samedi 25 avril 2015

The Long Earth - Terry Pratchett & Stephen Baxter


Dans les vestiges calcinés du domicile d’un scientifique discret, l’agent Monica Jansson découvre un curieux gadget : un boîtier abritant du fil de cuivre, un commutateur et… une pomme de terre. Ce « Passeur » est la porte d’entrée universelle que tout un chacun peut fabriquer pour accéder à une infinité de Terres parallèles sans présence humaine : il suffit d’un pas, un seul pas, vers l’est ou vers l’ouest. La découverte de cette « Longue Terre » sans limites va bouleverser à jamais l’humanité. Si une ère nouvelle s’ouvre aux pionniers, les gouvernements sont moins enthousiastes à la perspective de tous ces mondes incontrôlables. Et que de questions sans réponse ! Auxquelles certains vont s’atteler. La plus improbable des missions d’exploration se prépare. À bord d’un dirigeable prennent place Josué Valienté, un jeune homme doué du talent de passer d’un monde à l’autre sans assistance mécanique, et Lobsang, une intelligence artificielle extravagante qui fut un réparateur de motocyclettes tibétain dans une vie antérieure. Un voyage aux confins de la Longue Terre les attend…

Afin de faire le deuil du sieur Pratchett décédé le mois dernier, j'ai entrepris la lecture de ce roman qu'il a écrit avec Stephen Baxter, il y a quelques années (3 ans pour être exact). Ce qui, outre le fait de rentre un hommage à un auteur de fantasy magistral, me donnait également l'occasion de faire la connaissance d'un autre auteur que je ne connaissais pas du tout et qui apparemment, est également une pointure en la matière. Ce qui ne me surprend pas, si j'en juge par la qualité de cette oeuvre issue de la collaboration des deux auteurs. En effet, j'ai été conquise de bout en bout par ce roman qui part d'un postulat relativement simple pour en dérouler un récit complexe, aux multiples facettes, qui donne lieu à de nombreux questionnements et réflexions.

L'idée de départ peut, en effet, se résumer relativement aisément : que se passerait-il si, du jour au lendemain, une infinité de Terres parallèles à la nôtre devenait soudain accessible à la plus grande partie de l'humanité? Partant de cette idée, Pratchett et Baxter dévident tous les fils narratifs possibles, depuis les opportunités présentées par ce nouvel élargissement du monde et de ses ressources virtuellement infinies, qui apparaît comme providentiel à une époque où la croissance de la population mondiale est devenue vraiment problématique, jusqu'aux problèmes de sécurité que cela implique (difficile d'appréhender des criminels lorsque, d'un seul pas de côté, ils peuvent passer d'un monde à l'autre à l'infini), ainsi qu'aux bouleversements sociaux et politiques que cela ne manque pas de provoquer.

Car, si Joshua Valienté semble être le personnage principal du roman, il n'y occupe pas pour autant tout le devant de la scène. Toute une première partie du roman est consacrée aux différentes façon d'aborder cette nouvelle situation, entre ceux qui changent de monde pour échapper à la misère, ceux qui espèrent chercher fortune dans ces nouveaux mondes, ceux qui vont établir des colonies dans les Terres reculées tels des pionniers modernes, mais aussi ceux, minoritaires mais suffisamment nombreux, qui ne peuvent pas changer de monde et se trouvent un peu laissés pour compte. C'est la situation de ces derniers qui m'a le plus interpellée, et j'espère que le deuxième tome leur donnera un peu plus de voix, car ils sont encore ici assez secondaires.

En effet, ce premier tome, notamment dans la seconde partie, se consacre surtout à l'exploration de la Longue Terre, en compagnie d'un duo assez peu commun : Joshua Valienté, un jeune homme assez asocial, qui a la particularité d'avoir été mis au monde sur la Longue Terre, et Lobsang, un ancien tibétain réincarné en ordinateur. Sachant que lors de sa première apparition ce personnage se manifeste dans un distributeur de boissons, il ne faut pas aller bien loin pour comprendre pourquoi il s'agit de mon personnage préféré ^^. Au cours de leur périple ces deux personnages finissent par développer une certaine complicité qui m'a beaucoup plu, et l'addition un peu plus tardive d'un troisième personnage à la fine équipe ne les rend que plus sympathiques et agréables à suivre.

Il est inutile, par contre, de chercher ici l'humour typique de Pratchett et du Disque-Monde. Il y a de l'humour dans ce texte, évidemment, mais à mon avis, la patte de Pratchett est plus à chercher dans le côté très humain des personnages, et cet espèce d'espoir un peu naïf mais terriblement rafraîchissant que j'avais déjà ressenti dans Good Omens. L'idée que finalement, tout dépend des humains, qui ont en eux la capacité de faire des choix aussi bien pour le pire que pour le meilleur. Même s'il faut bien admettre que la fin de ce premier tome n'est pas très encourageante de ce côté là.

Le deuxième tome devrait en effet se concentrer un peu plus sur les "phobiques", le tiers de la population qui ne peut pas se déplacer d'un monde à l'autre, et qui proteste de manière assez violente contre la colonisation de la Longue Terre. Le pire étant qu'il est difficile de leur donner tort et de ne pas les comprendre. L'un des personnages qui m'a le plus touchée à ce niveau (et que l'on ne voit pourtant quasiment jamais dans ce premier tome, il doit être mentionné dans moins d'une dizaine de pages) est Rod Green, un jeune garçon laissé en arrière par une famille de nouveaux pionniers. Ceux qui ont la parole ici sont essentiellement sa famille, notamment sa soeur qui tient un journal de bord, et j'ai été proprement révoltée par l'attitude de cette famille (notamment sa mère) qui peut abandonner son garçon de la sorte pour aller s'installer à des milliers d'univers de sa Terre d'origine. Impossible, dans ces conditions, de ne pas s'imaginer la colère et le ressentiment de Rod à leur égard, et tous les chapitres consacrés à cette petite colonie sont sous-tendus par l'absence de ce gamin qui devrait être là et qui n'est mentionné qu'en passant, comme un détail. J'espérais en apprendre un peu plus sur lui dans ce tome, mais je pense qu'il aura un rôle plus important dans le suivant.

Bref, Ce premier tome de saga pose déjà de très bonnes bases et beaucoup de questions qui devraient être développées dans la suite. D'après ce que j'ai vu, le principal reproche adressé à ce livre est le manque d'action et le manque d'un fil directeur. Il est vrai que l'on a plutôt ici plusieurs trames narratives qui s'entrecroisent, différentes histoires qui ont toutes pour point de départ cette révolution causée par l'ouverture de la Longue Terre. Alors certes, pas de courses poursuites (encore que...) ou de grandes bataille épiques ici, mais la tension est tout de même très efficacement maintenue par les découvertes faites au cours de leur voyage par Joshua et Lobsang, par les différentes exploitations de la Longue Terre, par les tensions qui se cristallisent sur Datum entre ceux qui peuvent faire le Pas et ceux qui ne le peuvent pas... Mais tout cela conduit à un point d'orgue qui, je le pense, devrait accentuer toute cette tension dans la suite. En tout cas, cette narration un peu morcelée ne m'a pas gênée du tout, bien au contraire, et j'ai non seulement été ravie de retrouver l'esprit de Pratchett, mais aussi de faire la connaissance d'un auteur que j'avais un peu peur d'aborder, avec mes connaissances limitées en SF. A présent, j'ai non seulement envie de lire la suite, mais également de découvrir d'autres oeuvres de Stephen Baxter.


1 commentaire:

  1. Ce livre me tente beaucoup depuis que je l'ai vu à la librairie, il y a quelques temps. Comme toi, j'adore Pratchett et ne connais pas encore Baxter. Ton avis m'a vraiment donné envie de me le procurer au plus vite, mais j'attendrai probablement qu'il sorte en poche. ;) Je m'essayerai peut-être à Baxter entre temps. :)

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