En 1979, un jour, les poulets se sont réveillés, et ont petit à petit commencé à cohabiter avec les humains. Tant bien que mal, car le ressentiment des uns et des autres continue de laisser subsister des tensions entre poulets et humains. Jake est un de ces coqs en colère qui n'arrivent pas à pardonner aux hommes ce qu'ils ont fait à son espèce par le passé. Jusqu'au jour où son père, Elmer, lui lègue son journal. Un journal où il lui décrit sa prise de conscience, et la lutte de la première génération de ces poulets qui ont dû apprendre à cohabiter avec les humains.
Tout d'abord, je dois bien avouer que ce genre de BD pour adultes ne m'attire pas particulièrement en général, et que, sortie de Tintin, Astérix, et Iznogoud, je n'y connais pas grand chose. C'est donc complètement par hasard que je me suis retrouvée, au dernier Tea-Time Book Show, avec ce livre entre les mains, et des recommandations enthousiastes de Plumeline. Et je remercie Plumeline de me l'avoir prêté et d'avoir attisé ma curiosité car j'ai été captivée par cette histoire, et je n'ai pas pu lâcher le livre avant d'avoir tourné la dernière page.
D'abord, j'ai été un peu déstabilisée, par les dessins très sombres, le langage très cru, et surtout par le sujet abordé. Cette histoire de poulets me laissait assez perplexe, et je trouvais en même temps assez original de la part de l'auteur d'être parti sur une trame aussi étonnante. Ce qu'il fait avec un certain brio, car on s'attache très rapidement aux personnages, aussi bien gallinacés qu'humains, et on entre très rapidement dans le récit de la vie de ces poulets qui vivent en relative harmonie avec les humains (relative car ce n'est pas toujours facile.)
Le thème de la différence et de l'intolérance est abordé de plein fouet et d'autant plus sensible qu'il n'est pas difficile pour le lecteur lui-même de se mettre à la place des humains qui sont obligés, d'un coup d'un seul, de fraterniser avec des animaux qui leurs servent habituellement de repas. Difficile d'accepter de se mettre sur un pied d'égalité avec ces volatiles que l'on a littéralement pendant des siècles réduits en esclavage (car c'est un peu une analogie avec l'esclavage qui m'est venue à l'esprit, à cause finalement de l'incapacité à reconnaître l'autre comme un être humain, et ce qui en découle: le pouvoir de vie et de mort sur lui, de le traiter comme une marchandise dénuée de sentiments). On ne peut s'empêcher de se demander quelle serait notre réaction dans un cas pareil, et, autant être honnête, elle ne serait pas forcément très rationnelle, ni très louable.
C'est d'autant plus déroutant que la famille Gallo nous est sympathique, et que tout en comprenant que les hommes aient du mal à accepter de cohabiter avec les poulets, on s'indigne quand même des massacres de gallinacés qui sont perpétrés avec une violence hors du commun. C'est une véritable guerre qui se met peu à peu en marche, avec de la part des poulets une revendication d'indépendance parfois sanglante, et la mise en place d'un front de libération qui lutte pour l'obtention de véritables droits. Si cette situation semble surréaliste dans le récit, elle nous en rappelle fortement d'autres qui sont historiquement bien réelles, et c'est d'autant plus effrayant.
Mais si certains aspects de ce livre sont très déroutants, voire dérangeants, et si la lutte entre les deux espèces est violente, l'histoire n'est cependant pas dénuée d'une certaine tendresse, qui se retrouve dans le personnage d'Elmer, un poulet qui, du fait de sa propre amitié avec un être humain, marche plutôt dans le sens d'une revendication pacifique, et essaye de le faire comprendre à son fils, alors que ce dernier est plein de ressentiment à l'égard des humains. Il y a une sorte de compréhension progressive de la part de Jake, dans ce dialogue posthume avec son père, qui est très touchante, avec une certaine note d'optimisme pour le futur des deux espèces qui doivent maintenant apprendre à vivre ensemble sur un pied d'égalité.
Bref, au début un peu sceptique, j'ai été agréablement surprise par cette lecture, qui a été très rapide, mais malgré tout assez marquante. Même si j'ai trouvé le sujet assez déroutant, l'histoire est prenante, les personnages attachants, et malgré le côté fantastique de la trame de fond, elle pose tout de même des questions sur la tolérance et la différence qui sont bien réelles. Encore merci à Plumeline pour cette belle découverte!
D'abord, j'ai été un peu déstabilisée, par les dessins très sombres, le langage très cru, et surtout par le sujet abordé. Cette histoire de poulets me laissait assez perplexe, et je trouvais en même temps assez original de la part de l'auteur d'être parti sur une trame aussi étonnante. Ce qu'il fait avec un certain brio, car on s'attache très rapidement aux personnages, aussi bien gallinacés qu'humains, et on entre très rapidement dans le récit de la vie de ces poulets qui vivent en relative harmonie avec les humains (relative car ce n'est pas toujours facile.)
Le thème de la différence et de l'intolérance est abordé de plein fouet et d'autant plus sensible qu'il n'est pas difficile pour le lecteur lui-même de se mettre à la place des humains qui sont obligés, d'un coup d'un seul, de fraterniser avec des animaux qui leurs servent habituellement de repas. Difficile d'accepter de se mettre sur un pied d'égalité avec ces volatiles que l'on a littéralement pendant des siècles réduits en esclavage (car c'est un peu une analogie avec l'esclavage qui m'est venue à l'esprit, à cause finalement de l'incapacité à reconnaître l'autre comme un être humain, et ce qui en découle: le pouvoir de vie et de mort sur lui, de le traiter comme une marchandise dénuée de sentiments). On ne peut s'empêcher de se demander quelle serait notre réaction dans un cas pareil, et, autant être honnête, elle ne serait pas forcément très rationnelle, ni très louable.
C'est d'autant plus déroutant que la famille Gallo nous est sympathique, et que tout en comprenant que les hommes aient du mal à accepter de cohabiter avec les poulets, on s'indigne quand même des massacres de gallinacés qui sont perpétrés avec une violence hors du commun. C'est une véritable guerre qui se met peu à peu en marche, avec de la part des poulets une revendication d'indépendance parfois sanglante, et la mise en place d'un front de libération qui lutte pour l'obtention de véritables droits. Si cette situation semble surréaliste dans le récit, elle nous en rappelle fortement d'autres qui sont historiquement bien réelles, et c'est d'autant plus effrayant.
Mais si certains aspects de ce livre sont très déroutants, voire dérangeants, et si la lutte entre les deux espèces est violente, l'histoire n'est cependant pas dénuée d'une certaine tendresse, qui se retrouve dans le personnage d'Elmer, un poulet qui, du fait de sa propre amitié avec un être humain, marche plutôt dans le sens d'une revendication pacifique, et essaye de le faire comprendre à son fils, alors que ce dernier est plein de ressentiment à l'égard des humains. Il y a une sorte de compréhension progressive de la part de Jake, dans ce dialogue posthume avec son père, qui est très touchante, avec une certaine note d'optimisme pour le futur des deux espèces qui doivent maintenant apprendre à vivre ensemble sur un pied d'égalité.
Bref, au début un peu sceptique, j'ai été agréablement surprise par cette lecture, qui a été très rapide, mais malgré tout assez marquante. Même si j'ai trouvé le sujet assez déroutant, l'histoire est prenante, les personnages attachants, et malgré le côté fantastique de la trame de fond, elle pose tout de même des questions sur la tolérance et la différence qui sont bien réelles. Encore merci à Plumeline pour cette belle découverte!
Ca a l'air... barré! Mais intéressant! Tu me le prêtera?
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