lundi 27 avril 2015

L'Héritage des Darcer, tome 1 - Marie Caillet


A seize ans, Mydria semble promise à un brillant avenir : fille unique de la famille Siartt, avec pour ambition d'épouser le prince héritier du royaume, tout paraît lui sourire. Jusqu'au jour où elle découvre avec horreur qu'elle n'est pas Siartt, mais héritière du dernier roi légitime d'Edrilion, qui l'envoie, par delà les générations, en quête du trésor de sa famille et de son trône. Pas question pour Mydria de risquer sa vie dans une telle équipée. Elle fuit, dans l'espoir d'échapper à son destin, mais c'est sans compter les ambitions d'une guilde de voleurs qui ne tarde pas à découvrir son identité, et le secret de son héritage. En leur compagnie, Mydria va être obligée, bien malgré elle, de se lancer dans une quête au trésor, dans laquelle elle aura pour seule aide un sifflet, et le Don d'aile hérité de ses ancêtres.

Qu'on se le dise : je n'ai aucune patience avec les jeunes auteurs (quand je dis jeune, j'entends moins de vingt ans, dans ces eaux là). Parce que je me suis moi-même essayée à l'écriture, que je triture mon propre univers de fantasy depuis maintenant 10 ans, que j'ai des pages et des pages de notes et toujours pas un seul chapitre écrit (et il y a fort à parier que jamais un chapitre ne verra le jour, j'ai fini par me faire une raison xD). Résultat, je suis une jalouse aigrie, et je reporte ma hargne refoulée sur les jeunes plus talentueux que moi (hin hin). Du coup, j'ai essayé de faire pareil avec Marie Caillet, qui a publié l'héritage des Darcer à l'âge de 18 ans (humph!), prête à pointer du doigt clichés, erreurs, incohérences... quelle déception! Non seulement j'ai adoré ce livre, mais en plus j'en redemande! Et je suis tombée amoureuse de l'un des personnages, par dessus le marché! Mais que sont devenus mes talents de vilaine ronchon?

Trêve de plaisanteries, il est vrai que je suis en général assez critique avec les auteurs assez jeunes (et pas seulement parce que je pâlis à la relecture de certains de mes écrits de collège/lycée *fou rire nerveux*). Mes quelques lectures en la matière ont rarement été concluantes, et tant au niveau du récit que du style, j'ai tendance à penser qu'il vaut mieux laisser mûrir le projet avant la publication. Et puis voilà qu'arrive l'héritage des Darcer. Des personnages attachants, un récit passionnant et rythmé, de l'aventure, de l'émotion, de la magie... pour un coup d'essai, Marie Caillet réussit un coup de maître. Je ne me suis pas ennuyée une seconde à la lecture de ce roman, et j'en ai même dévoré les deux derniers tiers en une journée.

J'ai particulièrement apprécié la manière dont Marie Caillet parvient à reprendre des classiques sans tomber dans le cliché. Une héritière, un don magique, une troupe de voleurs, une quête au trésor... tout cela semble rebattu, mais est utilisé ici avec une inventivité rafraîchissante. Mydria est une héroïne qui aurait pu être agaçante: au départ aristocrate frivole, têtue et un peu écervelée, elle évolue et se dévoile peu à peu au cours du récit, pour se montrer astucieuse, courageuse, humaine, et ce caractère bien dosé la rend finalement très sympathique, ce qui ne rend son histoire que plus intéressante.

Mais tout cela n'est rien à côté d'Orest, qui pour le coup, remporte mon petit coup de coeur (c'est presque trop facile, tiens!). Dès le départ, ce garçon nous intrigue, avec son côté froid et dangereux (qui s'explique évidemment par le fait qu'il soit un voleur et un assassin) et l'on se doute qu'il va évoluer au fil du récit. C'est le cas évidemment, et cette évolution tout en douceur et en subtilité, qui va de pair avec celle de Mydria, fait que l'on s'attache sans s'en rendre compte à ce jeune homme cynique et taciturne, qui pourtant ne fait rien pour s'attirer notre sympathie. Je dois même avouer que l'une des raisons pour lesquelles j'aime Mydria est, entre autres, mon admiration devant le fait qu'elle endure pendant tout le livre le caractère d'Orest sans jamais lui coller sa main dans la figure! Je ne pense pas qu'à sa place j'aurais pu trouver en moi une telle patience xD!

Au niveau de l'intrigue, le récit est assez linéaire dans ce premier tome, et même s'il n'y a pas vraiment de surprise, le rythme et les tensions font que l'on enfile les pages sans difficulté. Le principal intérêt réside surtout dans l'évolution des personnages, en particulier Mydria et Orest évidemment, mais aussi dans une certaine mesure, l'évolution des relations entre la petite troupe de malfrats et la jeune fille. Tous ont leur petit rôle à jouer et tous sont attachants à leur manière, même si j'ai regretté que dans l'ensemble, le petit groupe reste tout de même largement en retrait par rapports aux deux jeunes gens. Mais finalement, j'ai quand même beaucoup aimé Guihaulth que j'ai trouvé touchant, et Allian dont le côté je-m'en-fichiste m'a fait rire. Et j'ai même pleuré à certains moments. Si si.

Bref, j'ai été conquise par ce premier tome rythmé, plein de personnages fascinants, d'émotions, de suspense. Sans être novateur en tout, le roman évite malgré tout les clichés en utilisant les topoi de la fantasy et de la quête initiatique de manière vivante, avec un style à la fois élégant et efficace. Si l'action est présente du début à la fin, le roman semble malgré tout centré en priorité sur les personnages, leur évolution personnelle, leurs relations, et c'est une recette qui fonctionne en général très bien avec moi. Mon seul petit regret est une certaine mise en retrait d'une partie des personnages au profit d'autres, mais cela se justifie par les nécessités du récit et ne change absolument pas mon excellente opinion sur le roman!

Un livre qui entre dans le cadre du challenge ABC - Littératures de L'Imaginaire

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