"Three Rings for the Elven-kings under the sky,
Seven for the Dwarf-lords in their halls of stone,
Nine for Mortal Men doomed to die,
One for the Dark Lord on his dark throne
In the Land of Mordor where the Shadows lie.
One Ring to rule them all, One Ring to find them,
One Ring to bring them all and in the darkness bind them
In the Land of Mordor where the Shadows lie."
[J.R.R. Tolkien - The Lord of The Rings]
Lorsque le Hobbit Frodo Baggins découvre que l'anneau d'or hérité de son oncle Bilbo n'est autre que le légendaire Anneau de Pouvoir, l'Anneau Unique forgé par le seigneur maléfique Sauron, qui tient à le récupérer par tous les moyens, il n'a d'autre choix que de quitter la Comté où il vivait en paix, avec son jardiner Samwise, et ses deux jeunes cousins Peregrin et Meriadoc. Mais déjà une poursuite s'est engagée derrière les Hobbits, et ils auront besoin de toute l'aide du Rôdeur Aragorn, du magicien Gandalf, du seigneur Elfe Elrond, et de tous les Peuples Libres de la Terre du Milieu pour mener à bien une mission périlleuse, et désespérée: détruire l'Anneau afin d'empêcher Sauron de recouvrer tout son pouvoir et asservir la Terre du Milieu.
Ah la la... j'ai mis du temps à me décider à écrire cette chronique et pour cause! Ce n'est rien moins que ma Bible dont je vais parler là, et je n'ai pas envie d'en dire n'importe quoi. D'abord je préviens que je n'ai aucune intention d'être objective ici: j'adore ce livre, je dois bien en être à ma huitième relecture, c'est un univers dans lequel j'aime m'immerger complètement et j'ai beaucoup de mal à le regarder avec un œil critique. Pour moi, Le Seigneur des Anneaux, c'est tout simplement LE livre. A la première lecture (j'avais 13 ans) j'avais dévoré les trois tomes en une semaine, et après avoir refermé le tome 3 (en larmes) j'avais aussitôt recommencé le premier tome sans même faire de pause. C'était donc, cette fois-ci, ma première lecture en VO, qui m'a encore plus ravie que la traduction française! (une traduction sur laquelle j'ai d'ailleurs quelques mots à dire, mais j'y reviendrai)
Evidemment, je sais bien que la première chose à laquelle beaucoup de gens pensent lorsqu'on leur parle de Tolkien c'est : trop long, trop de descriptions, pas assez d'action, une lecture laborieuse dans l'ensemble (autant de choses qui me font bondir, mais je suis fan de Tolkien depuis tellement longtemps que je ne les ressens pas... ou plus, parce que je ne me rappelle pas les avoir ressenties du tout, en fait. Mais là, c'est une question de sensibilité personnelle.). Personnellement, je trouve que la précision du style de Tolkien ne ralentit pas vraiment la lecture, tant son souci du détail est fascinant, son univers rigoureux et cohérent. Par ailleurs, j'ai trouvé beaucoup moins de lourdeur dans le style en VO que dans la traduction française.
La seule traduction disponible apparemment, est celle de Francis Ledoux, qui a été publiée pour la première fois en 1972. Si pour les premières lectures elle ne me dérangeait pas pour l'essentiel, elle laisse toutefois subsister bon nombre d'incohérences et de coquilles, quand la traduction n'est pas tout simplement fautive. Entre des paragraphes perdus en cours de route (un peu gênant quand ça arrive en plein milieu d'un dialogue...) des phrases traduites très lourdement voire sans aucun sens, alors que la version anglaise est pourtant tout à fait claire, des noms tantôt traduits, tantôt laissés tels quels qui créent une confusion chez le lecteur... même si cela ne nuit pas dans l'ensemble à la compréhension générale du roman , c'est tout de même parfois très agaçant, et on se rend compte à la lecture en VO que certaines phrases qui nous paraissaient obscures ou hors de propos dans la version française ne l'étaient que parce que le passage avait été traduit de travers. Cela fait parfois passer à la trappe, d'ailleurs, plusieurs phrases assez amusantes, qui apportent une petite touche d'humour et de légèreté dans des moments où ils se font de plus en plus rares.
Certes la langue est un peu archaïsante (mais beaucoup moins que dans le Silmarillion, et elle est beaucoup plus fluide) et il est vrai que ce ne sont pas les dialogues qui ont la part la plus importante. Certaines répliques de personnages prennent d'ailleurs parfois l'allure de véritables narrations. Mais si Tolkien accorde une belle place dans son œuvre aux descriptions, je trouve inexact de dire qu'elles occupent la majeure partie du texte. Je parlerais plutôt pour ma part de narration détaillée, ce que je trouve très différent. Même s'il trouve le moyen de décrire son univers de façon très précise, Tolkien le dilue néanmoins dans une narration qui, à mon sens, ne manque la plupart du temps pas de rythme, même dans les moments les plus paisibles, qui prennent alors une tournure plus lyrique et poétique.
Pour moi, Tolkien sait créer dans son récit, précisément par tout le détail de sa narration, une atmosphère dans laquelle on se laisse happer malgré tout. Son style un peu archaïsant a parfois un goût de récit d'historien antique, qui raconterait de façon romancée des événements bien réels. Le Seigneur des Anneaux me donne parfois cette impression, notamment grâce au soin apporté par Tolkien au détail de son univers, mais également par la caractérisation de ses personnages, qui ont beau être la plupart du temps clairement du côté des bons ou du côté des méchants, ne sont pas pour autant caricaturaux. Ils ressemblent plutôt aux personnages des récits héroïques, qui se battent pour un idéal, avec leurs forces et leurs faiblesses, car même les meilleurs sont susceptibles de faire de mauvais choix et certains des personnages les plus méprisables ne semblent pas pour autant au delà de toute rédemption.
Le style un peu vieillot de Tolkien donne aussi parfois l'impression d'une histoire que l'on pourrait raconter à la veillée au coin du feu. Par ailleurs, il sait également apporter au texte des nuances qui contribuent également à l'instauration d'une atmosphère. L'air n'est pas le même dans la Comté, chez les Hobbits insouciants, dans le Rohan, chez les Seigneurs des chevaux, ou dans la Cité Blanche chez les nobles hommes du Gondor. Les personnages ne sont pas les mêmes, les croyances ne sont pas les mêmes non plus, et cela se ressent dans le style employé, dans le parler des personnages, dans les noms des lieux ou des hommes. Bref, on voyage énormément dans le Seigneur des Anneaux, et le style assez nuancé de Tolkien n'est pas étranger à cette impression.
D'autre part, il sait également nous donner constamment l'impression que le récit fait partie d'un monde bien plus vaste: en évoquant des événements qui se sont produits bien avant le début de l'histoire (dont certains acteurs ou leurs descendants sont encore vivants, ce qui ancre ces faits passés dans le récit que nous raconte Tolkien) mais aussi en passant sous silence certains aspects assez mystérieux du récit, ou en évoquant à demi-mots des légendes oubliées ou des parties de l'histoire de certains personnages qui n'ont pas d'importance dans le roman en lui-même, mais qui apportent en filigrane un éclairage à certaines de leur déclarations parfois obscures (on comprend mieux par exemple les chansons de Galadriel lorsque l'on connaît son histoire telle qu'elle est relatée dans le Silmarillion, ou encore les allusions de Gandalf à propos de l'origine de Saroumane, de Sauron, ou même de la sienne propre...). Cela apporte au récit une profondeur principalement liée au fait que Le Seigneur des Anneaux ne se suffit pas à lui même. Il fait partie d'un ensemble très complexe et inépuisable, qui en fait toute la richesse.
En bref, je pense pour ma part que si Tolkien a été souvent imité, il n'a pourtant jamais été égalé. Si ce sont ses écrits, principalement, qui ont posé les bases de la fantasy telle que l'on la connaît aujourd'hui, si l'on sent chez de nombreux auteurs de fantasy la trace de l'influence de Tolkien, et même si les standards tirés de son oeuvre sont aujourd'hui devenus des classiques de la fantasy, au point que le grand exploit des auteurs est aujourd'hui de s'en détacher aussi entièrement que possible, l'oeuvre de Tolkien en elle-même a toujours la même richesse, et pour avoir été le modèle de beaucoup d'autres, n'en a pas pour autant perdu sa singularité. L'univers de Tolkien a toujours une saveur très particulière que l'on ne retrouve chez aucun de ses imitateurs, et qui rend chaque relecture de son œuvre plus plaisante, et toujours aussi pleine de surprises, que la précédente.
Evidemment, je sais bien que la première chose à laquelle beaucoup de gens pensent lorsqu'on leur parle de Tolkien c'est : trop long, trop de descriptions, pas assez d'action, une lecture laborieuse dans l'ensemble (autant de choses qui me font bondir, mais je suis fan de Tolkien depuis tellement longtemps que je ne les ressens pas... ou plus, parce que je ne me rappelle pas les avoir ressenties du tout, en fait. Mais là, c'est une question de sensibilité personnelle.). Personnellement, je trouve que la précision du style de Tolkien ne ralentit pas vraiment la lecture, tant son souci du détail est fascinant, son univers rigoureux et cohérent. Par ailleurs, j'ai trouvé beaucoup moins de lourdeur dans le style en VO que dans la traduction française.
La seule traduction disponible apparemment, est celle de Francis Ledoux, qui a été publiée pour la première fois en 1972. Si pour les premières lectures elle ne me dérangeait pas pour l'essentiel, elle laisse toutefois subsister bon nombre d'incohérences et de coquilles, quand la traduction n'est pas tout simplement fautive. Entre des paragraphes perdus en cours de route (un peu gênant quand ça arrive en plein milieu d'un dialogue...) des phrases traduites très lourdement voire sans aucun sens, alors que la version anglaise est pourtant tout à fait claire, des noms tantôt traduits, tantôt laissés tels quels qui créent une confusion chez le lecteur... même si cela ne nuit pas dans l'ensemble à la compréhension générale du roman , c'est tout de même parfois très agaçant, et on se rend compte à la lecture en VO que certaines phrases qui nous paraissaient obscures ou hors de propos dans la version française ne l'étaient que parce que le passage avait été traduit de travers. Cela fait parfois passer à la trappe, d'ailleurs, plusieurs phrases assez amusantes, qui apportent une petite touche d'humour et de légèreté dans des moments où ils se font de plus en plus rares.
Certes la langue est un peu archaïsante (mais beaucoup moins que dans le Silmarillion, et elle est beaucoup plus fluide) et il est vrai que ce ne sont pas les dialogues qui ont la part la plus importante. Certaines répliques de personnages prennent d'ailleurs parfois l'allure de véritables narrations. Mais si Tolkien accorde une belle place dans son œuvre aux descriptions, je trouve inexact de dire qu'elles occupent la majeure partie du texte. Je parlerais plutôt pour ma part de narration détaillée, ce que je trouve très différent. Même s'il trouve le moyen de décrire son univers de façon très précise, Tolkien le dilue néanmoins dans une narration qui, à mon sens, ne manque la plupart du temps pas de rythme, même dans les moments les plus paisibles, qui prennent alors une tournure plus lyrique et poétique.
Pour moi, Tolkien sait créer dans son récit, précisément par tout le détail de sa narration, une atmosphère dans laquelle on se laisse happer malgré tout. Son style un peu archaïsant a parfois un goût de récit d'historien antique, qui raconterait de façon romancée des événements bien réels. Le Seigneur des Anneaux me donne parfois cette impression, notamment grâce au soin apporté par Tolkien au détail de son univers, mais également par la caractérisation de ses personnages, qui ont beau être la plupart du temps clairement du côté des bons ou du côté des méchants, ne sont pas pour autant caricaturaux. Ils ressemblent plutôt aux personnages des récits héroïques, qui se battent pour un idéal, avec leurs forces et leurs faiblesses, car même les meilleurs sont susceptibles de faire de mauvais choix et certains des personnages les plus méprisables ne semblent pas pour autant au delà de toute rédemption.
Le style un peu vieillot de Tolkien donne aussi parfois l'impression d'une histoire que l'on pourrait raconter à la veillée au coin du feu. Par ailleurs, il sait également apporter au texte des nuances qui contribuent également à l'instauration d'une atmosphère. L'air n'est pas le même dans la Comté, chez les Hobbits insouciants, dans le Rohan, chez les Seigneurs des chevaux, ou dans la Cité Blanche chez les nobles hommes du Gondor. Les personnages ne sont pas les mêmes, les croyances ne sont pas les mêmes non plus, et cela se ressent dans le style employé, dans le parler des personnages, dans les noms des lieux ou des hommes. Bref, on voyage énormément dans le Seigneur des Anneaux, et le style assez nuancé de Tolkien n'est pas étranger à cette impression.
D'autre part, il sait également nous donner constamment l'impression que le récit fait partie d'un monde bien plus vaste: en évoquant des événements qui se sont produits bien avant le début de l'histoire (dont certains acteurs ou leurs descendants sont encore vivants, ce qui ancre ces faits passés dans le récit que nous raconte Tolkien) mais aussi en passant sous silence certains aspects assez mystérieux du récit, ou en évoquant à demi-mots des légendes oubliées ou des parties de l'histoire de certains personnages qui n'ont pas d'importance dans le roman en lui-même, mais qui apportent en filigrane un éclairage à certaines de leur déclarations parfois obscures (on comprend mieux par exemple les chansons de Galadriel lorsque l'on connaît son histoire telle qu'elle est relatée dans le Silmarillion, ou encore les allusions de Gandalf à propos de l'origine de Saroumane, de Sauron, ou même de la sienne propre...). Cela apporte au récit une profondeur principalement liée au fait que Le Seigneur des Anneaux ne se suffit pas à lui même. Il fait partie d'un ensemble très complexe et inépuisable, qui en fait toute la richesse.
En bref, je pense pour ma part que si Tolkien a été souvent imité, il n'a pourtant jamais été égalé. Si ce sont ses écrits, principalement, qui ont posé les bases de la fantasy telle que l'on la connaît aujourd'hui, si l'on sent chez de nombreux auteurs de fantasy la trace de l'influence de Tolkien, et même si les standards tirés de son oeuvre sont aujourd'hui devenus des classiques de la fantasy, au point que le grand exploit des auteurs est aujourd'hui de s'en détacher aussi entièrement que possible, l'oeuvre de Tolkien en elle-même a toujours la même richesse, et pour avoir été le modèle de beaucoup d'autres, n'en a pas pour autant perdu sa singularité. L'univers de Tolkien a toujours une saveur très particulière que l'on ne retrouve chez aucun de ses imitateurs, et qui rend chaque relecture de son œuvre plus plaisante, et toujours aussi pleine de surprises, que la précédente.
Prochainement, une chronique plus détaillée sur:
Ce livre est le deuxième lu dans le cadre du challenge United Kingdom
Et le premier lu dans le cadre du challenge ABC - Littératures de l'Imaginaire
HIIIIIIIIIIIIIIII ça y est elle est arrivée : LA chronique !
RépondreSupprimertrès jolie au demeurant et tu me donnes envie de le lire en VO (gloups).
Je pense quand même que certaines éditions ont dû être corrigées parce que je n'ai pas relevé d'incohérence ou de coquilles dans celle que j'ai à la maison.
Tu as relevé ce qui rend Tolkien inoubliable : la précision, la cohérence et la force de son univers. Une fois immergé dedans, il est presque impossible d'en sortir et le lecteur en veut toujours plus.
Allez moi non plus je ne suis pas objective mais je trouve ton article bien argumenté.
Contente que ma chronique suscite un tel enthousiasme :D (je me suis donnée du mal pour pondre quelque chose d'à-peu près cohérent, ça fait plaisir de voir que je n'ai pas totalement raté mon coup :P). Sinon, wi, je pense que les éditions on dû être corrigées depuis la parution de la traduction, mais j'ai relevé par mal d'erreurs qui ne sautent pas forcément aux yeux quand on lit la VF. Mais c'est vrai qu'en ayant le texte original, j'ai remarqué beaucoup de choses qui ne m'avaient pas choquée lors de mes lectures en français, mais qui prennent beaucoup plus de sens (voire un tout autre sens parfois) quand on voit la phrase d'origine... si tu en as l'occasion, n'hésite pas à tenter la VO, je l'ai trouvée quand même relativement accessible, et même souvent plus claire que la VF ^^! Merci de ton commentaire! J'essayerai de faire mes chroniques plus détaillés dès que possible ^^!
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