Les Bannis et les Proscrits, tome 1: Le Feu de la Sor'cière - James Clemens

 

Il y a cinq cent ans, alors que le pays d'Alasea était menacé par des forces terribles, et abandonné de sa magie, un grimoire fut forgé par le sacrifice de trois mages pour tenter de préserver le bien. Cinq cent ans plus tard, jour pour jour, Elena, une adolescente ordinaire, reçoit ce pouvoir immense, sans savoir d'où elle le tient ni dans quel but. Mais un seigneur maléfique qui n'entend pas laisser ce pouvoir lui échapper lance à la poursuite de la jeune fille de redoutables monstres.

Voilà un livre que j'ai lu assez rapidement et sans déplaisir, même s'il n'a finalement pas été le coup de cœur escompté au vu des premières pages, que j'apprécie tout particulièrement. L'avertissement et l'introduction présents au début du livre mettent en effet le récit en place de manière assez originale et laissent espérer que l'ensemble du livre sera du même ordre, ce qui (malheureusement?) n'est pas le cas.

Le livre s'ouvre en effet sur une introduction au ton original, sous la forme d'un avertissement adressé au lecteur, qui assène d'emblée, et de façon catégorique que « l'auteur est un menteur ». L'introduction laisse entendre que l'ouvrage que le lecteur a entre les mains est très particulier, il le fait entrer avec force mises en gardes, dans le cercle très fermé des personnes autorisées à le lire, pour faire prendre conscience du danger qu'il représente. D'emblée, on a l'impression d'entrer dans un lieu étrange où le moindre faux pas peut être fatal. A cela succède ensuite l'introduction d'un narrateur anonyme, expressif et torturé qui replonge dans ses archives et ses souvenirs pour nous conter l'histoire qui le hante. Jusque là, on a la délicieuse impression d'être embarqué dans cet univers et de ne plus pouvoir en ressortir. Mais ensuite, la narration devient beaucoup plus neutre, plus banale, ce qui m'a un peu désappointée au début.

L'histoire, d'abord, est en effet assez classique, dans l'ensemble, et j'ai souvent eu envie de la comparer avec celle de la Belgariade, dont le schéma très attendu m'avait un peu ennuyée. Une fois qu'Elena a reçu ses pouvoirs et qu'elle se sait pourchassée, on assiste à la rencontre de personnages, qui ont chacun leur caractère et leurs particularité mais rien de très inattendu, et qui doivent se rassembler bon gré mal gré pour mener à bien une quête. On s'attarde assez peu sur les personnages eux-même: la priorité est donnée à l'action, et les personnages sont assez nombreux, ce qui fait que l'on passe assez vite sur les uns et les autres. Elena, particulièrement, malgré son rôle central dans l'intrigue, est encore assez effacée, et ne m'a pas particulièrement frappée dans ce tome.

Malgré tout, et c'est le gros bon point du livre, les personnages sont tout de même assez attachants, même s'ils sont au début assez peu creusés, car on les perçoit surtout à travers leurs actions, et ils apparaissent rarement tout blancs ou tout noirs. Au début, cette hésitation ressemble plus à une neutralité qu'à une véritable ambiguïté de caractère. Pour l'instant, certains personnages sont potentiellement aussi susceptible de passer du côté obscur que de se battre pour la bonne cause, mais pour certains ce n'est pas encore vraiment défini. J'ai trouvé à ce titre les Si'lura particulièrement intéressants, car Mogweed, s'il est lâche, opportuniste et influençable ne semble pas malgré tout fondamentalement méchant, et reste donc très imprévisible. Quant à son frère, il est également très énigmatique, puisque sous sa forme de loup, ses pensées et son caractère restent relativement inaccessibles.

J'ai apprécié aussi la manière dont, tout au long du récit, le passé d'Alasea ressurgit peu à peu dans le présent, ce qui permet de faire sentir que le monde est en pleine transformation et de poser également d'emblée la place d'Elena et de son héritage légendaire, et le rôle qu'elle aura dans l'avenir ainsi que son importance dans les évènements. Mais elle reste dans ce premier tome un peu fragile. Peu à peu, elle passe de la peur et l'incompréhension de ses pouvoirs au refus catégorique puis finalement à l'acceptation. L'ambiguïté de ces mêmes pouvoirs lui fait gagner en épaisseur, puisqu'ils la rendent capable du pire comme du meilleur et exercent malgré tout sur elle une fascination qu'elle ne parvient pas toujours à contrôler. Mais encore une fois, cela n'est qu'esquissé à la fin du livre, donc je suppose, et j'espère, que ce sera un peu plus développé par la suite.

Pour finir, c'est une découverte plutôt agréable, et j'ai dévoré les pages sans arrière-pensée, même si finalement, une fois la dernière page tournée, je n'ai pas eu de mal à passer à autre chose. Même si je n'ai pas forcément trouvé dans ce premier tome tout ce que j'en attendais, la fin et les personnages attachants, ainsi que les divers avis qui m'assurent que la suite est bien plus intéressante, m'encouragent malgré tout à poursuivre avec le tome 2.

Dix-huitième livre lu dans le cadre du Baby-challenge Fantasy