer que quelqu'un reprendra les éléments plutôt chouette (surtout Scorpius. Ai-je mentionné que j'aimais Scorpius? ^^) pour en faire une fanfiction un peu plus satisfaisante.

Il paraît malgré tout que la pièce est spectaculaire et vaut le coup d'être vue, ce que je n'ai aucune peine à croire au vu des descriptions de l'action présentes dans les didascalies. Mais j'ai plutôt l'impression que cette mise en scène grandiose est de la poudre aux yeux destinée à cacher les faiblesses du scénario, et j'aurais largement préféré une mise en scène plus sobre, mais un contenu plus riche, à la hauteur de ce à quoi nous a habitué la saga. Cela me donne tout de même envie de voir la pièce (je croise les doigts pour une future sortie en DVD, même si rien n'a encore été annoncé) ne serait-ce que pour retrouver la magie de Harry Potter qui m'a clairement manqué ici.


3 commentaires:

  1. Bon vu les avis y compris ceux très enthousiastes,et le tien qui prime carrément quoi ! je me passerai de ce livre. Je crois que je vais devenir une puriste sur HP : les romans et rien d'autre ;)

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  2. Enfin lu pour être à la page mais c'est une sacrée déception. Incohérences, coups de Trafalgar...je suis entièrement d'accord avec toi, des fanfictions sont bien meilleurs. J.K. Rowling n'avait pas besoin de verser dans le fan service. La fin du tome 7 était bancal (seul livre lu une seule fois) mais là ça m'a encore plus rendu nostalgique des 6 premiers... et ok on sauve juste Scorpius! (Même Albus est exaspérant dans l'ensemble)

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    1. Je trouve aussi Albus exaspérant, mais j'aime trop son amitié avec Scorpius (soyons clairs, je shippe carrément Albus et Scorpius xD) pour avoir envie de le renier complètement. En tout cas, on voit clairement que J.K. n'est pas aux commandes dans ce livre, et franchement je ne comprends pas comment elle a pu donner son aval à ce ramassis de clichés, indigne de la saga d'origine, pour moi. Pour le coup, j'ai préféré Fantastic Beasts and Where to Find Them, où l'on reconnaissait beaucoup mieux sa patte, même avec des personnages et un environnement totalement nouveaux.

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