Irmine et Helbrand, deux frères assassins descendant d'un ancien peuple guerrier, vivent dans les ombres de la plus grande cité du royaume de Palerkan. Alors qu'ils se croient à l'abri des persécutions dont ont souffert leurs ancêtres, leur passé sanglant les rattrape, sous les traits d'un borgne qui semble nourrir pour eux de sombres projets. Et tandis que la guerre menace d'embraser le monde, que les puissants tissent de noires alliances, ils vont devoir choisir un camp. Leur martyre ne fait que commencer...
C'est presque sur un coup de tête que j'ai fait l'acquisition de ce premier tome de la nouvelle trilogie d'Oliver Peru. Presque, car mon intention en me rendant au festival Trolls et Légendes le 31 mars était simplement de faire dédicacer mon exemplaire de Druide, sans faire trop de mal à mon budget. Mais il ne m'a pas fallu très longtemps pour tomber sous le charme de cette magnifique couverture (illustrée par l'auteur himself) et pour mettre finalement la main sur un exemplaire (le dernier disponible apparemment, quelle chance!). Et si en général il n'est pas dans mes habitudes de lire un roman sitôt acheté, je n'ai pas pu résister à l'appel de celui ci, et je m'en mords les doigts maintenant, car l'attente du tome 2 va être d'autant plus longue que la lecture de ce premier tome a été rapide!
Si malgré mon excellente impression d'ensemble, j'avais eu une dernière petite réserve sur Druide, dans lequel il m'avait manqué un chouïa de quelque chose pour en arriver au coup de coeur, ici, ce chouïa est bien présent, et même davantage. On sent ici que l'on a affaire à un univers plus maîtrisé et plus dense que dans Druide, où le côté one-shot donnait parfois l'impression d'une faiblesse dans la construction du décor (le rythme assez soutenu de l'intrigue obligeant à se concentrer sur des aspects plus directement liés au récit, au détriment peut-être de la cohérence globale de l'univers). Ici, Oliver Peru prend plus de temps pour poser son décor, son intrigue, présenter les personnages et leurs relations, et même si l'on met du coup un peu plus de temps à plonger dans l'action, j'ai trouvé que cela rendait du même coup l'univers plus immersif.
Il nous présente ainsi toute une galerie de personnages auxquels on s'attache très vite: Helbrand et Irmine naturellement, dont la relation fraternelle est très touchante, le statut d'Arserker et d'assassins fascinant, mais même si ce sont des personnages centraux du récit, ils ne sont pas les seuls sur le devant de la scène. On rencontre très vite Kassis, la jeune dame des Ronces, enfermée dans son château, qui maudit sa prison et rêve d'en sortir par tous les moyens, ainsi que son entourage, également fait de personnages très particuliers: Jarud, le nain, bouffon mais a l'oeil et à l'esprit acérés; Optany, le "Papa" de la garde des Ronces parfois sec et méfiant, mais loyal et juste; Guyarson, l'Intendant, qui se soucie de Kassis comme de sa propre fille et qui tâche d'utiliser son esprit affûté pour servir au mieux les intérêts de la ville d'Alerssen, et bien d'autres.
Outre les deux frères et les habitants d'Alerssen et du château des Ronces, Oliver Peru met en scène, au travers de divers points de vue entrecroisés, beaucoup d'autres personnages très complexes, avec lesquels on ne sait pas toujours sur quel pied danser, tels que Karmalys, le roi du Reycorax, qui inspire du dégout, de la répugnance, mais aussi souvent de la pitié, voire de la compassion. Il s'agit d'un fin stratège, sans scrupule, prêt à employer des moyens atroces pour asseoir son pouvoir, mais qui nous dévoile aussi un homme torturé, prisonnier d'un corps hideux et d'une couronne dont il n'a jamais voulu. Dans son entourage, Opimer, surnommé le Père Carnage est également un personnage que l'on hésite à apprécier ou détester. Craint et haï de tous, non sans raison, il fait néanmoins preuve d'un dévouement presque aveugle, et il plane autour de lui des questions dont on n'a pas encore toutes les réponses. Ou encore Cavall, le chef de la révolte lirander, prêt à tout pour faire triompher les hommes de l'ouest, mais qui cache un secret et une faiblesse qui le rendent malgré tout assez touchant.
Tous ces personnages ont une véritable complexité, ils ne sont jamais tout blanc ou tout noir, mais toujours dans une nuance qui déstabilise un peu, y compris les héros, et c'est ce qui les rend intéressants. Il y a des rapports de force, des motivations plus ou moins troubles, plus ou moins honorables, mais toujours expliquées par des sentiments très humains, et pour certains, comme pour Karmalys ou Opimer, on ignore si l'intention de l'auteur est de nous les rendre antipathique ou non, car on peut difficilement les détester en bloc ou les apprécier franchement, compte tenu de ce qu'ils sont ou de ce qu'ils ont fait. Oliver Peru nous dépeint des personnages qui ne sont pas irréprochables, mais font du mieux qu'ils peuvent en accord avec leur caractère et en fonction de leurs moyens ce qui les rend incroyablement tangibles et crédibles.
Plusieurs intrigues s'entrecroisent au début, et semblent assez éloignées les unes des autres: la révolte lirander, la quête des deux frères Lancefall, le sort de la dame des Ronces et les manoeuvres de Karmalys pour maintenir son pouvoir sur le Reycorax. Mais tous ces différents fils narratifs finissent par converger, autour d'Alerssen, la cité souveraine au centre du royaume, qui devient rapidement un élément stratégique pour tous ces personnages.
En prenant le temps de poser son intrigue, Oliver Peru nous y immerge avec d'autant plus d'efficacité, passant régulièrement d'un point de vue à l'autre, ménageant le suspense, posant parfois plus de questions qu'il n'apporte de réponses, tout en semant de temps à autres des indices et des pistes. Les éléments du passé ou des plans de certains personnages sont distillés par touches tout au long du récit dans un rythme assez soutenu, qui s'accélère encore dans les derniers chapitres.
Signalons enfin qu'Oliver Peru n'est tendre ni avec ses personnages ni avec son lecteur. Le rebondissement final m'a prise complètement au dépourvu, et en tournant la dernière page, j'avais tout simplement envie de crier de frustration! Je pense que c'est clair, Oliver Peru m'a conquise, une fois encore, plus même qu'avec Druide et je trépigne déjà en attendant le tome 2, pour savoir comment il va se dépêtrer de toutes les questions qu'il a posées à la fin de ce premier tome.
Si malgré mon excellente impression d'ensemble, j'avais eu une dernière petite réserve sur Druide, dans lequel il m'avait manqué un chouïa de quelque chose pour en arriver au coup de coeur, ici, ce chouïa est bien présent, et même davantage. On sent ici que l'on a affaire à un univers plus maîtrisé et plus dense que dans Druide, où le côté one-shot donnait parfois l'impression d'une faiblesse dans la construction du décor (le rythme assez soutenu de l'intrigue obligeant à se concentrer sur des aspects plus directement liés au récit, au détriment peut-être de la cohérence globale de l'univers). Ici, Oliver Peru prend plus de temps pour poser son décor, son intrigue, présenter les personnages et leurs relations, et même si l'on met du coup un peu plus de temps à plonger dans l'action, j'ai trouvé que cela rendait du même coup l'univers plus immersif.
Il nous présente ainsi toute une galerie de personnages auxquels on s'attache très vite: Helbrand et Irmine naturellement, dont la relation fraternelle est très touchante, le statut d'Arserker et d'assassins fascinant, mais même si ce sont des personnages centraux du récit, ils ne sont pas les seuls sur le devant de la scène. On rencontre très vite Kassis, la jeune dame des Ronces, enfermée dans son château, qui maudit sa prison et rêve d'en sortir par tous les moyens, ainsi que son entourage, également fait de personnages très particuliers: Jarud, le nain, bouffon mais a l'oeil et à l'esprit acérés; Optany, le "Papa" de la garde des Ronces parfois sec et méfiant, mais loyal et juste; Guyarson, l'Intendant, qui se soucie de Kassis comme de sa propre fille et qui tâche d'utiliser son esprit affûté pour servir au mieux les intérêts de la ville d'Alerssen, et bien d'autres.
Outre les deux frères et les habitants d'Alerssen et du château des Ronces, Oliver Peru met en scène, au travers de divers points de vue entrecroisés, beaucoup d'autres personnages très complexes, avec lesquels on ne sait pas toujours sur quel pied danser, tels que Karmalys, le roi du Reycorax, qui inspire du dégout, de la répugnance, mais aussi souvent de la pitié, voire de la compassion. Il s'agit d'un fin stratège, sans scrupule, prêt à employer des moyens atroces pour asseoir son pouvoir, mais qui nous dévoile aussi un homme torturé, prisonnier d'un corps hideux et d'une couronne dont il n'a jamais voulu. Dans son entourage, Opimer, surnommé le Père Carnage est également un personnage que l'on hésite à apprécier ou détester. Craint et haï de tous, non sans raison, il fait néanmoins preuve d'un dévouement presque aveugle, et il plane autour de lui des questions dont on n'a pas encore toutes les réponses. Ou encore Cavall, le chef de la révolte lirander, prêt à tout pour faire triompher les hommes de l'ouest, mais qui cache un secret et une faiblesse qui le rendent malgré tout assez touchant.
Tous ces personnages ont une véritable complexité, ils ne sont jamais tout blanc ou tout noir, mais toujours dans une nuance qui déstabilise un peu, y compris les héros, et c'est ce qui les rend intéressants. Il y a des rapports de force, des motivations plus ou moins troubles, plus ou moins honorables, mais toujours expliquées par des sentiments très humains, et pour certains, comme pour Karmalys ou Opimer, on ignore si l'intention de l'auteur est de nous les rendre antipathique ou non, car on peut difficilement les détester en bloc ou les apprécier franchement, compte tenu de ce qu'ils sont ou de ce qu'ils ont fait. Oliver Peru nous dépeint des personnages qui ne sont pas irréprochables, mais font du mieux qu'ils peuvent en accord avec leur caractère et en fonction de leurs moyens ce qui les rend incroyablement tangibles et crédibles.
Plusieurs intrigues s'entrecroisent au début, et semblent assez éloignées les unes des autres: la révolte lirander, la quête des deux frères Lancefall, le sort de la dame des Ronces et les manoeuvres de Karmalys pour maintenir son pouvoir sur le Reycorax. Mais tous ces différents fils narratifs finissent par converger, autour d'Alerssen, la cité souveraine au centre du royaume, qui devient rapidement un élément stratégique pour tous ces personnages.
En prenant le temps de poser son intrigue, Oliver Peru nous y immerge avec d'autant plus d'efficacité, passant régulièrement d'un point de vue à l'autre, ménageant le suspense, posant parfois plus de questions qu'il n'apporte de réponses, tout en semant de temps à autres des indices et des pistes. Les éléments du passé ou des plans de certains personnages sont distillés par touches tout au long du récit dans un rythme assez soutenu, qui s'accélère encore dans les derniers chapitres.
Signalons enfin qu'Oliver Peru n'est tendre ni avec ses personnages ni avec son lecteur. Le rebondissement final m'a prise complètement au dépourvu, et en tournant la dernière page, j'avais tout simplement envie de crier de frustration! Je pense que c'est clair, Oliver Peru m'a conquise, une fois encore, plus même qu'avec Druide et je trépigne déjà en attendant le tome 2, pour savoir comment il va se dépêtrer de toutes les questions qu'il a posées à la fin de ce premier tome.
Un livre lu dans le cadre du challenge ABC Littératures de l'Imaginaire.
Très belle chronique ! Contente de voir que tu as aimé (et plus encore que Druide^^)
RépondreSupprimerVi, le côté one-shot de Druide m'avait un peu frustrée, parce que finalement il y avait encore beaucoup de choses à explorer dans cet univers. Mais apparemment, Oliver Peru ne s'interdit pas d'y revenir un jour ou l'autre, donc je demande à voir ^^!
SupprimerJe frustre avec toi ! Je commencerai les hauts-conteurs avant de me mettre à martyrs ^^
RépondreSupprimerDans Druide aussi les personnages ne sont pas toujours tout blanc ou tout noir (je pense à Jarekson notamment). ça rend les personnages plus intéressants :)
Les Hauts-Conteurs, ce n'est pas le même genre, c'est beaucoup plus jeunesse (mais fort chouette quand même, hein =p). Vi, j'ai bien aimé ça dans les deux romans, cette complexité des personnages, mais je trouve que c'est encore plus frappant dans Martyrs, il y a plusieurs personnages sur lesquels on se pose énormément de questions et pour lesquels on oscille sans arrêt entre dégout et sympathie. Ca m'a surtout frappée pour Opimer et Karmalys, et même si je n'ai pas vraiment eu le même genre d'attachement viscéral que j'avais eu pour Jarekson, j'ai quand même été particulièrement fascinée par ces deux personnages. J'ai hâte de savoir ce que l'auteur nous réserve dans la suite!
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