mardi 9 juin 2015

Nimona - Noelle Stevenson


Nimona est une jeune fille impétueuse qui a le chic pour la bagarre, les plans diaboliques et le chaos en règle générale. Elle a le don de changer d'apparence, ça aide (surtout quand elle se transforme en dragon) ! Lord Ballister Blackheart est l'homme le plus célèbre du royaume : cantonné dans le rôle de méchant, il veut rétablir la vérité et prouver à tous que sir Goldenloin et ses potes du ministère ne sont pas les héros qu'on croit. Ensemble, ils mènent une vendetta impitoyable et explosive.

J'ai découvert Nimona alors que le webcomic était encore en cours de publication (à peu près à la moitié. Je me souviens avoir lu d'une traite tous les chapitres sortis et avoir été frustrée à quelques pages de la fin du chapitre 8) et j'ai eu un coup de coeur immédiat pour le côté décalé des dessins, de l'histoire et des personnages. Je suivais déjà assidûment le tumblr de Noelle Stevenson, à cause de ses fanarts à mourir de rire sur Le Hobbit ou Avengers (entre autres) et son humour aussi bien que son côté anticonformiste se retrouvent parfaitement dans l'ensemble du comic (donc je n'avais par contre jamais lu la fin.)

A première vue, on a affaire à un univers de fantasy relativement classique, dans un contexte médiéval qui fait intervenir dragons, métamorphes et chevaliers. Mais à première vue seulement, car en réalité, Noelle Stevenson s'amuse à reprendre tous les codes pour allègrement les faire marcher sur la tête. Ici, c'est le supposé grand méchant qui est le héros, le beau chevalier servant qui dissimule de noirs desseins, la science qui a pris le pas sur la magie. Nimona est le personnage le plus atypique du lot, avec ses pouvoirs quasiment sans limites, son passé flou, la dichotomie qu'elle incarne entre la maturité émotionnelle et la fragilité d'une enfant et une certaine rudesse, voire une violence qui se manifeste parfois sans aucun signe avant coureur.

L'ensemble se lit relativement rapidement, mais ne manque pas de rebondissements ni d'humour. Les personnages sont profondément attachants, dès les premières pages, particulièrement, évidemment, Nimona et Ballister Blackheart, et la confiance fragile qui s'installe progressivement entre les deux personnages est très touchante. La relation ambiguë qui lie Blackheart et Goldenloin, ennemis jurés mais en réalité bien plus que cela est également très intéressante. Noelle Stevenson met un point d'honneur à tordre le cou aux clichés, notamment genrés, et à ce niveau, Nimona est une réussite, donnant la part belle à des personnages qui transcendent cette distinction, Nimona en tête.

Au niveau des dessins, ils peuvent sembler simpliste et enfantins à première vue, mais derrière cet aspect faussement ébauché, Noelle Stevenson parvient à saisir en quelques traits des émotions, des actions qui apportent une grande vivacité aux dessins, en jouant notamment sur les couleurs et le cadrage des images. Cela lui donne un style très expressif et facilement reconnaissable, qui parvient aussi bien à appuyer les passages intimes et humoristiques qu'à retranscrire de grandes scènes épiques et des émotions très fortes.

Je n'avais donc pas lu la fin en ligne, mais il s'avère qu'il ne me manquait finalement que quelques pages pour avoir le fin mot de l'histoire. Qui n'est pas le fin mot, en définitive, car tout n'est pas éclairci, et la fin tout en résolvant l'intrigue reste finalement très ouverte. J'ai beaucoup aimé néanmoins ce mystère qui entoure le récit jusqu'à la fin, et j'ai trouvé cette conclusion douce amère très touchante.

Mon seul petit regret ne porte pas sur l'histoire elle-même, mais sur le format papier et la disparition d'une grande partie de la publication numérique (seuls les trois premiers chapitres sont consultables en ligne, maintenant) car la publication en ligne était suivie par une communauté très active, créative et enthousiaste qui animait chaque semaine la section des commentaires avec des théories, des parodies (j'ai clairement le souvenir de reprises de chansons qui auraient pu remplir un album complet!), des fanarts qui étaient au moins aussi drôles que le comics en lui-même. C'est évidemment quelque chose qui est perdu pour une publication au format papier, et même si c'est inévitable, je suis un peu triste d'avoir perdu cet aspect qui pour moi était presque aussi important que le webcomic proprement dit.

Cela n'enlève évidemment rien à la qualité de ce livre, et au plaisir que j'ai pris à le relire. Ce ne sera sans doute pas la dernière fois car j'adore l'ambiance qui se dégage de l'ensemble du récit, et je suis également très fan des personnages et de l'univers de Noelle Stevenson. Cela me donne bien envie de me pencher sur les autres travaux de cette auteure que je n'ai pas encore pris le temps de découvrir!

2 commentaires:

  1. Presque tout ce que tu dis, ma soeur l'a marmonné dans sa barbe ! Elle me l'a mainte fois vivement conseillée de le lire, mais l'anglais est hors de porté pour moi !
    Ton avis me donne donc encore plus envie de le lire !

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    1. Je ne peux qu'approuver :D! Il a été traduit en français aussi (chez Dargaud, il me semble), donc pas de souci, si c'est l'anglais qui t'embête ^^! Merci de ta visite!

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