jeudi 12 juillet 2012

Les Enchantements d'Ambremer - Pierre Pevel


Paris 1909. La capitale française et l'OutreMonde ne sont pas si distants qu'ils en ont l'air. Une ligne ferroviaire relie les deux mondes, la Tour Eiffel est faite de bois enchanté, et croiser gnomes, sirènes, et autres créatures merveilleuses est monnaie courante. C'est là que Louis Denizart Hippolyte Griffont, magicien de son état, se trouve mêlé, à partir d'un trafic d'objets enchantés, à une affaire de meurtres de toute évidence d'origine magique.

C'est encore une fois avec plaisir que j'ai retrouvé la plume de Pierre Pevel, après avoir été charmée par les Lames du Cardinal, puis complètement conquise par la trilogie de Wielstadt. Encore une fois il mêle avec brio dans cet ouvrage réalité historique et fantasy, pour nous offrir un univers et des personnages hauts en couleurs que l'on suit avec plaisir tout au long du roman.

De ce que j'ai lu de cet auteur, c'est pour l'instant l'oeuvre où la magie et le merveilleux ont la place la plus importante, en tout cas dans tout ce qu'ils ont d'enchanteur. Dans les Lames ou Wielstadt, le fantastique était essentiellement saupoudré sur la réalité historique, et malgré la présence des créatures magiques ou mythologiques, l'atmosphère me semblait moins baigner dans une magie constante. Ici, on se trouve dans un Paris complètement alternatif dont le décor est magnifiquement planté dès le prologue, qui nous fait entrer d'emblée dans un univers où le merveilleux est monnaie courante, et où ses manifestations sautent aux yeux à peu près partout. (j'ai noté avec amusement que les dragons ressemblent déjà d'ailleurs à ceux des Lames, avec la présence des dragonnets, les dragons à forme humaine aux yeux reptiliens...)

La grande force de ce roman réside surtout dans ses personnages, que Pierre Pevel parvient à rendre terriblement attachants, à commencer par les quelques créatures magiques de son invention qu'il dote de caractéristiques (et de caractères) fort sympathiques: j'ai vraiment eu un coup de cœur pour Azincourt le chat-ailé (avec son accent d'Oxford ^^) et Balthazar, le chêne savant. D'autre part, on croise çà et là quelques figures historiques ou littéraires que le personnage principal, Griffont est amené à rencontrer, comme Lord Dunsany ou Georges Meliès (personnages qui s'avèrent en réalité être des magiciens - comme quoi l'Histoire nous a caché des choses =p)..

Enfin, les personnages principaux sont tout aussi sympathiques à commencer par Griffont lui-même, le magicien distingué et un peu tête en l'air, mais aussi la téméraire Isabel de Saint-Gil, un personnage féminin d'une incroyable présence, pour laquelle j'ai tout simplement craqué. C'est d'ailleurs assez drôle de la voir mener Griffont à la baguette, quand l'envie lui en prend. J'ai trouvé la relation entre ces deux personnages très touchante, sans pour autant tomber dans la mièvrerie facile. La baronne de saint-Gil est par ailleurs flanquée d'un duo que j'ai beaucoup aimé, parce qu'ils sont assez drôles: le gnome Lucien Labricole et Auguste Magne. Même les personnages que l'on ne fait que croiser prennent forme et substance en l'espace de quelques mots avant de disparaître. C'est vraiment une des raisons principales qui font que ce roman est extrêmement immersif. En revanche, je me suis tellement attachée à Isabel de Saint-Gil que j'ai été un peu frustrée de ne pas avoir le fin mot de l'histoire à son sujet dans ce premier tome.

Comme toujours, la plume de monsieur Pevel, tout en étant élégante et bien tournée, ne manque pas d'humour, aussi bien dans la caractérisation de ses personnages que dans les dialogues, mais parvient malgré tout à donner toute la gravité voulue à une situation dramatique ou à peindre en quelques coups de plume nets et précis des scènes d'action haletantes. L'intrigue met un petit moment à s'installer, mais une fois qu'elle est lancée, c'est un vrai régal. Mon seul petit regret vient de la fin que j'ai trouvée un peu trop rapide, mais en dehors de cela, j'ai été captivée tout au long du roman.

Bref, encore une fois un roman qui, pour être assez court, n'en est pas moins passionnant, servi par une très jolie plume vive et pleine d'humour, des personnages charismatiques et attachants, et une intrigue sans temps mort, malgré une fin un peu rapide, et quelques questions qui restent en suspens. J'espère pouvoir me procurer le tome 2 (qui est introuvable ou alors en occasion à des prix complètement délirants!) afin de retrouver cet univers et ses personnages qui m'ont beaucoup plu..

une lecture qui compte pour le Baby-challenge Fantasy :D!


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