Lorsqu'il est engagé en tant que gardien de l'hôtel Overlook, situé dans les montagnes Rocheuses, Jack Torrance voit dans ce travail une opportunité de renouer avec sa femme et son fils, de tirer un trait sur ses erreurs passées, de finalement terminer le livre qu'il n'a jamais réussi à écrire... un nouveau départ. Mais chaque hôtel a ses fantômes, et l'Overlook ne fait pas exception à la règle. Bientôt, l'hôtel est coupé du monde par la neige, les Torrance se retrouvent livrés à eux mêmes, et sont témoins d'événements étranges et terrifiants. Hallucinations? Présences surnaturelles? Et si l'Overlook n'était pas tout à fait ce qu'il paraît être?
Ce livre a été un de mes tous premiers achetés en VO, il y a des années (et le début d'une longue histoire d'amour entre moi et les bouquineries Oxfam) et il m'aura donc fallu plus de 5 ans pour le faire sortir de ma PAL (merci nanet et son challenge ABC!). La vérité, c'est que malgré quelques bonnes expériences avec Stephen King (La Ligne Verte, notamment, qui a été un véritable coup de cœur, et quelques nouvelles par ci par là), je retenais surtout de son style un côté très lourdement descriptif, une tendance à s'attarder sur des détails qui rendent parfois l'écriture pesante, ce qui m'avait un peu gênée dans Les Yeux du Dragon. Voilà pourquoi j'ai longtemps hésité à lire The Shining. J'aime beaucoup l'adaptation de Kubrick (même si je ne l'ai pas vue très souvent, parce que ça fait peur, quand même...), et j'avais peur que le roman de King ruine un peu le film pour moi si jamais je n'accrochais pas au style (c'est le monde à l'envers!) Heureusement, je me suis trompée, et j'ai finalement pris autant de plaisir à lire ce livre que j'en ai eu à voir le film. Et j'ai eu aussi peur de l'un que de l'autre.
Pour être honnête, il vaut sans doute mieux différencier d'emblée le Shining de Kubrick et celui de Stephen King, car outre les divergences manifestes dans les événements, le sens général du récit et même le caractère des personnages sont totalement différents. Mieux vaut éviter de les comparer, et considérer l'un et l'autre comme deux œuvres à part entière. Les deux visions des choses sont aussi effrayantes l'une que l'autre, et aussi intéressantes dans des registres différents.
Je n'ai pas pu m'empêcher de trouver le début un peu lent, et les divers moments d'introspection des personnages parfois répétitifs. Une situation vue à travers les yeux de Jack, la même situation vue un peu plus tard à travers ceux de Wendy, les mêmes souvenirs qui reviennent sans cesse, qui hantent les personnages... au début cela semble ralentir le récit, mais c'est en réalité un moyen de planter le décor, de mettre en place les leitmotiv qui vont scander tout le récit, les sentiments qui vont se trouver exacerbés par le séjour à l'Overlook, et finalement mener au pire.
Un réel avantage du livre par rapport au film est que les personnages sont réellement attachants, y compris Jack Torrance lui-même (parce qu'il ne faut pas se voiler la face : il est difficile d'éprouver de l'empathie pour Jack Torrance/Nicholson, alors qu'il a déjà naturellement une tête de psychopathe...) Malgré ses sautes d'humeur et ses pertes de contrôle, c'est un personnage réellement touchant, qui tente tant bien que mal de lutter contre ses pulsions, et contre l'influence de l'hôtel par amour pour sa femme et son fils. On a parfois envie de le secouer, on peut trouver qu'il est de mauvaise foi (il a souvent tendance à rejeter sur d'autres la responsabilité de ses propres erreurs), mais malgré tout, on a envie de l'apprécier, de le soutenir, on a envie qu'il résiste jusqu'au bout, et que tout le monde s'en sorte indemne. En dehors de cela, mon personnage préféré reste Hallorann, le cuisinier noir qui explique à Danny ce qu'est le Shining, et qui devient ami si facilement avec le petit garçon. Il apparaît finalement peu, sur l'ensemble du livre, mais il est vraiment très sympathique.
La partie que j'ai préférée est sans doute toute celle du milieu, après que la famille Torrance se retrouve seule à l'Overlook, et avant que tout ne parte complètement en vrille à la fin. La longue partie où il se passe des choses bizarres, particulièrement pour Jack et Danny, et où l'on ne sait pas réellement s'ils sont en train de devenir fous ou s'il se passe réellement des choses surnaturelles. Je félicite donc Stephen King pour avoir réussi à me faire attraper des sueurs froides en me parlant d'une lance à incendie, de buissons taillés ou d'une aire de jeux pour enfants. Tous ces objets et lieux quotidiens, inoffensifs, qui soudains prennent une dimension menaçante, fantastique, peut-être à cause d'une influence surnaturelle, mais peut-être aussi à cause d'un peu trop d'imagination de la part des personnages... c'est difficile à dire. Et c'est là qu'est tout le talent du maître de l'horreur : le roman ne fait jamais aussi peur que lorsqu'il ne se passe rien. Ou plus précisément, lorsque l'on attend qu'il se passe quelque chose, et que finalement on ne sait même pas si des choses bizarres se sont réellement produites ou si tout ne se passe que dans la tête des personnages.
Il y a une particularité dans le style de ce livre qui m'a énervée au début et que j'ai fini par apprécier, car elle gagne en pertinence au fil du texte : ce sont les pensées intempestives entre parenthèse, insérées parfois en plein milieu d'une phrase, qui viennent donner un tout autre sens aux réflexions des personnages, qui s'immiscent dans leur tête, et les titillent. Ce genre de pensées qu'ils ne peuvent s'empêcher d'avoir mais n'osent pas s'avouer. Cela semble un peu artificiel au début, mais dans l’hôtel, où chaque objet, chaque pièce essaye de s'introduire dans l'esprit des personnages et déformer leur façon de penser, ces réflexions inopportunes prennent de plus en plus de force, et la petite voix dans la tête, au départ bien naturelle et inoffensive, devient petit à petit menaçante, étrangère, et de plus en plus effrayante.
La fin m'a beaucoup moins fait peur que le reste du roman, j'entends par là qu'elle ne m'a pas empêchée de dormir, mais les événements s'accélèrent tellement, et d'un seul coup, que l'intérêt est maintenu tout de même, d'une autre façon. Spoiler : Elle fait moins peur parce que l'Overlook montre finalement son vrai visage, et il n'y a plus aucun doute sur le fait que c'est l'hôtel lui-même qui manipule ses occupants. Comme dans les films d'horreur, l'ennemi identifié est tout de suite beaucoup moins effrayant que celui que l'on ne voit jamais.
Bref, je pourrais parler de beaucoup d'autre choses, les pouvoirs de Danny qui se manifestent de plus en plus violemment au cours du récit, le passé de Jack qui se dévoile petit à petit et la manière dont le piège semble se refermer inexorablement autour de la famille Torrance, qui ne s'en aperçoit qu'une fois qu'il est trop tard. Mais ce serait gâcher le suspense du roman, qui est d'une efficacité redoutable. Convaincue par celui ci, malgré mes doutes du départ, j'ai maintenant hâte de lire d'autres romans du même genre de l'auteur.
Pour être honnête, il vaut sans doute mieux différencier d'emblée le Shining de Kubrick et celui de Stephen King, car outre les divergences manifestes dans les événements, le sens général du récit et même le caractère des personnages sont totalement différents. Mieux vaut éviter de les comparer, et considérer l'un et l'autre comme deux œuvres à part entière. Les deux visions des choses sont aussi effrayantes l'une que l'autre, et aussi intéressantes dans des registres différents.
Je n'ai pas pu m'empêcher de trouver le début un peu lent, et les divers moments d'introspection des personnages parfois répétitifs. Une situation vue à travers les yeux de Jack, la même situation vue un peu plus tard à travers ceux de Wendy, les mêmes souvenirs qui reviennent sans cesse, qui hantent les personnages... au début cela semble ralentir le récit, mais c'est en réalité un moyen de planter le décor, de mettre en place les leitmotiv qui vont scander tout le récit, les sentiments qui vont se trouver exacerbés par le séjour à l'Overlook, et finalement mener au pire.
Un réel avantage du livre par rapport au film est que les personnages sont réellement attachants, y compris Jack Torrance lui-même (parce qu'il ne faut pas se voiler la face : il est difficile d'éprouver de l'empathie pour Jack Torrance/Nicholson, alors qu'il a déjà naturellement une tête de psychopathe...) Malgré ses sautes d'humeur et ses pertes de contrôle, c'est un personnage réellement touchant, qui tente tant bien que mal de lutter contre ses pulsions, et contre l'influence de l'hôtel par amour pour sa femme et son fils. On a parfois envie de le secouer, on peut trouver qu'il est de mauvaise foi (il a souvent tendance à rejeter sur d'autres la responsabilité de ses propres erreurs), mais malgré tout, on a envie de l'apprécier, de le soutenir, on a envie qu'il résiste jusqu'au bout, et que tout le monde s'en sorte indemne. En dehors de cela, mon personnage préféré reste Hallorann, le cuisinier noir qui explique à Danny ce qu'est le Shining, et qui devient ami si facilement avec le petit garçon. Il apparaît finalement peu, sur l'ensemble du livre, mais il est vraiment très sympathique.
La partie que j'ai préférée est sans doute toute celle du milieu, après que la famille Torrance se retrouve seule à l'Overlook, et avant que tout ne parte complètement en vrille à la fin. La longue partie où il se passe des choses bizarres, particulièrement pour Jack et Danny, et où l'on ne sait pas réellement s'ils sont en train de devenir fous ou s'il se passe réellement des choses surnaturelles. Je félicite donc Stephen King pour avoir réussi à me faire attraper des sueurs froides en me parlant d'une lance à incendie, de buissons taillés ou d'une aire de jeux pour enfants. Tous ces objets et lieux quotidiens, inoffensifs, qui soudains prennent une dimension menaçante, fantastique, peut-être à cause d'une influence surnaturelle, mais peut-être aussi à cause d'un peu trop d'imagination de la part des personnages... c'est difficile à dire. Et c'est là qu'est tout le talent du maître de l'horreur : le roman ne fait jamais aussi peur que lorsqu'il ne se passe rien. Ou plus précisément, lorsque l'on attend qu'il se passe quelque chose, et que finalement on ne sait même pas si des choses bizarres se sont réellement produites ou si tout ne se passe que dans la tête des personnages.
Il y a une particularité dans le style de ce livre qui m'a énervée au début et que j'ai fini par apprécier, car elle gagne en pertinence au fil du texte : ce sont les pensées intempestives entre parenthèse, insérées parfois en plein milieu d'une phrase, qui viennent donner un tout autre sens aux réflexions des personnages, qui s'immiscent dans leur tête, et les titillent. Ce genre de pensées qu'ils ne peuvent s'empêcher d'avoir mais n'osent pas s'avouer. Cela semble un peu artificiel au début, mais dans l’hôtel, où chaque objet, chaque pièce essaye de s'introduire dans l'esprit des personnages et déformer leur façon de penser, ces réflexions inopportunes prennent de plus en plus de force, et la petite voix dans la tête, au départ bien naturelle et inoffensive, devient petit à petit menaçante, étrangère, et de plus en plus effrayante.
La fin m'a beaucoup moins fait peur que le reste du roman, j'entends par là qu'elle ne m'a pas empêchée de dormir, mais les événements s'accélèrent tellement, et d'un seul coup, que l'intérêt est maintenu tout de même, d'une autre façon. Spoiler : Elle fait moins peur parce que l'Overlook montre finalement son vrai visage, et il n'y a plus aucun doute sur le fait que c'est l'hôtel lui-même qui manipule ses occupants. Comme dans les films d'horreur, l'ennemi identifié est tout de suite beaucoup moins effrayant que celui que l'on ne voit jamais.
Bref, je pourrais parler de beaucoup d'autre choses, les pouvoirs de Danny qui se manifestent de plus en plus violemment au cours du récit, le passé de Jack qui se dévoile petit à petit et la manière dont le piège semble se refermer inexorablement autour de la famille Torrance, qui ne s'en aperçoit qu'une fois qu'il est trop tard. Mais ce serait gâcher le suspense du roman, qui est d'une efficacité redoutable. Convaincue par celui ci, malgré mes doutes du départ, j'ai maintenant hâte de lire d'autres romans du même genre de l'auteur.
Un livre lu dans le cadre du challenge ABC
Je me suis arrêtée au milieu trop oppressée par l'histoire qui pourtant semble d'une lenteur ... Ton article me donne envie de retenter la suite !
RépondreSupprimerOui, le début est très lent, surtout que l'auteur répète plusieurs fois la même chose, il présente les personnages un à un etc... tout en s'attardant sur des détails qui à première vue ne semblent pas super intéressants (j'avais du mal à comprendre pourquoi il nous faisait une fixette sur la chaudière de l'Hôtel au début.) Donc oui, ça met du temps à s'installer, mais par la suite, il vaut mieux éviter de lire ce bouquin tout seul la nuit quand même xD!
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